Semaine de relâche

VOICI QUELQUES PISTES POUR QUE L’AVENTURE SOIT COURONNÉE DE SUCCÈS.

L’initiative

Parce que tout le processus est avant tout ludique, l’idée de départ doit venir des enfants, ou les emballer. C’est la recette du succès. « Si le projet tient compte au départ des idées et des goûts de l’enfant, il sera mobilisé », précise Stéphanie Lebrun.

L’autonomie d’abord

Le parent tient un rôle de guide, mais il doit résister à l’envie de jouer au chef d’orchestre. « Si on fait tout à la place de l’enfant, ça va avoir l’effet contraire : il va croire qu’il n’est pas assez bon pour ce projet-là », explique Stéphanie Lebrun.

Le plan

Avec un plan, et des jalons bien précis à franchir, le projet paraît plus facile à concrétiser. « Il faut aller de façon concrète dans la planification de l’activité », suggère Francine Ferland.

Le plaisir

En cours de route, si la motivation s’étiole, on amène notre enfant à réévaluer son plan, et surtout, on évite les échéanciers trop rigides et les attentes irréalistes, conseille Stéphanie Lebrun.

La réussite

Le casse-tête de 1000 pièces enfin terminé mérite d’être admiré, et la persévérance, soulignée. « C’est bon pour l’estime de soi de l’enfant. Si on s’en débarrasse rapidement, on manque notre coup ! », ajoute Francine Ferland.

Ce qui reste…

Enfin, lorsque le projet se concrétise, on met davantage l’accent sur les efforts déployés en chemin que sur le résultat. Car si un jeune persévère et mène son idée à bon port, c’est ce qui compte, rappelle Stéphanie Lebrun.

Semaine de relâche

Du temps pour les grands projets

Les idées d’activités qui demandent du temps fusent tout au long de l’année. Mais voilà qu’avec la relâche à nos portes, on a peut-être le temps, cette fois, de monter enfin le spectacle dont les enfants parlent depuis des lustres, ou de sortir le coffre à outils. Car lorsqu’ils sont réalisés dans les bonnes conditions, ces chantiers ludiques ont tout un impact.

« Ils ont vraiment plusieurs effets positifs, croit Stéphanie Lebrun, psychologue scolaire. L’enfant ressent une fierté de voir ses efforts arriver à un résultat plutôt qu’à une réponse instantanée, comme dans un jeu vidéo. » Mener un projet à bien amène notamment l’enfant à développer son estime de lui, son sens de l’organisation et sa persévérance, énumère-t-elle.

« Et puis c’est tellement l’fun ! », ajoute Odile Archambault, mère d’Henri, 5 ans, et de Martha, 2 ans. Blogueuse et enseignante de formation, elle vient tout juste de publier le livre Maman a un plan : pour que les enfants ne s’ennuient jamais, un recueil d’idées d’activités à faire en famille. « Moi, c’est dans des activités comme celles-là que j’ai le plus de plaisir. Je trouve que ça amène encore plus un lien entre le parent et l’enfant. On embarque dans un projet ensemble, et on va triper tous les deux. On va s’investir. »

Son objectif : faire de la place dans l’horaire familial pour jouer, tout simplement, mais aussi pour prendre la balle au bond si son aîné manifeste le désir de s’impliquer dans une activité qui peut prendre toute une journée, voire plusieurs jours.

« Quand il fait un truc sur une plus longue durée, je le vois dans les yeux de mon garçon : il ressent une fierté d’être passé à travers tout ça, et de réussir l’activité. »

— Odile Archambault, blogueuse

Odile et son fils Henri ont d’ailleurs démarré ensemble un projet qui les mènera aux prochaines vacances familiales l’été prochain, à la plage. Le garçon a envie d’apprendre des mots en anglais afin de pouvoir les utiliser pendant l’escapade familiale. Ensemble, ils fabriquent des étiquettes qu’ils collent sur des objets dans la maison, pour apprendre à les nommer dans la langue de Shakespeare. Un jeu ludique qui s’étirera sur des mois.

« Quand le projet s’est avéré très positif, on peut en reparler lorsque notre enfant traverse une difficulté, évoque Stéphanie Lebrun. On lui dit : "Tu t’en souviens ? La dernière fois quand on a fait un projet ensemble, ça s’est bien passé ! C’est plus difficile pour toi de faire cette recherche pour l’école, mais est-ce que tu te rappelles comment tu t’y étais pris, dans notre projet, pour que ça fonctionne ? " »

Un apprentissage que souligne aussi Andrée Mayer-Périard, directrice générale du Réseau réussite Montréal, un organisme engagé pour la persévérance scolaire. « Terminer ce que l’on commence, poursuivre même si c’est difficile, être fier de s’être amélioré… tous ces éléments-là sont essentiels », croit-elle, avant d’ajouter qu’il ne faut pas perdre de vue que l’objectif initial, pour les enfants, c’est de participer à un projet ludique. Surtout pendant un congé scolaire.

DU PLAISIR AVANT TOUT

Lorsqu’elle parle des grands projets qui allument ses enfants, Odile Archambault s’enthousiasme, mais souligne à grands traits qu’elle ne joue pas à l’animatrice de camp de jour.

« Je ne veux pas avoir l’air d’une mère qui se pense parfaite, et qui dit qu’il faut faire des activités tout le temps avec ses enfants, souligne-t-elle. Au contraire ! C’est de la déculpabilisation ! Faisons ce qui nous tente, ensemble, dans notre cocon familial. »

Parfois, la famille s’emballe et se lance dans de grands projets, mais au quotidien, elle aime tout autant sauter sur le lit, regarder des vidéos de musique sur YouTube et observer les nuages. Et parfois, ne rien faire du tout.

« Je sais ce qui marche avec Henri et je sais dans quel genre d’activités je vais perdre son intérêt. Je sais par exemple qu’avec la musique et la danse, je ne l’aurai pas toute la journée, explique-t-elle. Je ne veux pas seulement occuper mes enfants. »

« On en fait tous, des activités qui nous intéressent moins, mais pour les projets à long terme, il faut qu’il y ait un intérêt mutuel. Il faut que ça me tente ! »

— Odile Archambault, blogueuse

Cet équilibre est essentiel, ajoute Francine Ferland, ergothérapeute et auteure du livre Le développement de l’enfant au quotidien de 6 à 12 ans. « L’ennui est beaucoup moins bien supporté par les parents, explique-t-elle. On va donc donner plein de choses à faire aux enfants pour qu’ils s’occupent. Oui, on planifie des activités à long terme, mais à côté, on doit réserver des moments pour qu’ils décident eux-mêmes ce qu’ils ont envie de faire. »

Francine Ferland ajoute qu’avant l’âge scolaire, les jeunes enfants ont du mal à attendre avant d’obtenir une gratification. Ils sont alors frustrés par les activités qui demandent un grand investissement de temps.

Les plus grands y voient quant à eux un défi lorsqu’ils ont vraiment envie de se lancer. « Il faut être contagieux dans notre enthousiasme ! », dit-elle.

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