Surveillance du midi à l’école

Jusqu’à trois fois plus cher selon la région où on vit

Combien en coûte-t-il pour laisser son enfant à l’école primaire le midi ? Les tarifs des services de garde varient grandement selon la région du Québec, si bien que des parents paient jusqu’à 25 $ de plus par semaine que d’autres.

Marion L’Espérance a fait le calcul : quand ses quatre enfants auront terminé le primaire, elle aura « laissé » 39 000 $ à la Commission scolaire du Fer.

La femme de Sept-Îles a quatre enfants de moins de 7 ans, dont deux fréquentent l’école primaire. Ceux-ci doivent dîner à l’école le midi, mais n’ont pas besoin du service de garde le matin ou le soir. Parce que ses enfants n’ont pas le statut de « réguliers », cette garde du midi lui coûte 7 $ par enfant, par jour.

« Je trouvais ça excessivement cher. J’ai fait un sondage sur Facebook, les gens me revenaient avec des choses totalement différentes. »

— Marion L’Espérance

Une recherche sur les sites internet de plusieurs commissions scolaires lui a confirmé que les sommes demandées par la Commission scolaire du Fer sont plus élevées qu’ailleurs. « J’ai réalisé que ça allait toujours me coûter plus cher. C’est un principe d’équité : mes enfants ne peuvent pas rentrer à la maison pour dîner, on n’a pas le choix », dit-elle.

Autofinancement

Comment expliquer qu’il en coûte 7 $ à Sept-Îles et à Jonquière pour laisser son enfant à l’école le midi, mais que cette même période de dîner soit plafonnée à 2,50 $ à la Commission scolaire Marie-Victorin ? Que le tarif soit de 4,10 $ à la Commission scolaire des Découvreurs, mais de seulement 2 $ dans une école beauceronne ?

À la Commission scolaire de la Jonquière tout comme à la Commission scolaire du Fer, on explique que les services de garde doivent s’autofinancer et qu’ils ne font pas de profits avec les sommes demandées aux parents pour la surveillance du midi.

« On n’a jamais fait de vérifications avec les autres commissions scolaires pour savoir comment elles font le calcul. Le service de garde doit se subventionner. Depuis des années, ce tarif est installé et on sait qu’on peut financer les activités du service de garde sans faire de surplus ni de déficit », dit le directeur général de la CS du Fer, Lucien Maltais.

Les enfants de Marion l’Espérance pourraient prendre l’autobus et aller dîner à la maison, une solution qui permettrait à la famille d’économiser, poursuit-il.

Cette solution est déconnectée de la réalité, réplique Marion l’Espérance. Ni elle ni son conjoint ne peuvent être présents à la maison le midi pour accueillir les enfants. Elle souhaiterait à tout le moins qu’on instaure un tarif pour les dîneurs réguliers, comme cela se fait dans d’autres commissions scolaires.

« Ménage » attendu

À l’Association québécoise de la garde scolaire (AQGS), on précise que contrairement aux services de garde, la surveillance du dîner n’est pas subventionnée par le gouvernement. L’association ne sait toutefois pas combien de ces services de garde font des surplus à la fin de l’année scolaire.

« On sait qu’il y a de grandes disparités entre les services de garde. Il y en a qui ont de la misère à finir l’année et il y en a qui, dans leur planification, ont un peu de surplus qui doivent naturellement être réinvestis dans le service de garde », précise la porte-parole de l’AQGS, Gabrielle Neveu-Duhaime.

En septembre, le ministre de l’Éducation Sébastien Proulx a mandaté la Fédération des commissions scolaires du Québec et la Fédération des comités de parents du Québec pour « faire le ménage » dans les frais demandés aux parents. Leur rapport devra être remis au gouvernement avant Noël.

« Ça fait des années qu’on pose des questions sur toutes sortes de frais, et les services de garde tombent dans cette pile. Je pense que ces frais seront dans notre carré de sable pour une discussion. Il y a des frais qui sont “légaux”, mais qui sont abusifs. »

— Corine Payne, présidente de la Fédération des comités de parents

Les disparités régionales seront aussi prises en compte, assure-t-elle. « Ça ne doit pas coûter 10 000 $ en Abitibi et 0 $ aux Îles-de-la-Madeleine. Il doit y avoir une certaine cohérence entre les régions du Québec. C’est certain qu’on aura plusieurs cas comme celui-là sur notre planche de travail », dit Corine Payne.

À Sept-Îles, à la suite de multiples démarches entreprises par Marion L’Espérance, la Commission scolaire du Fer a finalement accepté de se pencher cette année sur la question des frais pour le dîner. « Je suis très curieuse de voir le cadre budgétaire, dit-elle. Jusqu’ici, ils ne m’ont pas fait la preuve que ce n’est pas aléatoire comme prix. »

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