Hockey

Dérapages

Demandes en mariage, messages et photos inappropriés sur les réseaux sociaux et même menaces de mort. Les femmes journalistes en voient parfois de toutes les couleurs. 

Il y a bien des choses qui vous arrivent et qui ne nous arrivent pas à nous, du côté des gars. Amanda, j’ai vu ça passer sur Twitter… il y a des partisans qui t’envoient des demandes en mariage ?

Amanda Stein :  J’en reçois beaucoup. Récemment, peut-être à cause d’Eugenie Bouchard qui est sorti avec un partisan, je reçois ce genre de demandes aussi. Tu sais combien, des fois, on attend à l’aéroport, on s’emmerde alors on va sur Twitter et on demande aux gens de nous envoyer des questions ? On me demande si je suis mariée, célibataire…

Jessica Rusnak : Je n’ai pas encore reçu de demandes de mariage…

A. S. :  Je suis désolée ! (rires)

Chantal Machabée  : Recevez-vous des photos, disons, inappropriées ? Moi, une tonne. Je pourrais en faire un album.

Tu veux dire, des gars qui t’envoient des photos de leur sexe ?

C. M. :  Oui. J’en reçois régulièrement.

Incroyable. Et parlant de nudité, justement… Aujourd’hui, on voit moins ça au hockey, les équipes ont essentiellement deux vestiaires, un pour la télé et un « vrai » vestiaire à l’arrière. Mais Jessica, toi qui as aussi couvert le football… au foot, les gars se promènent encore flambant nus dans la chambre. C’est désagréable ?

J. R. :  Vraiment. Il y a des joueurs qui veulent t’intimider, qui font exprès. C’est anormal de faire une entrevue avec quelqu’un qui est nu…

C. M. :  Au début de ma carrière, au Forum de Montréal, c’était plus fréquent. Je me souviens d’un joueur nu dans le vestiaire qui voulait que je le remarque, qui me lançait des morceaux de ruban adhésif derrière la tête pour attirer mon attention pendant que je faisais une entrevue. J’ai fini par regarder le gars, de la tête aux pieds, et je lui ai dit : « Ça ne m’impressionne pas du tout. »

A. S. :  C’est tellement bon !

C. M. :  Le gars m’a fait un high five et il est parti en riant ! Mais ça, c’était juste pour me tester. Je n’ai plus jamais eu de problème après ça. Quand t’es nouvelle, ils vont essayer de te tester. Pas méchamment, mais ils vont le faire.

A. S. :  La première fois que je suis allée couvrir un entraînement des Alouettes, personne ne m’avait avertie. Alors quand les portes du vestiaire se sont ouvertes, ce fut tout un choc…

Est-ce qu’il y a des joueurs qui s’essaient, qui vous refilent leur numéro de téléphone ?

A. S. :  Récemment ?

C. M. :  C’est pas arrivé avec des joueurs du Canadien, mais il y a des joueurs d’autres équipes qui l’ont fait. Ils vont me contacter par les médias sociaux, mais je ne réponds pas. Il y en a un, entre autres, qui a été très persistant. Son nom circulait dans les rumeurs d’échange avec le Canadien récemment, et je me disais NOOOON… (rires)

J. R. :  J’ai remplacé un collègue une fois, à 21 ans, pour la couverture d’un entraînement du Lightning. J’étais en train de parler avec Steven Stamkos et un autre joueur dansait de manière suggestive derrière moi… Je suis un peu fâchée contre moi quand j’y repense, j’aurais dû le revirer de bord.

Là, on rit un peu, mais parfois, ça peut être pas mal plus sérieux, non ?

C. M. :  J’ai eu des menaces de mort trois fois. Il y a quelqu’un qui s’est présenté à RDS avec un couteau. Des détraqués, il y en a. Mais depuis le reportage d’ESPN, qui dénonçait les agressions faites aux femmes du milieu via les réseaux sociaux, de mon côté, ça a complètement arrêté. Je n’ai jamais pensé démissionner, mais je pouvais recevoir 60 messages haineux par jour, et ça affectait mon travail.

A. S. :  J’ai eu des propositions sexuelles assez dégradantes sur les réseaux sociaux. Ça me rend très mal à l’aise. Et il y a la religion ; je suis juive et récemment, j’ai eu des commentaires là-dessus. Ça affecte les membres de ma famille et ça peut défaire complètement ta journée.

J. R. :  Quelqu’un qui travaille avec ma sœur m’a écrit un courriel pour m’expliquer pourquoi on formerait un très bon couple. On peut recevoir des demandes bizarres comme ça. Comment tu peux savoir qu’on formerait un très bon couple, tu ne me connais même pas ! Mais il y a des gens qui pensent nous connaître. Juste parce que tu aimes mon travail, ça ne te donne pas le droit de me demander ça.

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