Éducation

La quantité de temps que l’on passe, ou pas, avec nos enfants

Qu’on se le dise : la quantité de temps que l’on passe avec nos enfants, même si c’est pour faire des biscuits maison ou des bricolages à faire baver d’envie la galerie, n’a finalement aucun impact, zéro, sur leur avenir.

N’en déplaise à tous ceux qui reprochent encore aux mères de « parker » leurs enfants en garderie… Le point sur cinq résultats surprenants (et déculpabilisants !), tirés d’une étude publiée dans le dernier numéro de la revue Journal of Marriage and Family.

1. POUR EN FINIR AVEC LA QUANTITÉ

C’est classique : combien de mères se sentent coupables de passer de longues heures au boulot ? De voir leurs enfants de trop brefs moments en soirée ? Le sentiment de culpabilité maternelle est fort. Il nourrit même bon nombre de « guerres de mères » (mommy wars) sur les blogues maternels, entre autres. Or, voilà que des chercheurs, s’appuyant sur des données recueillies auprès de 2383 enfants (3-11 ans) et adolescents (12-18 ans), concluent qu’on a tout faux, finalement.

« Pour le meilleur et pour le pire, la quantité de temps que les mères passent avec leurs enfants ne change rien. Il n’y a aucune relation de cause à effet entre la quantité de temps passé avec l’enfant et ses résultats (comportementaux, émotifs ou scolaires) », tranche Melissa Milkie, professeure de sociologie de l’Université de Toronto et coauteure de l’étude (Does the Amount of Time Mothers Spend With Children or Adolescents Matter ?). Évidemment, les chercheurs ne nous invitent pas ici à négliger nos enfants. Simplement à prendre conscience qu’ici comme ailleurs, « plus ne veut pas toujours dire meilleur », résume-t-elle.

2. POUR EN FINIR AVEC LE CARACTÈRE UNIQUE

ET IRREMPLAÇABLE DE LA MÈRE

Non, il n’y a rien dans l’attention typiquement maternelle, les soins maternels, la présence maternelle, qui change quoi que ce soit non plus. « En comparant la quantité de temps que passent les mères, ou les pères, il n’y a toujours aucune relation avec les résultats en lecture, en mathématiques, ou dans la capacité d’externaliser les problèmes », ajoute la chercheuse, en précisant qu’il s’agit ici d’une des premières et rares études à calculer systématiquement les minutes passées avec les enfants, et non les activités (typiquement analysées : le temps autour de la table, à faire la lecture, etc.). On parle donc ici de quantité de temps, de chiffres, quoi, point.

3. LE TEMPS PASSÉ AVEC LES ADOLESCENTS

EST LE PLUS IMPORTANT

Contre toute attente, alors que l’on a tendance à calculer le temps que passent les parents avec leurs jeunes enfants (pour mesurer l’estime de soi, la confiance, etc.), cette étude démontre une seule corrélation significative : chez les adolescents. « C’est ici seulement que plus de temps, c’est mieux », fait valoir la chercheuse. Avis aux parents d’ados donc : plus vous passez de temps ensemble, moins ils auront tendance à avoir de comportements délinquants (c’est la seule corrélation causale observée), un résultat qui confirme ce qu’on souligne généralement au sujet de l’importance des repas en famille. « Oui, le temps en famille est particulièrement important à l’adolescence. »

4. TROIS FACTEURS

DÉTERMINANTS : L’ÉDUCATION DU PARENT,

L’ARGENT ET LA STRUCTURE FAMILIALE

Peu importe la quantité de temps que vous passez avec vos enfants, donc, ce qui joue franchement dans leurs résultats scolaires et leur comportement, c’est d’abord l’éducation des parents et leurs ressources financières.

Ce qui n’est pas vraiment une surprise, peut-on lire dans l’étude, puisque les parents éduqués et fortunés ont davantage tendance à lire ou proposer des activités enrichissantes à leurs enfants. La structure familiale est aussi déterminante : les enfants issus de familles traditionnelles (lire : non séparées) ont moins de problèmes de comportement que les autres. Ce qui, ici non plus, n’est pas nouveau. 

5. MORALE : ARRÊTEZ DE STRESSER AVEC LE

TEMPS QUE VOUS PASSEZ AVEC VOS

ENFANTS ! 

Car le stress de la mère, évidemment, est un facteur de risque pour les enfants, en matière de problèmes de comportement et de mauvais résultats scolaires, souligne la chercheuse. Morale ? « Les familles veulent passer du temps avec leurs enfants, ce n’est pas en soi une mauvaise chose. Mais ce qu’on dit, c’est que quand on regarde en général, plus de temps, ça n’est pas toujours mieux ! Ce que dit notre étude, c’est que la quantité de temps n’est pas ce qui compte pour les enfants. » La qualité, alors ? Cette étude ne le dit pas. Mais d’autres enquêtes ont amplement souligné l’importance de la lecture en famille, notamment dans les résultats scolaires, avance-t-elle. « En bref, concentrez-vous sur ce qui est important pour vos enfants. » Et ça, vous seuls le savez.

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.