Détente
Le Québec craque pour les bains nordiques
La Presse
Il y a 40 ans, ils n’étaient qu’une poignée au Québec et étaient considérés comme des hurluberlus. Aujourd’hui, les amateurs de spas nordiques se comptent par milliers, de nouvelles installations continuent de s’ajouter et personne ne trouve farfelue l’idée de se plonger dans un bain glacé en hiver.
C’est en 1965, à Piedmont, que le tout premier spa nordique de la province, le Polar Bear’s Club, a ouvert ses portes. À l’époque, le lieu ne comptait qu’un sauna chauffé au bois et les clients – principalement des skieurs de la région – piquaient une tête dans la rivière à Simon pour se rafraîchir.
Aujourd’hui, le Québec compte près de 30 spas nordiques, selon l’Association québécoise des spas. Ces établissements se distinguent des spas classiques en offrant des traitements de thermothérapie avec alternance entre exposition à la chaleur et bain glacé.
« C’est l’ouverture du spa Scandinave, à Mont-Tremblant, en 2000, qui a apporté une véritable démocratisation des bains nordiques, estime Claire Levasseur, directrice générale de l’Association québécoise des spas (AQS). Les spas nordiques ont augmenté leur capacité et sont devenus plus confortables, notamment avec l’ajout d’aires de détente. »
Les installations thérapeutiques se sont aussi diversifiées dans les 20 dernières années. Des hammams sont venus s’ajouter aux saunas finlandais, des bains polaires ont remplacé les étangs naturels, des bains à remous ont fait leur apparition au milieu des arbres…
« On a vu apparaître récemment des produits plus excentriques, comme des piscines à contre-courant ou des bassins à vagues, mais la base de la thermothérapie reste la même : des cycles de rotation entre le chaud et le froid. »
Le sentiment de bien-être apporté par la thermothérapie n’explique pas à lui seul l’engouement des Québécois pour les spas nordiques. Les clients sont prêts à payer un fort prix – souvent l’équivalent du coût d’un billet de remontée en ski alpin – pour passer quelques heures dans un environnement feutré où ils pourront (du moins le souhaitent-ils) évacuer un peu du stress accumulé. De plus en plus souvent, la visite d’un spa nordique s’inscrit à l’horaire des vacances. Parfois, il s’agit d’une activité de soirée qu’on partage entre amoureux ou entre amis.
Même les hommes s’y sont mis. « Auparavant, 80 % de la clientèle qui fréquentait les spas était des femmes. Le ratio est maintenant de 55 % de femmes pour 45 % d’hommes dans les spas en général. Pour les spas nordiques, cette proportion est même souvent inversée », indique M
Levasseur.Selon la directrice de l’AQS, la demande des curistes québécois est assez forte pour justifier l’ajout de nouveaux spas nordiques. « Certaines régions, comme l’Abitibi et la Gaspésie, sont encore mal desservies. » À Sherbrooke, un processus de consultation publique est en cours pour la vente et le dézonage d’un terrain municipal situé le long de la rivière Magog, terrain qui pourrait accueillir un nouveau spa nordique. Les propriétaires, qui possèdent aussi les spas Strom de L’Île-des-Sœurs et de Mont-Saint-Hilaire, espèrent ouvrir l’établissement à l’été 2016.
Pour les besoins de ce reportage, nous avons visité à l’improviste cinq spas situés à moins de deux heures de route de Montréal. L’objectif : tester la qualité des circuits de thermothérapie. Par conséquent, les salles de soins, les produits utilisés ou la qualité des massages offerts, si tributaires de la qualité du thérapeute, n’ont pas été analysés.
Chacun des spas affiche une personnalité propre. Certains misent beaucoup sur l’ambiance des salles de repos. D’autres jouissent d’un emplacement naturel de grande beauté ou proposent des menus élaborés par des chefs. Mais quelques-uns connaissent des ratés et ont de petits (ou gros) détails à peaufiner.