Samuele

Queer, féministe et fière de l’être

Après s’être illustrée aux 19es Francouvertes, à l’hiver 2015, Samuele a vu sa carrière décoller. Il était pourtant minuit moins une pour l’artiste qui réussissait à gagner sa vie entre la musique, les spectacles dans les bars et son entreprise maison de végépâté, qu’elle vendait à des boulangeries artisanales.

« En 2011, j’ai sorti de façon indépendante un EP, mais je me suis épuisée et je me suis tannée. Artistiquement, je me cherchais et je m’occupais aussi de mon garçon de 3 ans en même temps. Finalement, après avoir enregistré en studio, où j’ai d’ailleurs paniqué, je ne me reconnaissais pas. En le jouant dans les bars pour 5 $ par musicien, je trouvais que je mettais beaucoup d’énergie pour pas grand-chose », dit-elle.

Aujourd’hui âgée de 30 ans, elle est excitée d’avoir enfin sorti, vendredi dernier, son premier album, accompagnée de son band formé de trois fidèles musiciens. Mais Samuele, est-ce un groupe ou une artiste solo ?

« C’est moi qui écris tous les textes, ce sont mes chansons et sur scène, c’est moi qui donne le spectacle. En studio, la dynamique est différente. Quand on monte les tounes, c’est vraiment un travail d’équipe », explique-t-elle.

De l’art queer ?

Queer et féministe, les amis de Samuele ne la désignent ni par un « elle » ou par un « il », mais bien « ille », l’équivalent francophone de ceux qui utilisent en anglais « they » (à la troisième personne du singulier) pour parler de ceux et celles dont l’identité de genre est fluide.

Dans son album, Les filles sages vont au paradis, les autres vont où elles veulent, l’artiste n’utilise d’ailleurs jamais de pronom genré, afin que tout le monde soit inclus.

« Quand j’ai fait mon [coming-out queer], ça me gossait de n’entendre à la radio que des chansons de gars qui parlaient aux filles ou de filles qui parlaient aux gars. »

— Samuele

« Dans mes tounes, il n’y a pas de pronom pour que tout le monde puisse se les approprier », explique l’enfant du musicien Gaston Mandeville en entrevue à La Presse.

Un album intime et revendicateur

Sur son album, Samuele revendique ses valeurs féministes et son identité queer. La chanson La sortie, dont un vidéoclip est sorti récemment sur YouTube, aborde notamment la question des doubles standards entre les hommes et les femmes.

« Être queer, c’est mon identité, mais je ne me lève pas tous les matins en me faisant un café queer. Je suis queer. Mon art l’est-il ? C’est une question rhétorique. Toute ma démarche part d’un désir de confronter les normes du genre. C’est féministe, c’est queer, c’est ce que je suis », dit-elle.

Les autres chansons de l’album ne traitent d’ailleurs pas exclusivement de questions féministes et d’identité de genre. L’amour, la dépression, le suicide et les manifestations sont d’autres thèmes qui trouvent aussi leur place.

« Mon album parle beaucoup de dépression, car mes dernières années ont été difficiles », explique-t-elle, alors que deux de ses amis se sont suicidés. « C’était difficile à vivre, alors c’était ma façon de gérer tout ça. Écrire des tounes. »

Pop

Les filles sages vont au paradis, les autres vont où elles veulent

Samuele

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