C Series

Un client satisfait, 30 avions, mais pas de nouveaux emplois

« Il n’y a pas grand-chose de mieux qu’un client satisfait… »

Toute nouvelle commande d’avions C Series est une bonne nouvelle pour les employés de Bombardier. Mais la nouvelle commande ferme de 30 avions CS300 par airBaltic, un client existant qui fait déjà voler huit avions de la C Series, réjouit particulièrement le syndicat des employés de Bombardier. « On ne pouvait pas demander mieux. Le fait qu’ils fassent une nouvelle commande, ça donne de la crédibilité », a dit David Chartrand, coordonnateur québécois du Syndicat des machinistes.

La nouvelle commande d’airBaltic ne créera pas de nouveaux emplois au Québec, mais elle permet de consolider ceux des 4000 employés de Bombardier assignés à la C Series, selon l’entreprise. Et c’est très bien ainsi, estime la ministre de l’Économie du Québec, Dominique Anglade. « Ce qui est important, c’est la solidité de l’écosystème », a-t-elle dit en entrevue à La Presse.

La ministre Anglade estime que la C Series doit actuellement « viser des commandes additionnelles, pas nécessairement de nouveaux emplois ». La ministre Anglade se méfie de « l’obsession de la création d’emplois », surtout dans un secteur comme l’aéronautique, où il faudra pourvoir environ 30 000 postes d’ici 10 ans. « Le problème est inversé : c’est plein-emploi, et on est à la recherche de talents, dit-elle. L’objectif n’est pas de créer à tout prix des emplois, mais d’assurer une qualité de la main-d’œuvre remarquable. »

Avec l’annonce de l’achat ferme de 30 avions et une option pour 30 autres appareils CS300, le titre de Bombardier s’est apprécié de 4,35 %, hier, à la Bourse de Toronto.

Le prix de la transaction avec airBaltic n’a pas été dévoilé, mais la valeur théorique (en se basant sur le prix courant avant rabais) est de 2,9 milliards US pour la commande ferme de 30 avions. AirBaltic, une compagnie aérienne de Lettonie, devient ainsi le deuxième client en importance de la C Series avec une commande ferme de 50 avions, derrière Delta (75 avions).

La commande d’airBaltic fait passer à 400 le nombre de commandes fermes d’avions de la C Series, qui s’apprête dans moins d’un mois à changer d’actionnaire majoritaire. D’ici à la fin de juin, Airbus deviendra officiellement l’actionnaire majoritaire de la C Series, avec 51 % des actions. Bombardier et le gouvernement du Québec détiendront le reste (49 %) des actions.

« [L’annonce d’hier] confirme une tendance qu’on a vue depuis l’annonce du partenariat [avec Airbus], a dit la ministre Anglade. Les marchés ont bien réagi [à l’arrivée d’Airbus], l’écosystème québécois également. Les emplois sont déjà protégés et maintenus jusqu’en 2042. Tous les indicatifs sont au vert, on veut d’abord et avant tout des commandes, et ça envoie un message positif avant même la clôture de la transaction. Il y a un momentum. AirBaltic possède déjà des avions, ce sont des clients satisfaits qui reviennent, on est contents du message que ça envoie avant [le salon international de] Farnborough [en juillet]. »

Des emplois « sécurisés », dit Bombardier

Environ 4000 employés de Bombardier dans la région de Montréal – dont 2500 employés à Mirabel – travaillent à la C Series. Selon Bombardier, ce nombre est suffisant pour remplir la nouvelle commande d’airBaltic, qui commencera à recevoir ses avions à la fin de l’année 2019.

« Cette commande prolonge le carnet de livraison. C’est une bonne nouvelle, car ça sécurise les emplois actuels. »

— Nathalie Siphengphet, porte-parole de Bombardier Avions commerciaux

Le Syndicat des machinistes, qui représente les employés de Bombardier, est plus optimiste : il estime que cette nouvelle commande, combinée à d’autres, pourrait forcer Bombardier à faire des embauches. « Ça va accélérer les choses », a dit David Chartrand, coordonnateur québécois du Syndicat des machinistes.

Le professeur en gestion Mehran Ebrahimi estime peu probable qu’Airbus engage d’autres employés pour assembler la C Series. « À moins d’avoir une commande exceptionnelle de 100 avions » devant être livrée rapidement, dit le professeur de l’École des sciences de la gestion de l’UQAM. Le professeur Ebrahimi s’attend à plusieurs nouvelles commandes pour la C Series, mais Airbus n’a pas caché son intention de rendre le processus d’assemblage de la C Series « plus léger ». « C’est vrai qu’il faudra produire plus d’avions, mais n’oubliez pas qu’Airbus arrive avec une approche différente et est plus avancé en matière d’automatisation des chaînes de production », dit-il.

Son collègue Karl Moore, professeur en gestion à l’Université McGill, estime que la société en commandite de la C Series pourrait être obligée de hausser ses effectifs au fil des commandes fermes. « Vous ne voulez pas avoir des délais de production trop longs, dit-il. Le scénario le plus probable est de hausser le nombre d’employés, mais ça dépendra des prochaines commandes. »

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