Sam Ventura

Le véritable architecte des Penguins ?

Sam Ventura est-il l’architecte de l’ombre des Penguins de Pittsburgh ?

On ne connaît pas exactement le rôle de ce spécialiste des statistiques avancées au sein de la direction des Penguins, et l’équipe en fait peu de cas, puisque son nom n’est même pas inscrit parmi les employés du club sur le site des Penguins, mais il y a tout de même un lien de cause à effet entre son arrivée et la renaissance des Penguins.

Après une fin de règne catastrophique en Caroline, la première année de Jim Rutherford a été difficile en 2014-2015. Il a sacrifié un choix de premier tour pour David Perron et échangé Simon Després contre Ben Lovejoy. L’arrivée de Patric Hornqvist en retour de James Neal n’a pas donné les résultats escomptés lors de la première année.

Rutherford a aussi embauché l’entraîneur Mike Johnston qui, de l’aveu même de Rutherford, n’était pas son premier choix, puisque la direction avait annoncé l’arrivée de Willie Desjardins avant de se raviser !

Les Penguins ont accédé aux séries éliminatoires de peine et de misère et ont subi l’élimination en cinq matchs aux mains des Rangers de New York.

« UN PAS ÉNORME »

Cet hiver-là, le bras droit de Rutherford, Jason Karmanos, fils du propriétaire des Hurricanes de la Caroline Peter Karmanos, a commencé à s’intéresser à Sam Ventura et à son site internet War-on-Ice.

Ventura, originaire de Pittsburgh, détenteur d’un doctorat en statistique de l’Université Carnegie Mellon, avait publié sur son site des données statistiques inédites sur les joueurs de la LNH.

Les deux ont commencé à communiquer à intervalles réguliers. En juin 2015, Karmanos, qui tenait le même rôle lorsque Jim Rutherford détenait le poste de DG chez les Hurricanes, a offert à Sam Ventura, alors âgé de 27 ans, le poste de consultant en statistiques.

« J’espère bâtir une équipe analytique avec le temps, avait déclaré Karmanos au site TribeLive de Pittsburgh au moment de l’embauche de Ventura. Idéalement, il faudrait créer des postes à temps plein. L’arrivée de Sam est un pas énorme dans cette direction. » 

« Un homme comme lui est très demandé dans le monde d’aujourd’hui. Il aurait pu travailler dans bien d’autres domaines, mais il est passionné par le hockey. »

— Jason Karmanos

Quelques semaines plus tard, le 1er juillet, les Penguins échangeaient un choix de premier tour et l’espoir Kasperi Kapanen en retour de Phil Kessel. Ce choix de premier tour sera le 30e lors du prochain repêchage, puisque les champions de la Coupe Stanley choisissent toujours en dernier.

RECONSTRUCTION

Les Penguins allaient ensuite procéder à la reconstruction complète de leurs deux derniers trios. À la fin du mois de juillet, dans une transaction impopulaire au départ, Brandon Sutter est passé aux Canucks en retour de Nick Bonino. Celui-ci est devenu l’un des joueurs les plus importants des séries ce printemps.

Craig Adams, Maxim Lapierre et Steve Downie, des joueurs impétueux, n’allaient pas être retenus. On leur préférera Eric Fehr, le vétéran Matt Cullen et Conor Sheary, ignoré au repêchage quelques années plus tôt en raison de sa petite taille, à qui on a finalement accordé un contrat de la LNH à 24 ans, en juillet.

Les Penguins n’ont pourtant pas connu le départ espéré. L’entraîneur Mike Johnston, le choix de Jim Rutherford un an plus tôt, a été congédié.

L’arrivée en décembre de Trevor Daley, obtenu en retour de Rob Scuderi – plus robuste, mais aussi plus lent – a transformé la défense des Penguins.

La chimie n’opérait pas non plus avec David Perron. On l’a échangé aux Ducks d’Anaheim contre Carl Hagelin, dont la vitesse a rendu de précieux services à l’équipe. Bryan Rust et Tom Kuhnhackl se sont ensuite joints au club en cours de route.

On ne sait pas ce qui se trame derrière les portes closes du Consol Energy Center, et il faut rendre à Jim Rutherford le mérite qui lui revient : il était en position de pouvoir et il a tranché chaque fois.

« Je ne connais pas le rôle de Ventura dans les échanges, mais Rutherford a mis ses couilles sur la table dans celui de Kessel », indique l’ancien attaquant des Penguins Maxime Talbot, auteur de deux buts lors du septième match de la finale de la Coupe Stanley remportée par les Penguins en 2009.

« Je ne connais pas beaucoup de clubs qui l’auraient fait, compte tenu de la réputation de Kessel. L’échange de Bonino était également audacieux. Plusieurs pensaient que les Penguins avaient perdu cet échange. »

— Maxime Talbot 

« Celui qui a amené Daley pour Scuderi est un miracle, carrément. Il y a toujours un facteur de chance aussi. Jim Rutherford avait lui-même avoué qu’il avait fait une erreur en échangeant Simon Després contre Ben Lovejoy. Mais Lovejoy a joué du gros hockey en séries. »

Talbot donne aussi beaucoup de mérite à l’entraîneur Mike Sullivan. « Il était adoré au sein du club-école à Wilkes-Barre et il a amené avec lui des gars qui l’ont fait gagner là-bas : Kuhnhackl, Rust, Sheary, Matt Murray. Ils n’ont pas eu peur d’utiliser des petits joueurs et ils vont faire réfléchir bien du monde. On dit toujours que le Canadien est trop petit. Pourtant, les Penguins viennent de battre facilement un club costaud de l’Ouest. »

Rutherford a-t-il rapidement appris de ses erreurs, ou l’arrivée de Sam Ventura lui a-t-elle donné un autre souffle ? Si la deuxième hypothèse est la bonne, Hollywood a peut-être du matériel pour un deuxième Money Ball

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.