CYCLISME

Tandis que Romain Bardet tente de devenir le premier Français en plus de 30 ans à gagner le Tour de France, son coéquipier québécois Hugo Houle poursuit sa préparation pour la Vuelta en avalant les kilomètres dans les Alpes. Avec l’espoir d’accompagner le leader d’AG2R La Mondiale sur la Grande Boucle l’an prochain.

Cyclisme

Pendant ce temps, dans les Alpes…

Ces jours-ci, Hugo Houle est dans les Alpes pour un stage en altitude. En général, il roule une heure avec sa copine, venue le visiter, avant d’escalader quelques-uns des cols qui enserrent le Bourg-d’Oisans. En fin d’après-midi, il « remonte en haut de [sa] colline » à Tignes, où il dort à 2100 mètres d’altitude.

Le cycliste québécois d’AG2R La Mondiale rentre à temps pour suivre la fin des étapes du Tour de France. Jeudi, il s’est régalé en voyant son coéquipier français Romain Bardet enflammer ses compatriotes en surgissant dans le terrible raidillon à Peyragudes.

Soudainement, le maillot jaune, qui appartient toujours à Fabio Aru après l’explosive étape d’hier, n’est plus seulement un rêve.

« J’aimerais bien que mon chum Bardet gagne », a commenté Houle au téléphone, peu après la 13e étape remportée par Warren Barguil. « Ça fait longtemps que la France attend ça. Mais il y a des clients et beaucoup de choses peuvent se passer avec les Alpes qui s’en viennent : Sky a replacé [Mikel] Landa, [Nairo] Quintana se remet un peu et Astana ne va pas gérer la course à elle seule. On ne peut rien prédire, mais les gars ont bien joué et sont présents dans le final. Jusqu’ici, ils font une course parfaite. »

À 26 ans, Houle a le même âge que Bardet, qu’il a rejoint chez AG2R en 2013. Leur carrière ne suit évidemment pas la même trajectoire.

Solide rouleur, à l’aise sur les parcours rugueux des classiques, le Québécois se signale surtout par ses qualités d’équipier et ses aptitudes pour le contre-la-montre.

Après avoir disputé et (bien) terminé deux Tours d’Italie, il s’était juré de faire ses débuts sur le Tour de France cette année. L’ascension de Bardet, deuxième l’an dernier, a brouillé les cartes. AG2R a embauché quelques coureurs pour accompagner son leader en haute montagne, à commencer par le Suisse Mathias Frank, curieusement invisible depuis le départ à Düsseldorf.

Houle ne s’est pas plaint et s’est craché dans les mains. Après un printemps fructueux où il a terminé toutes ses courses, dont les trois « monuments » Milan-San Remo, Tour des Flandres et Paris-Roubaix, il a continué sur sa lancée au Tour de Romandie et au Tour de Suisse, où il a fini 20e du contre-la-montre final.

« La constance sur toute l’année, c’est un peu ma force. Maintenant, il faudrait que je mette un gros résultat par-dessus ça pour faire la différence. »

— Hugo Houle

L’athlète de Sainte-Perpétue voit sa première participation à la Vuelta, le mois prochain, comme une occasion de se faire valoir. Ce stage de trois semaines en altitude témoigne de son sérieux. En 2012, il avait pris part à deux courses dans les Rocheuses de l’Utah et du Colorado, ce qui l’avait ensuite bien servi aux Championnats du monde U23, où il avait fini quatrième.

« Toutes les courses sont importantes pour montrer ta valeur, mais un grand tour, c’est trois semaines, relève Houle. Si tu montes bien les cols à la Vuelta dans la troisième semaine, ça paraît bien. À moi de répondre présent. »

D’autant qu’avant le début du Tour, Bardet a affiché son ambition de prendre part à la Vuelta pour la première fois. Houle se ferait une joie de servir les intérêts de ce meneur par l’exemple.

« Romain est très intelligent, méticuleux, discipliné, détaille-t-il. Il ne se permet pas d’écarts de conduite. Même manger une pâtisserie au mois de décembre. Quand un leader est aussi droit, ça impose la discipline dans le reste de l’équipe. »

« [Romain] a tout mon respect parce qu’il a une pression énorme sur les épaules. »

— Hugo Houle

À part le Tour d’Oman, en février, les deux hommes ne se sont pas côtoyés en course cette année. Ils se voient surtout dans les stages d’entraînement, où Bardet a l’habitude de rouler un peu plus que les autres, une demi-heure avant, une demi-heure après. Houle l’accompagne à l’occasion, ce qui l’a amené à mieux connaître le diplômé en management.

« On s’entend très bien, on discute de tout et de rien. Il est ouvert et il aime bien la mentalité nord-américaine. »

L’an prochain, les équipes ne pourront aligner que huit coureurs plutôt que neuf sur les grands tours. Ce changement n’est évidemment pas une bonne nouvelle pour Houle. Le retour d’un contre-la-montre par équipes pourrait cependant le favoriser. « À moi de continuer à progresser et de prouver ma valeur. » Et pour ce faire, il continue de pédaler.

« Ça ne reste que du vélo »

Hugo Houle sympathise avec son ami et colocataire Antoine Duchesne, lâché par la formation Direct Energie, qui ne renouvellera pas son contrat. Il est lui-même en renégociation, son entente de deux ans venant à échéance à la fin de l’année. « Notre carrière est chaque fois en jeu, constate-t-il. On est toujours sur la sellette. On espère toujours que l’équipe apprécie ce qu’on fait. Tu te dévoues à 100 % pour la cause et à la fin de l’année, tu te rends compte que tu es juste un numéro. Ça brise un peu le cœur. » Après deux ans avec SpiderTech et cinq chez AG2R La Mondiale, Houle s’attend à de bonnes nouvelles. Mais il préfère ne pas s’en faire avec son avenir. « Je fais ce que je peux. Le jour où ce sera fini, ce sera fini. J’ai déjà fait sept belles années professionnelles. Après, on mettra le plan B en route. Ça ne reste que du vélo. »

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.