Soccer

« Du snobisme mal placé »

Wandrille Lefèvre, de l'Impact, dénonce les préjugés négatifs véhiculés par certains clubs européens à propos de la MLS.

Lorsqu’il retourne en France, au cours de l’hiver, Wandrille Lefèvre est à même de constater le déficit de notoriété de la MLS. Bien sûr, ses matchs sont diffusés sur les ondes d’Eurosport, mais la ligue reste largement enterrée par les différentes compétitions du Vieux Continent.

« Ils ne connaissent pas. Quand tu peux voir à la télévision la première ou deuxième division du championnat local ou étranger, la MLS…, dit-il en laissant sa phrase en suspens. De toute façon, ce sont des joueurs que tu n’iras jamais voir dans les stades. Ouais, ils ne s’y intéressent pas, c’est sûr. »

De loin, la MLS est autant victime d’un manque de visibilité que de préjugés négatifs que l’Euro n’a fait que mettre en lumière. La charge la plus lourde est venue du sélectionneur italien Antonio Conte, pour qui les joueurs qui choisissent d’évoluer en MLS doivent s’attendre à en « payer les conséquences en termes footballistiques ».

Sebastian Giovinco, malgré 18 excellents mois à Toronto, en a été la plus grande victime. Laurent Ciman, sans une cascade de blessures au sein de la défense belge, aurait également dû suivre la compétition devant sa télévision. Au-delà des perceptions, le défenseur de l’Impact, au début du mois de mai, n’avait aucune idée si les dirigeants belges suivaient ou pas ses performances à distance.

« Je comprends l’idée générale, puisque La Mecque du foot reste quand même l’Europe. De manière générale, on y retrouve les meilleurs joueurs. Mais je pense que c’est aussi un snobisme mal placé, a tranché Lefèvre. Si je prends la saison 2015 et même le début d’année 2016, Laurent et Giovinco ont leur place [à l’Euro]. »

Le mois dernier, Didier Drogba et Ciman avaient livré un vibrant plaidoyer en faveur de la MLS. Pour le premier, le circuit Garber « n’est pas aussi facile que ça paraît », alors que le second avait affirmé qu’il était « meilleur que le championnat belge ». Les Andrea Pirlo, Robbie Keane ou Steven Gerrard ont tous fait le même constat. La MLS n’est évidemment pas au même niveau technique et tactique que les grands championnats européens, mais elle possède des caractéristiques qui la rendent attrayante et compétitive.

« C’est toujours bancal de faire des comparatifs, mais si on rapproche la MLS d’un football européen, ce serait le football britannique. Et pour moi, c’est le plus spectaculaire et le plus ouvert. »

— Wandrille Lefèvre

« Il y a des duels, les gens aiment le jeu physique et, en même temps, tu as des joueurs qui sont capables de faire de bonnes choses techniquement, a poursuivi Lefèvre. Le niveau moyen est moins élevé [qu’en Europe], mais tu as des joueurs comme Drogba ou David Villa qui peuvent enflammer un stade par leurs gestes. »

DANS LA BONNE DIRECTION

Dans ce débat, il est parfois facile d’oublier que la MLS, inaugurée en 1996, rivalise avec des institutions européennes centenaires. Mais la ligue, apprenant des erreurs commises par le passé, vogue tranquillement dans la bonne direction depuis plusieurs saisons.

« On est encore une ligue très jeune. Ça va changer, mais ça va prendre du temps. Le fait de voir un gars comme Laurent qui joue avec l’une des meilleures sélections au monde contre une autre excellente équipe, ça peut commencer à donner des réponses sur le championnat dans lequel il joue. […] Lui et les autres sont des exemples qui peuvent faire changer les perceptions éventuellement », a estimé Mauro Biello.

Pour comprendre et s’imprégner des particularismes de la MLS, rien ne vaut une observation sur le terrain. Le personnel technique du Bologne FC, autre propriété de Joey Saputo, a d’ailleurs passé toute une semaine à Montréal, au cours du mois de mai. Le verdict, selon Biello ? « Même eux, ils ont été surpris par le niveau, la qualité, les structures et plein d’autres choses. Mais, c’est normal que, quand tu es en Europe, tu es dans ton monde. »

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