Mode capillaire

La permanente de nouveau populaire

Olivia Newton-John dans Grease, Julia Roberts dans Pretty Woman, Sarah Jessica Parker, Andie MacDowell… Les bouclettes avaient autrefois la cote et font un retour en force, mais la boucle est aujourd’hui moins prononcée. Que ce soit dans les défilés de mode, sur les médias sociaux et tapis rouges, la tendance est à l’allure naturelle, aux ondulations légères et boucles romantiques !

Daniel Benoit, coiffeur et copropriétaire du salon Pure à Montréal, observe le changement depuis six mois, car les demandes de permanente ont clairement augmenté. « Il y a désormais une volonté de la part des femmes d’avoir du volume et du mouvement dans les cheveux. On a donc ressorti les rouleaux à permanente ! », explique-t-il.

Alors que, depuis 10 ans, on lissait les cheveux, voilà que la tendance est inversée. « Nous étions littéralement dans la dictature du lisse, on voulait une silhouette longiligne et des cheveux lisses qui allongent le visage », affirme Dali Sanschagrin, auteure du livre Beauté sans chirurgie.

Elle-même a les cheveux qui frisent naturellement et a fait de nombreux traitements pour les lisser. « C’est une libération ! Le look Jennifer Aniston, c’est terminé ! », s’exclame-t-elle.

« Les cheveux frisés, ça vient de la rue et des jeunes, des rappeuses qui ont du caractère, qui osent et qui affirment pleinement leur personnalité. »

— Dali Sanschagrin

Suzanne De Grandmont, gérante du salon Nuva Beauté & Spa, à Laval, constate de son côté que les femmes sont nombreuses à vouloir des boucles très légères comme une ondulation vaguée. « D’ailleurs, quand je les regarde sortir du salon, je me dis qu’elles sont toutes coiffées de la même façon, elles ont la même tête ! », dit-elle.

« Ça fait plus de 40 ans que je suis coiffeur et dans les années 90, je réalisais entre 10 et 12 permanentes par jour. Depuis les 15 dernières années, c’était à peine deux par mois, et aujourd’hui, on est à une dizaine par mois », poursuit Daniel Benoit, du salon Pure.

Un mot à éviter…

Joanne Turgeon, consultante en développement professionnel chez L’Oréal Professionnel, estime que, dans les 20 dernières années, la permanente a perdu ses lettres de noblesse et a presque quitté les salons de coiffure.

« On essaie d’éviter le mot “permanente” car, dans la tête des femmes, il y a une image qui nous ramène dans les années 80 et 90 qui n’évoque pas toujours un bon souvenir. »

— Joanne Turgeon, consultante en développement professionnel chez L’Oréal Professionnel

Les femmes plus matures, et les mères, tantes, grands-mères des plus jeunes, parlaient de la permanente comme de quelque chose qui abîmait les cheveux, et ce n’est plus le cas, dit-elle.

Elle précise que c’est le mot « texture » qui est désormais utilisé. « Le mot “permanente” est le nom de la lotion qui est appliquée. On va dire aux clientes : “Je vais faire une texture dans vos cheveux” », poursuit Joanne Turgeon.

… mais un Effet recherché

Il reste que le mot « permanente » est très recherché sur Google.

« Selon les dernières statistiques Google Trends que nous avons sur les consommatrices, le Québec est la province où la tendance est la plus forte avec quatre fois plus de recherches du mot “permanente” que les autres provinces canadiennes », explique Marie-Pier Lessard, chargée de communications intégrées chez L’Oréal Professionnel et Pureology.

Elle indique qu’en surveillant les tendances numériques, elle adapte les promotions et produits en fonction de la demande.

Josée Lebrun, coloriste au salon Couronné, à Montréal, remarque que même si la demande de cheveux légèrement frisés est en forte hausse, entre désirs et réalité, il faut se méfier. « Les femmes veulent ressembler à des images de stars vues dans les magazines ou sur les tapis rouges, mais je leur explique que ce sont des cheveux très coiffés, des résultats de mises en plis, et non des permanentes », affirme-t-elle.

Pour elle, il est très difficile de reproduire, avec une permanente, des cheveux avec une boucle souple, et surtout des cheveux qui bouclent tous ensemble, car ce résultat s’obtient avec un fer à friser. Elle mentionne qu’il suffit d’avoir les bons outils, un fer à friser et un fer plat, puis un coiffeur-styliste peut enseigner à bien les utiliser.

« Une fois qu’on maîtrise la technique, à la maison, on peut se faire deux ou trois boucles dans le bas des cheveux et on aura un beau résultat sans avoir besoin de permanente. »

— Josée Lebrun, coloriste au salon Couronné

Les femmes ont-elles peur de la permanente ? « Il y a eu des cheveux qui ont été abîmés, ou des boucles trop serrées, dans les années 90. Il n’y a pas de mauvais produits, mais peut-être de mauvais conseils ou un manque de jugement, car pour avoir une permanente, il faut avoir des cheveux en santé », estime la coloriste Josée Lebrun.

Et que dire de l’odeur de la permanente ? Selon Joanne Turgeon, de chez L’Oréal Professionnel, elle s’est adoucie. « Je dis souvent aux jeunes coiffeurs qu’il y a 40 ans, on disait que ça sentait le salon de coiffure quand on y entrait alors que maintenant, il n’y a plus d’odeur car tous les produits ont évolué. »

Il est important de bien discuter avec son coiffeur si on souhaite faire une permanente et obtenir une boucle plus souple. « On peut faciliter la tâche des femmes au quotidien en faisant une texture très légère, voire partielle, pour obtenir le look vagué coiffé-décoiffé qu’on voit dans les magazines », conclut Joanne Turgeon.

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