À bien y penser

La question à plusieurs milliards

Comment se fait-il que nos gouvernements ne craignent pas de semer la grogne, parmi une majorité d’électeurs, en réduisant les dépenses pour recouvrer un ou deux milliards, alors qu’ils pourraient légiférer contre l’évasion fiscale d’une minorité et ainsi en récupérer des centaines ?

— Raynald Héroux, Trois-Rivières

Opinion

« Enseigne-moi ! »

Les jeunes Africains n’ont presque rien mais sont remplis d’énergie et de volonté d’apprendre

Selon le dictionnaire Larousse, l’éducation se définit par « l’ensemble des connaissances intellectuelles, culturelles, morales acquises dans un domaine par quelqu’un ». Selon moi, c’est bien plus qu’une formation ; c’est un privilège pour plusieurs, mais surtout c’est le pouvoir : celui d’agir, de s’impliquer et de faire une différence. Comme disait Nelson Mandela, « l’éducation est l’arme la plus puissante pour changer le monde, un long chemin vers la liberté ».

En mars 2015, j’ai eu la chance de vivre une expérience qui sera à jamais ancrée dans ma mémoire et dans mon cœur. J’ai fait partie d’un projet de coopération internationale au Sénégal. Notre groupe avait comme mission de faire de la remédiation avec des enfants en difficulté académique. Ce fut plus qu’un voyage ou une opportunité. En deux semaines, je suis tombée en amour avec le pays de la Teranga (qui signifie hospitalité). En côtoyant des gens chaleureux, des enfants attachants baignant dans une culture unique et un rythme de vie paisible, notre but premier était d’aider les élèves à mieux apprendre en leur offrant un encadrement personnalisé, eux qui évoluent dans des classes de plus de 70 camarades. Nous étions donc sur place pour travailler et partager nos connaissances avec eux, mais aussi pour échanger et leur offrir un peu d’espoir pédagogique, d’où notre slogan : « faire voyager le savoir en aller-retour ». J’ai appris énormément d’eux et j’espère pouvoir prétendre qu’ils auront également appris de moi.

Rares sont ceux qui ont eu la chance d’être élèves tout en étant enseignants. Mon travail, avec 15 jeunes de CE1 (équivalent de la 2e année du primaire) de l’école Waly Diouf à Joal, m’a permis d’avoir un regard neuf et de comparer ma perception sur la profession d'enseignant. En tant qu’élèves, nous avons tendance à mettre l’accent sur ce qui est négatif à l’école : on critique, on dévalorise, puis on ne réalise pas toujours le travail et la préparation qui se cachent derrière chaque minute d’une leçon. Pour nous, apprendre est devenu un processus habituel, régulier, normal. Cependant, lorsqu’on y réfléchit, chacune des notions acquises nous a été transmise par un enseignant dévoué à notre réussite. Mon admiration et mon respect envers eux ont grandi.

Les lundis matin sont pénibles pour tout le monde, mais ayons un peu de perspective... La plupart des élèves québécois commencent leur journée par un bon déjeuner nutritif, ils s’habillent avec des vêtements propres et bénéficient même d’un transport scolaire sécuritaire. Ils utilisent un matériel didactique de qualité et travaillent dans un local spacieux où se trouvent une trentaine de leurs camarades et un enseignant doté de plein d'une multitude de ressources. Aller à l’école au Québec est facile. Alors quand lundi arrive, pensez à l’enfant de l’autre côté de l’Atlantique qui voudrait bien fréquenter l’école, mais qui, faute de places et de ressources, ne le peut pas toujours.

Ces jeunes qui n’ont presque rien et qui travaillent dans des conditions extrêmement difficiles ne s’empêchent pas d’apprendre.

On voit des étoiles briller dans leurs yeux, ils sont souriants et remplis d’énergie et de volonté.

Alors qu’ils n’étaient pas tenus d’être présents à l’école, les élèves venaient tout de même s’asseoir à l’extérieur de nos classes et assistaient à nos cours. Un jour, une jeune élève s’est approchée d’une accompagnatrice de notre groupe et l’a regardée droit dans les yeux en tirant sur sa manche pour lui dire d’une voix déterminée : « enseigne-moi » ! J’en ai eu des frissons. J’ai été époustouflée. Je n’oublierai jamais ce moment.

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