RADIO

Quatre émissions à la belle saison

Mathieu Beaumont, Isabelle Racicot, Patrick Langlois et Maxime Coutié ont un point en commun. Tous les quatre passent leur été derrière un micro de radio. Qu’a de particulier la pratique de ce métier durant la belle saison ? Ils nous le disent avec franchise et beaucoup d’humour.

Vous avez tous fait de la radio en saison « régulière ». En quoi est-ce différent de faire cela durant l’été ?

Patrick Langlois : J’ai déjà animé des émissions de week-end et l’été s’apparente à cela. Tu parles à des gens qui sont souvent en vacances ou à ceux qui s’y préparent. Tu n’as pas le choix d’être plus léger, plus rieur. Tu dois autant parler aux auditeurs qui sont au travail qu’à ceux qui sont au bord de la piscine.

Maxime Coutié : Je me souviens d’une fois où je roulais sur l’autoroute 15 alors que j’étais dans les Laurentides. C’était l’été, il faisait 32 degrés. J’écoutais la radio et on parlait de la réforme du Sénat. Je me suis dit : « Calvaire que c’est plate ! » Chaque fois qu’on est en réunion de production et qu’on discute d’un sujet, je dis : « Imaginez que vous êtes sur la 15 et qu’il fait beau, avez-vous le goût d’entendre ça ? » C’est sûr qu’il faut penser à l’intérêt public, mais il faut tenir compte du contexte aussi.

Vous êtes la plupart du temps invités à vous glisser dans les chaussures d’un animateur qui était là pendant la saison « régulière ». C’est difficile ?

Isabelle Racicot : À deux reprises, j’ai fait le retour à la maison de Rouge FM en remplacement de Marina Orsini. Et justement, je n’ai pas voulu faire ce que Marina faisait. J’ai voulu concevoir une émission qui me ressemblait.

Mathieu Beaumont : C’est une erreur de vouloir imiter la personne qui est là en temps normal. Même si la structure de l’émission ne change pas, il faut que tu sois toi-même.

Patrick Langlois : Tenter d’imiter un autre animateur, c’est une erreur, point.

Isabelle Racicot : J’ose croire que les directeurs qui nous choisissent le font pour ce qu’on est. Ça crée une belle variété pour les auditeurs.

En même temps, certains auditeurs peuvent subir un certain choc lors de votre arrivée…

Isabelle Racicot : Oui ! Et avec les réseaux sociaux, on y goûte solide ! (Rires)

Mathieu Beaumont : En radio parlée, où l’on s’attache très fort aux animateurs, il peut y avoir un clash. Je pense à mon collègue Louis Lacroix qui remplace Paul Arcand ou à Marie-Claude Lavallée qui remplace Paul Houde. Pour certains auditeurs, l’ajustement est plus dur.

Patrick Langlois : Moi, j’aime voir le côté positif des choses. D’un autre côté, ça peut créer de nouvelles habitudes. Le gars qui, au travail, ne peut pas écouter la radio durant l’hiver peut te découvrir une fois en vacances.

Puisque tu abordes ça, est-ce qu’animer l’été est un bon moyen de se faire connaître quand on est jeune ?

Patrick Langlois : À 100 % ! C’est comme cela que j’ai bâti ma carrière. Durant mes années à MusiquePlus, je ne prenais jamais de vacances d’été. J’ai remplacé tout le monde. Et c’est le fun de travailler l’été. Tu quittes la maison en short, t’as pas besoin de pelleter. Le premier conseil que je donne aux jeunes qui veulent faire ce métier est de se rendre disponibles durant les congés et les vacances des équipes habituelles.

Maxime Coutié : Et c’est une occasion de faire autre chose. Moi, je suis journaliste à la base. Animer me permet de montrer une autre facette de ma personnalité et, aussi, de montrer aux patrons de quoi je suis capable.

Mathieu Beaumont : Moi aussi, je me suis rendu disponible pour tout. Ça m’a d’ailleurs coûté deux couples… (Rires)

Isabelle Racicot : J’aimerais qu’on l’écrive, ça ! (Rires)

Mathieu Beaumont : Je sais que c’est atroce de raconter ça, mais j’étais en ondes le matin de la tragédie de Mégantic. Cette tragédie est arrivée au moment où je me posais des questions sur moi et ma carrière. Je suis sorti du studio ce matin-là avec le sentiment que je pouvais vraiment faire ce métier.

Vous avez peu de temps pour vous installer et roder l’émission. Vous disposez de 10 semaines. C’est un défi ?

Maxime Coutié : C’est le plus gros défi. Ça prend du temps pour installer une émission de radio. Dans mon cas, je ne tente pas de révolutionner l’affaire. J’y vais easy-going.

Patrick Langlois : Le remplaçant cool à l’école. Pas de devoirs ce soir…

Mathieu Beaumont : Quand le sous-chef prend le contrôle de la cuisine, il ne faut pas que ça goûte différent. C’est la même chose à la radio l’été.

Isabelle Racicot : Vous n’essayez pas d’y mettre votre personnalité ?

Maxime Coutié : Oui, bien sûr. Mais on fait face à des limites. Si j’animais cette émission en saison « régulière », elle ne serait pas tout à fait la même.

Mathieu Beaumont : Qui mettrais-tu à la porte ? (Rires)

Certains étés, l’actualité est moins foisonnante. C’est le cas cette année, jusqu’à maintenant du moins. Pour ceux qui font de l’information, j’imagine que ce n’est pas toujours facile de trouver de bons sujets.

Mathieu Beaumont : Oui, mais en même temps, ça nous force à être créatifs. Je dois toutefois dire que pas une fois cet été on n’a eu du mal à trouver des sujets lors des réunions. Il y a bien sûr les classiques que je tente d’éviter et je dis toujours : « Quand on sera rendu à parler de la saison des fraises, on aura fait le tour. »

Il me semble que l’été est fait pour les radios musicales. D’ailleurs, plusieurs hits sont lancés l’été. Patrick, tu dois prendre ton pied encore plus l’été ?

Patrick Langlois : Je te dirais que je prends plaisir tout le temps à faire entendre des chansons aux auditeurs. Mon attitude change un peu l’été, je tente d’être toujours dans le même état d’esprit que mes auditeurs.

Isabelle Racicot : Il faut dire que nous sommes extrêmement chanceux de faire de la radio à Montréal. Il se passe tellement de choses. Avec tous les festivals, on a droit à plein d’invités.

Est-ce qu’il y a des jours où c’est plus difficile de quitter la maison et d’aller s’enfermer dans un studio sombre alors que tout le monde est sur une terrasse ou au bord d’un lac ?

Mathieu Beaumont : Ou au Beach Club ! (Rires)

Patrick Langlois : Ah non ! Je trouve ça plus difficile de vivre ça l’hiver.

Isabelle Racicot : Il ne faut pas oublier que ce n’est pas tout le monde qui est en vacances. Il faut penser à ceux-là. Moi, je suis heureuse d’aller faire de la radio l’été. J’ai deux enfants et je suis tellement contente de quitter la maison pour aller travailler durant l’été ! (Rires)

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