Robin Williams 1951-2014

De la joie aux pleurs

En trois mots et deux mimiques, il savait nous faire rire, nous émouvoir, nous séduire, nous conquérir. Depuis hier soir, à l’annonce de sa mort présumée volontaire et totalement inattendue, Robin Williams, 63 ans, nous fait pleurer.

Un des comédiens les plus doués de son époque, gagnant d’un Oscar pour son rôle de Sean Maguire dans Good Will Hunting, Williams a été retrouvé sans vie à son domicile de Tiburon, au nord de San Francisco, en Californie. Même si une enquête était toujours en cours hier soir, la police a évoqué un probable suicide par asphyxie.

Selon de nombreux reportages, Williams souffrait d’une grave dépression depuis plusieurs mois, ce qu’a confirmé son attachée de presse, Mara Buxbaum. Il avait également fait une rechute dans sa lutte contre l’alcool. Cela l’avait d’ailleurs conduit dans une clinique du Minnesota au début du mois de juillet.

Selon un rapport de la police du comté de Marin, en Californie, la mort de l’acteur a été prononcée à 12 h 2, heure locale. Un appel avait été fait à la centrale du 911 à 11 h 55 faisant état d’un homme retrouvé inconscient et ne respirant pas. Williams avait été vu vivant pour la dernière fois dimanche, vers 22 h.

L’annonce de sa mort a suscité d’innombrables réactions dans les médias et les médias sociaux. Au même moment, des adeptes se retrouvaient autour de son étoile sur le Walk of Fame de Hollywood Boulevard pour lui rendre hommage.

Dans un communiqué envoyé au New York Times, sa troisième épouse, Susan Schneider, a écrit : « Ce matin, j’ai perdu mon mari et mon meilleur ami tandis que le monde a perdu un de ses artistes bien-aimés et un merveilleux être humain. J’ai le cœur brisé. Au nom de la famille de Robin, je demande qu’on respecte notre intimité pendant notre deuil. Nous espérons qu’on se souviendra plus des rires et des moments de joie qu’il a donnés à des millions de gens plutôt que des circonstances de sa mort. »

Dans la grande communauté artistique américaine, les réactions n’ont pas tardé. « Une nouvelle qui brise le cœur. Que son âme repose en paix », a écrit Rihanna sur Twitter. « Heartbroken », a simplement lancé Danny DeVito. « Merci de nous avoir apporté autant de rires et de joie », a écrit Lea Michele en évoquant cette « triste nouvelle ». « D’une gentillesse légendaire, furieusement drôle, un génie et une grande âme. Quelle perte ! », a dit Michael J. Fox en pleurant. « Quelle perte tragique ! » s’est exclamé Ozzy Osbourne avant d’ajouter qu’il conservera des souvenirs incroyables de l’acteur.

Dans la revue de référence du cinéma Variety, le cinéaste Steven Spielberg a affirmé : « Robin était un éclair de génie comique et notre rire était le coup de tonnerre qui le faisait avancer. Il était un ami et je n’arrive pas à croire qu’il ne soit plus là. »

Au Québec, les réactions étaient tout aussi nombreuses. Beaucoup ont évoqué avec tristesse la dépression de l’acteur. « Je suis sans mots », a écrit sur Twitter la comédienne Frédérique Dufort, qui qualifie Williams d’« idole de mon enfance ». « La dépression, le cancer de l’âme », mentionne Anne Dorval. « C’est pas juste sa mort. C’est d’apprendre sa trop grande souffrance », a dit Dan Bigras. « Troublant à quel point les plus drôles sont souvent les plus tristes… », a déploré Dany Turcotte. « L’étincelle dans son regard sensible, engagé et passionné m’a souvent bouleversée », a indiqué la comédienne Myriam LeBlanc. Le cinéaste Xavier Dolan a écrit qu’il fut et restera d’une grande inspiration.

RÔLES UNIQUES

Né le 21 juillet 1951 à Chicago, Robin Williams avait, depuis la fin des années 70, plus d’une centaine de rôles au petit et au grand écran à son crédit. Du Richard Pryor Show à Mork & Mindy en passant par Happy Days, il a défendu plusieurs rôles à la télévision.

En 1982, il personnifiait le personnage principal de Garp dans The World According to Garp, tiré du roman de John Irving.

Puis, les rôles mémorables se sont enchaînés, de Vladimir dans Moscow on the Hudson à Adrian dans Good Morning, Vietnam, de l’inoubliable professeur Keating dans Dead Poets Society au désopilant Daniel Hillard dans Mrs. Doubtfire en passant par Teddy Roosevelt dans Night at the Museum et le docteur Patch Adams dans le film du même nom.

Outre son Oscar du meilleur rôle de soutien dans Good Will Hunting, Williams avait remporté six Golden Globes dont le prix hommage Cecil B. DeMille.

L’an dernier, il avait renoué avec une série télévisée, The Crazy Ones, sur le réseau CBS. Au moment de son décès, Williams était au générique de quatre films en attente de sortie dont un nouveau volet de Night at the Museum.

Père de trois enfants, Williams avait, au cours de sa vie, combattu à plusieurs reprises une dépendance à l’alcool. En 2006, après vingt ans d’abstinence, il avait recommencé à boire et s’était prêté à des traitements en clinique. En 2009, il avait aussi été hospitalisé pour des problèmes de valves cardiaques.

En 2011, il montait sur les planches à Broadway dans une pièce intitulée Bengal Tiger at the Baghdad Zoo, pièce campée durant l’offensive américaine en Irak.

Il était venu partager ses souvenirs de carrière à Montréal le 5 décembre 2012 dans le cadre d’un entretien avec l’auteur canadien David Steinberg à la Place des Arts. En 2004, il était aussi passé par Montréal pour le tournage (un caméo) du film Noël de Chazz Palminteri, selon le Bureau du cinéma de la métropole.

Une des dernières fois où le public aura entendu parler de Robin Williams remonte au 31 juillet dernier alors qu’il mettait une photo de lui et de sa fille Zelda, alors bébé, sur Instagram. Lui souhaitant un joyeux 25e anniversaire, il ajoutait : « Un quart de siècle aujourd’hui, mais toujours ma petite fille. »

— Avec The New York Times, CNN, The Guardian, Associated Press, AFP, Eureka et People.

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