À BIEN Y PENSER

Chacun son tour

Dans son rapport, « le vérificateur général conclut que certains sénateurs considèrent qu’ils n’ont pas vraiment l’obligation de rendre des comptes aux contribuables sur leurs dépenses ». J’imagine qu’il serait donc normal pour les contribuables de considérer qu’ils n’ont pas vraiment l’obligation de payer les allocations des sénateurs, leur salaire, leur retraite, pas plus que le remboursement de leurs notes de frais…

— Jean-Pierre Blain

Opinion  Cours d’histoire au secondaire

Apprendre nos particularités

Le nouveau cours d’histoire au secondaire se penchera plus sur l’histoire « singulière » du Québec que celle du Canada

Chose rare, un député libéral et non le moindre s’est avancé sur le terrain glissant de l’enseignement de l’histoire. Notre premier ministre souhaite valoriser l’histoire du Canada. Celle-ci possède de « si beaux » moments « qu’il faudrait mieux les enseigner à nos enfants. », disait-il, le 13 juin. Toutefois, son souhait est incohérent avec la décision de l’ex-ministre Yves Bolduc d’approuver un nouveau cours d’histoire axé sur les particularités du Québec.

À la prochaine rentrée scolaire, des élèves de secondaire trois prendront part à un nouveau cours d’histoire du Québec et du Canada. Ce cours a été commandé par le gouvernement péquiste en 2013, puis l’actuel gouvernement libéral l’a approuvé tel quel en 2014.

Les élèves devront surtout y apprendre à identifier les « particularités du parcours de la société québécoise », selon une version provisoire du cours.

Pour sa part, Philippe Couillard souhaiterait un meilleur enseignement de l’histoire canadienne pour « construire sur notre héritage commun ».

Le nouveau cours d’histoire s’inspire des recommandations d’un comité nommé par le Parti québécois et dirigé par le sociologue Jacques Beauchemin. Selon ce comité, le sens de l’histoire à enseigner aux élèves « se trouve dans la trame nationale, qui organise et singularise l’histoire du Québec, depuis les premiers balbutiements d’une communauté découvrant sa singularité jusqu’aux méandres de la "question nationale" telle qu’elle circonscrit aujourd’hui nos conflits et nos rassemblements. » Les rédacteurs du nouveau cours ont repris à leur compte ce fil conducteur en empruntant plusieurs concepts au rapport Beauchemin.

Voici le fondement du nouveau cours d’histoire que les élèves doivent réussir afin d’obtenir leur diplôme d’études secondaires : « Le programme d’histoire du Québec et du Canada porte sur la caractérisation et l’interprétation des particularités du parcours de la société québécoise, des premiers contacts à nos jours. » Bien que l’intitulé du cours contienne le mot Canada, c’est surtout l’ « histoire nationale » québécoise qu’il s’agit d’enseigner aux élèves : « elle appelle et légitime l’étude d’une société démocratique enracinée dans ses particularités ».

Selon le plan provisoire du cours, les professeurs devront enseigner « les jalons de l’expérience singulière du Québec ». Pour ce faire, ils planifieront des séquences d’enseignement dont l’objectif est d’aider les élèves à « mieux comprendre les particularités de leur propre société, d’autres sociétés et de diverses réalités sociales, passées ou contemporaines. » Autrement dit, les élèves construiront leur identité québécoise en apprenant ce qui distingue la société québécoise de la société canadienne. On est loin de l’apprentissage d’une histoire canadienne pour « construire sur notre héritage commun ».

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