Industrie cinématographique

Le suspense continue

Comment fait-on un film au Québec ? Durant un an et demi, La Presse a suivi la production des Maîtres du suspense, sorti en salle mercredi dernier. Voici le dernier volet de notre dossier, consacré aux résultats du film au box-office pour son premier week-end en salle.

Les deux films sont sortis le même jour en salle. C’était mercredi dernier. Mais là s’arrêtent les comparaisons au box-office entre Les maîtres du suspense et le dernier volet des aventures du Hobbit.

En cinq jours, Le Hobbit : la Bataille des Cinq Armées a généré 1,96 million au box-office dans 161 salles de cinéma au Québec. Les maîtres du suspense : 128 648 $ dans 62 salles. Avant la sortie en salle, les producteurs des Maîtres du suspense, un film québécois mettant en vedette Michel Côté et Antoine Bertrand, espéraient générer autant d’argent par écran que le dernier volet du Hobbit.

Le verdict a été sans appel : 12 162 $ par écran pour Le Hobbit contre 2074 $ pour le dernier film québécois d’envergure qui sort en 2014. « C’était peut-être du wishful thinking », reconnaît la productrice Marie-Claude Poulin, d’Item 7. Le film québécois s’est classé au quatrième rang du box-office au Québec la semaine dernière, derrière Le Hobbit, mais aussi derrière le dernier film de la série Hunger Games (sorti en novembre) et le troisième volet de Night at the Museum (premier week-end).

En temps normal, une première semaine de 128 648 $ en salle serait extrêmement décevante, voire catastrophique pour un film québécois doté d’un budget de 6,1 millions. Mais les producteurs restent confiants. « Le sort de notre film n’est pas joué », dit le producteur Pierre Even, d’Item 7.

À titre de comparaison, la comédie Le vrai du faux, sortie en juillet dernier et considérée comme une déception au box-office, a généré des revenus de 167 012 $ la première semaine. À l’autre bout du spectre, la comédie 1987, un succès au box-office avec des recettes de 2,4 millions, avait généré 412 089 $ la première semaine. « Il ne faut pas comparer, l’été et Noël sont deux périodes complètement différentes », prévient Patrick Roy, président de Films Séville, qui distribue Les maîtres du suspense (comme la plupart des films québécois d’envergure, incluant 1987 et Le vrai du faux).

Si le distributeur et les producteurs ont choisi d’affronter directement Le Hobbit – devançant même leur date de sortie un mercredi – , c’est parce qu’ils voulaient justement que la vie de leur film ne dépende pas uniquement de son premier week-end en salle. En sortant près de la période de Noël, Les maîtres du suspense s’assuraient d’avoir un maximum d’écrans entre Noël et le jour de l’An, la semaine la plus importante de l’année au box-office.

OPTIMISME

Le film était à l’affiche sur 62 écrans au Québec, la semaine dernière. Il est à l’affiche sur 62 écrans cette semaine. Et il sera sur 62 écrans la semaine prochaine. Il faudra donc attendre une autre dizaine de jours avant de tirer des conclusions définitives sur la popularité du film au box-office.

« On aurait aimé faire mieux, mais la période Noël ne fait que commencer », dit le producteur Pierre Even.

« Nous espérons un peu plus. Le démarrage est plus lent que ce qu’on avait imaginé, mais le film s’adresse beaucoup aux adultes, et les gens commencent leurs vacances maintenant. »

— Patrick Roy, distributeur du film Les maîtres du suspense

En « road trip » à travers les États-Unis (il passera les prochains mois en Californie à plancher sur ses prochains projets), le réalisateur des Maîtres du suspense, Stéphane Lapointe, pense toujours que son film peut « péter les deux millions » au box-office. « Ça va être une guerre serrée avec les grandes franchises américaines, dit-il. C’est entre Noël et le jour de l’An que les gens vont au cinéma. J’espère que les gens vont être curieux. »

La météo pourrait donner un coup de main aux Maîtres du suspense et aux autres films à l’affiche durant la période des Fêtes, alors qu’on annonce de la pluie pour Noël dans plusieurs régions du Québec. « C’est dommage pour le ski et les sports d’hiver. Qu’est-ce que les gens font quand il ne fait pas beau ? Ils vont au cinéma », dit le producteur Pierre Even.

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.