Électricité 

Nouveau recul en 2015

Malgré un congé fiscal pour les investissements et le rabais de 20 % sur les tarifs d’électricité offerts par le gouvernement Couillard, la production industrielle décline et elle continuera de décliner en 2015, prévoit Hydro-Québec.

La demande industrielle d’électricité, qui est le reflet de l’investissement et du niveau de production des usines, est en baisse constante depuis des années. En 2015, Hydro prévoit une nouvelle baisse de près de 2 % de l’électricité utilisée par ses plus importants clients industriels comme les sociétés papetières, les alumineries et autres entreprises manufacturières énergivores.

Selon Hydro, cette baisse est due à la rationalisation qui se poursuit dans le secteur des pâtes et papiers et à la réduction de la production dans les alumineries.

Il s’agit d’une tendance lourde que la reprise économique n’a pas réussi à inverser. Depuis 2006, la part de l’électricité consommée dans les usines québécoises est passée de 41,7 % à 31,5 % de la consommation totale.

Pour l’Association québécoise des consommateurs industriels d’électricité, la cause de ce déclin est directement liée aux tarifs d’électricité, qui ne sont plus concurrentiels en Amérique du Nord. L’augmentation du coût de l’électricité a engendré des fermetures d’usines, des délocalisations et des réductions de production.

« Aucun investissement industriel important n’a été réalisé au Québec depuis 10 ans », souligne Luc Boulanger, porte-parole des plus importants clients industriels d’Hydro-Québec. La baisse de la demande récente et celle prévue pour 2015 sont particulièrement inquiétantes, selon lui, parce qu’elles s’inscrivent dans un contexte de reprise économique.

« UNE CONTRADICTION IMPORTANTE »

Le gouvernement reconnaît lui-même que les hausses à répétition des tarifs d’électricité ont un effet dissuasif sur l’investissement. Il a exempté le tarif industriel (tarif L) de l’indexation annuelle du bloc patrimonial, ce qui fait en sorte que la facture de la grande industrie augmentera moins vite que celle des autres clients d’Hydro-Québec.

Il a aussi instauré un nouveau tarif, le tarif de développement économique (TDE), qui offre un rabais de 20 % sur les tarifs réguliers à toutes les entreprises, nouvelles ou existantes, qui investiront au Québec. Le tarif réduit est offert pour dix ans et il augmentera graduellement au cours des trois dernières années pour rejoindre le tarif régulier.

Ce tarif de développement économique indique que le gouvernement reconnaît que le tarif L « ne fait plus la job », estime Luc Boulanger. Il estime toutefois que ce rabais ne réussira pas à attirer des investissements d’envergure.

« Le gros problème, c’est la stabilité tarifaire. Ce que les industriels recherchent, c’est une prévisibilité des tarifs sur une 20, 30 ou 40 ans. »

— Luc Boulanger, porte-parole des plus importants clients industriels d’Hydro-Québec

Non seulement le TDE est un tarif temporaire de dix ans, mais encore il augmente à partir de la septième année pour rejoindre le tarif L, déplore-t-il. Il ne diminue pas le risque de l’investisseur.

La Régie de l’énergie a approuvé le TDE imposé par le gouvernement à Hydro-Québec, mais la société d’État n’a prévu aucune vente au nouveau tarif pour 2015-2016.

Le tarif de développement économique est en vigueur jusqu’en 2024, et le gouvernement en espère 800 millions de dollars en retombées économiques.

L’Association québécoise des consommateurs industriels d’électricité ne comprend pas que, d’un côté, le gouvernement instaure un rabais des tarifs d’électricité et, de l’autre, il continue d’obliger Hydro-Québec à acheter de l’énergie éolienne dont elle n’a pas besoin, ce qui fait augmenter les tarifs d’électricité. « Il y a là une contradiction importante dans les objectifs visés », estime Luc Boulanger.

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.