SOCIÉTÉ

Le barista qui change le visage de l’autisme

Il ne devait jamais être en mesure de travailler. De gagner sa vie. Être autonome, quoi. Sam Forbes, un jeune autiste de 17 ans, prouve le contraire, un café à la fois... en dansant.

TORONTO — Vous le reconnaissez ? Son visage a fait le tour du monde. Hier encore, Sam Forbes n’était qu’un ado pas tout à fait comme les autres. Aujourd’hui, tout le monde le connaît comme le barista dansant le plus populaire du web.

C’est une cliente, elle-même autiste, qui a diffusé une vidéo de lui dansant derrière le bar d’un Starbucks sur différents réseaux sociaux. Plus de 70 millions de visionnements sur Facebook plus tard, la vidéo a aussi séduit les producteurs d’Ellen DeGeneres, qui l’ont invité à son émission l’hiver dernier !

« Pour nous, tout ceci est un vrai miracle », confie la mère de Sam, Cindy Beggs, rencontrée la semaine dernière dans un café du nord de Toronto.

Le fait de voir son fils autiste, atteint d’un trouble du mouvement en prime, à qui les médecins prédisaient un avenir plutôt gris, gagner ainsi sa vie, c’est complètement inespéré, dit-elle.

« On nous a d’abord dit qu’il avait des difficultés d’apprentissage. Puis, à 9 ans, le verdict est tombé : autiste. À l’époque, les médecins nous ont dit qu’il ne pourrait donc jamais travailler. »

— Cindy Beggs, mère de Sam Forbes

Imaginez un peu le choc. Or, voilà qu’aujourd’hui, deux fois par semaine, Sam vient travailler quelques heures dans ce Starbucks de North York, laver les planchers, ranger la vaisselle, et de temps à autre, sous la supervision de son patron, faire quelques cafés. « C’est un vrai miracle pour nous, répète sa mère. C’est un rêve qu’on n’avait plus, depuis qu’on nous a enlevé tout espoir, à 9 ans. »

DANSE SPONTANÉE

Il faut savoir que Sam ne danse pas tout le temps. Il n’est d’ailleurs pas toujours derrière le bar, n’en déplaise aux clients qui se demandent, surpris, pourquoi il ne danse pas...

« Il est gêné… Il ne danse pas à chaque tasse [de café], vous savez. Il fait plutôt ça de manière spontanée », explique son gérant, Chris Ali. Comme s’il avait besoin de se justifier.

Au contraire. Car c’est un peu à lui que Sam doit sa nouvelle vie. Ils se sont en effet rencontrés l’été dernier, dans un camp de vacances pour enfants à besoins particuliers. Là-bas, les jeunes devaient acquérir différentes compétences. En rencontrant Chris, Sam lui a tout naturellement confié sa passion pour le cappuccino, née d’un voyage récent en Italie. « Il lui a dit qu’il rêvait de devenir barista », raconte sa mère en souriant. Quelques mois plus tard, il travaillait chez Starbucks.

« Il parle maintenant au nom d’autres jeunes comme lui, résume Cindy Beggs. Son histoire est inspirante ! Ça donne espoir ! Vous savez, les médecins croient bien faire en nous donnant des pronostics, mais personne ne détient de boule de cristal. »

Son fils en est la preuve. « Sam travaille très bien avec ses mains. Avec son cœur. Et les gens qui ont des besoins particuliers peuvent aussi nous donner beaucoup avec leur cœur… »

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