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Téo Taxi doublera son offre à Montréal, Québec devra attendre

Avec bientôt trois fois plus de permis en poche, Téo Taxi entreprend de « doubler » son offre dans la métropole, mais Québec devra encore attendre. L’entreprise confirme que les taxis verts ne rouleront « pas avant 2018 » dans la capitale. Le ministère des Transports autorise l’augmentation, de 110 à 350, du nombre de permis accordés dans le cadre du projet pilote sur le service de transport par taxi électrique, en plus de le prolonger jusqu’en novembre 2018. Deux souhaits ouvertement exprimés par l’homme d’affaires et propriétaire de Téo Taxi, Alexandre Taillefer. — Le Soleil

Chronique

Markov vaut bien une chronique

C’est l’anti-P.K. Subban. Pas dans le sens qu’il est contre Subban. Au contraire, ils sont amis. C’est même le seul joueur qu’il a embrassé après un but. C’est l’anti-P.K. sur le plan de la personnalité. Autant P.K. a le constant besoin d’avoir toute l’attention dirigée vers lui, autant Markov veut avoir zéro attention dirigée vers lui. Autant P.K. cherche le kodak, autant Markov le fuit. Autant P.K. a besoin d’être aimé par tout le monde, autant Markov n’en a rien à foutre.

Markov a moins parlé aux médias, en 16 saisons avec le Canadien, que Subban en une seule journée. Ça explique probablement le peu d’émoi que cause son départ. L’année dernière, quand Bergevin a échangé P.K., toute la ville a eu le cœur brisé. Une violente peine d’amour. Une grosse dépression nerveuse. On n’était pas loin de l’émeute Maurice Richard.

Jeudi, le Canadien a publié un communiqué laconique disant que l’association entre le numéro 79 et le Tricolore était terminée. C’est tout. Il y a eu des gens déçus. C’est tout. Pourtant, le CH vient de perdre son meilleur défenseur des 25 dernières années. Et de loin. Son quart-arrière. Son meilleur passeur. Son défenseur le plus solide à la ligne bleue. Son pivot lors des avantages numériques. Un joueur qui aimait jouer à Montréal. Qui n’a joué qu’ici. Markov est l’homme de deux amours : la Russie et le Canadien. Le Canadien ne veut plus de lui. Alors il retourne jouer en Russie.

Bien sûr, les dirigeants diront qu’ils ont fait une offre à Markov et qu’il l’a refusée. Y’aurait fallu se forcer un peu plus. À la fin des négos, le Russe était prêt à signer seulement pour un an.

Y’aurait fallu « closer », comme on dit dans la LNH. Cette année, sans lui, va nous coûter pas mal plus cher.

Faut pas se leurrer, la perte de Markov est catastrophique pour l’équipe. Je sais ben qu’il a 38 ans, mais à 38 ans, il demeurait le seul joueur du Canadien capable de faire toutes ces petites choses indispensables au succès d’un club. Les sorties de zone, la première passe, la lecture du jeu, la position au bon endroit, au bon moment.

Quand on se débarrasse d’un vétéran aussi valeureux, il faut s’assurer qu’il y a quelqu’un dans l’organisation en mesure de le remplacer. Ce n’est pas le cas. On avait un espoir. Un autre Russe, Sergachev. On l’a échangé pour Drouin. C’est parfait. On a enfin de l’imagination à l’attaque. Mais fallait pas essayer de négocier Markov au rabais la même année. On en a encore trop besoin. Qui va repérer Drouin ?

Markov est parti comme il a été. Sans faire de bruit. Il n’a eu que de bons mots pour Montréal. Il aurait aimé jouer toute sa carrière ici. Il y en a peu comme lui. Markov était triste, vraiment triste. Il n’est pas le genre à dire ce qu’on aimerait entendre. Sa peine est sincère. Pourtant, Montréal ne l’a pas pleuré. En pleine semaine des vacances de la construction, la ville avait mieux à faire. Markov n’a pas l’étoffe de ces héros flamboyants pour qui la Terre arrête de tourner quand ils s’en vont.

Markov, c’est le 79. Pas le 76. Bien des amateurs vont s’en rendre compte seulement au camp d’entraînement : « Coudon, il est où, Markov, encore blessé ? » Cette fois, Markov n’est pas blessé au genou ni au pied. Il est blessé au cœur.

Il n’y a pas de manifestation organisée par les fans comme lors de l’échange d’Halak. Pourtant, la perte est bien plus grande. Le manque de réactions chez les partisans s’explique d’une seule façon : Markov n’a jamais soulevé les passions.

Ce qu’il accomplissait sur la patinoire était plus remarquable que ce que faisaient tous les autres défenseurs de l’équipe, mais il le faisait discrètement. Silencieusement. Il gardait la rondelle à l’extérieur de sa zone, et ses émotions en dedans.

Devant les médias, disons-le franchement, Markov avait l’air bête. En cette ère où tout le monde sourit à longueur de journée sur ses Insta stories, c’est un cas à part. Mais comme dit le Tigre, le hockey, ça se joue sur la glace. Et sur la glace, Markov était toujours l’un des joueurs les plus talentueux de l’équipe.

Voilà pourquoi Andrei ne doit pas partir comme ça. Dans une quasi-indifférence. Il faut lui dire merci. Il n’aura pas joué durant les glorieuses années de la Sainte-Flanelle, mais si, bon an, mal an, on a réussi au cours des deux dernières décennies à rêver un peu, à y croire durant quelques mois, surtout à l’automne, parfois au printemps, c’est surtout grâce à lui.

Markov est le deuxième défenseur de toute l’histoire du bleu-blanc-rouge pour le nombre de points : 572. À égalité avec Guy Lapointe. Derrière Larry Robinson. Devant Doug Harvey et Serge Savard. Faut le faire. Dans les plus et les moins, il est au 43e rang de l’histoire de l’équipe. Le premier des éditions récentes. Un gros + 64. Markov est surtout au 6e rang des meilleurs passeurs du Canadien. Toutes positions et dynasties confondues. Il totalise 453 passes. Devant Maurice Richard et Elmer Lach.

La passe de Markov qui permet à un attaquant d’enfin compter, on va s’en ennuyer.

Merci Andrei d’en avoir tant fait. Petit parleur, grand faiseur.

On n’entendra pas Markov, cette saison. Comme toutes les autres saisons. Mais quelque chose me dit qu’on va en parler beaucoup.

À bientôt !

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