Saine alimentation

Des fruits, des légumes et… du plaisir

Le discours de la santé publique est bien intégrée, note une chercheuse à la suite d’un sondage auprès de près de 1000 Canadiens.

Manger santé, qu’est-ce que ça veut dire ? Pour le savoir, JoAnne Labrecque, professeure à HEC Montréal, a sondé 957 Canadiens en 2016. Les résultats de l’enquête ont été dévoilés hier, avant le Gala DUX 2017, qui récompense les initiatives qui visent l’amélioration de la santé par l’alimentation.

« On voit que le discours de la santé publique est bien intégré, a noté Mme Labrecque, rencontrée à son bureau lundi. Manger santé, c’est être à la recherche d’une diète équilibrée, avec un menu varié comprenant des fruits et des légumes. » Des informations circulant dans les médias, les réseaux sociaux et l’entourage des consommateurs – comme la crainte des OGM, qui ne fait pas partie des recommandations officielles de la santé publique – semblent aussi avoir un impact.

Voici les 10 principaux facteurs qui définissent une alimentation santé, selon les consommateurs interrogés (sur une échelle de 1 à 7) : 

1. Fraîcheur des produits (5,6)

2. Diète équilibrée (5,5)

3. Bien-être (5,4)

4. Phobie des substances chimiques (5,1)

5. Culpabilité alimentaire (4,8)

6. Bénéfices des produits enrichis (4,8)

7. Résistance face aux organismes génétiquement modifiés (OGM) (4,7)

8. Préférence pour les repas légers (4,6)

9. Choix santé au restaurant (4,4)

10. Bénéfices santé des produits biologiques (4,3)

Fait intéressant, des facteurs affectifs – le bien-être lié à l’alimentation saine et la culpabilité de trop ou mal manger – se sont glissés dans la liste. « Quand je mange sainement, j’ai le sentiment de prendre soin de moi » est un exemple d’affirmation avec laquelle les répondants sont d’accord. « J’ai du plaisir à manger des collations santé » en est un autre.

« Il y a une émotivité et un bien-être liés au fait de manger santé, a souligné Mme Labrecque. Ça donne des pistes d’action qui sortent du tableau de valeur nutritive. » Par exemple, au lieu de vanter la présence d’ennuyantes fibres dans des barres tendres, pourquoi les fabricants ne les associent-ils pas au plaisir et à l’aventure ? « Tout un monde s’offre à nous quand on est en santé, qu’on mange bien et qu’on a de l’énergie », a fait valoir la professeure.

Quatre facteurs n’ont pas la même importance aux yeux des répondants, selon que ceux-ci sont de poids normal, en surpoids ou obèses. La satisfaction de manger santé, la préférence pour les repas légers, la recherche d’une diète équilibrée et les bénéfices liés aux aliments biologiques sont notablement moins présents dès qu’il y a surpoids. « Cela veut tout de même dire que 6 des 10 variables rejoignent toute la population », a indiqué Mme Labrecque.

« L’INDUSTRIE RESSENT DE LA PRESSION »

L’objectif est maintenant d’utiliser ces données pour « outiller l’ensemble des professionnels de la chaîne de valeur alimentaire, incluant l’industrie de la terre à la table, a indiqué Martin Lemire, nutritionniste et cofondateur du programme DUX. On ne se le cachera pas : l’industrie ressent de la pression ».

Les fabricants doivent offrir des aliments moins salés, moins gras, moins sucrés, pas trop chers et qui… plaisent. « Sans réussite commerciale, ils n’en produiront plus », a rappelé M. Lemire.

Déjà, plusieurs initiatives ont réussi, comme celle de General Mills Canada, qui a réduit de 32 % le sodium dans ses céréales Cheerios depuis 2010. « Beaucoup de choses ont été faites, a observé Mme Labrecque, mais il y a encore place à l’amélioration. »

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