Critiques

Amour, tu me tueras

Le toujours très actif Simon Boulerice publie deux livres cet automne. Son nouveau roman, destiné aux jeunes mais dont le thème interpelle tout le monde, aborde le même sujet que 1:54, le film de Yan England : l’intimidation à l’école, avec ses conséquences tragiques. Là s’arrête la comparaison.

Dans le récit de Boulerice, la victime est amoureuse de son intimidateur, allant jusqu’à « s’autodiagnostiquer » le syndrome de Stockholm, qui lui donne des « bouffées d’empathie pour son superbe bourreau ».

L’enfant mascara s’inspire d’un fait vécu dans une école d’Oxnard, en Californie. En février 2008, un élève de 15 ans, Larry King, est assassiné par un camarade de classe dont il est amoureux, au lendemain de sa demande d’être son valentin…

Horrifié et fasciné par cette histoire, l’auteur nous plonge dans la tête de Larry/Leticia, un adolescent gras et efféminé, issu d’un milieu défavorisé et fils manqué d’un père violent. Le résultat est aussi émouvant que révoltant.

Au début du roman, Larry est déjà mort. Il va remonter le temps pour raconter son amour à sens unique pour Brandon. Il le fait à la manière d’un journal de l’au-delà, qu’il adresse au geôlier de son cœur. (Brandon McInerney purge actuellement une peine de 21 ans de prison.)

« Tout homme tue ce qu’il aime », a écrit Oscar Wilde dans La ballade de la geôle de Reading, « certains d’un baiser ; d’autres d’un coup d’épée ». L’enfant mascara est traversé par le destin tragique d’un jeune homme qui aimait trop.

L’enfant mascara

Simon Boulerice

Leméac

180 pages

3 étoiles et demie

Extrait de L’enfant mascara

« Le fameux concours de la chaise musicale est lancé. C’est le jeu préféré de maman. Elle est émouvante quand elle y joue avec les femmes des employés de l’usine. Elle pousse de petits cris. Elle se transforme en fillette. Elle perd vingt ans. Ses rides la désertent. Je voudrais que ma mère soit perpétuellement au beau milieu d’une partie de chaise musicale. »

Amours, délices et réseaux sociaux

Le deuxième livre de Simon Boulerice cet automne est un ouvrage hybride (roman et poèmes) intitulé Géolocaliser l’amour. Il y est bien sûr question d’une quête amoureuse à l’ère des textos, de Grindr, Tinder et autres applications. On suit en vers libres les pérégrinations d’un jeune homme aux quatre coins de la ville. Une métropole qui ressemble à un buffet à volonté d’amours jetables ; celles qui gavent les carences affectives des garçons trop pressés de trouver le grand amour. Épique époque.

Géolocaliser l’amour

Simon Boulerice

Les Éditions de ta mère

242 pages

Extrait de Géolocaliser l’amour

« je ris seul du désespoir ténu des choses »

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