Opinion

Le silence

des musulmans

Pourquoi les musulmans d’Occident ne condamnent-ils pas les actes immondes commis par l’État islamique ?

« Ceux qui se mettent une muselière et qui choisissent de se taire renforcent le terrorisme », a dit l’écrivain égyptien Naguib Mahfeouz. Je le cite, parce que j’abonde en ce sens. Nous, les musulmans, ne nous prononçons pas sur les actes immondes commis par l’État islamique (EI). Je parle des musulmans d’Occident, d’Amérique du Nord, du Québec. Ce n’est pas un regroupement de Québécois ou de Canadiens pure laine qui va faire changer d’opinion les terroristes de l’EI. Seuls nous, les musulmans du monde, pouvons le faire.

Pour Gaza, tout le monde est sorti. Il s’agissait de sauver nos frères musulmans. Quand il est question de l’EI, personne ne bouge. Pourquoi ? A-t-on peur de passer pour un « moins bon musulman » aux yeux de nos pairs ? Ou adhère-t-on secrètement aux idéologies qui sous-tendent les horreurs perpétrées par ce groupe ? Quel message la communauté internationale musulmane lance-t-elle à l’EI en se taisant ? Qu’elle approuve ses gestes ignobles ? Ou bien certains musulmans doutent-ils de la valeur qu’ont les vies des Kurdes, des chrétiens ou encore des chiites massacrés ?

Quelques rares imams se sont prononcés, mais beaucoup trop peu si on compare l’impact de leurs mots à la visibilité de l’EI ces jours-ci. Quel est le poids du silence des musulmans face aux actes inhumains perpétrés récemment ?

Qu’est-ce qui va décourager ces fanatiques ? Ce ne sont certainement pas les sorties d’Obama, de Cameron ou de Merkel ! De leur côté, les musulmans d’Orient n’ont aucune latitude pour exprimer leur désaccord ; ils risqueraient leur vie. Par contre, si les musulmans d’Occident se lèvent en masse et expriment leur désaccord comme ils l’ont fait à maintes reprises pour la Palestine, là, quelque chose est possible.

Le changement peut seulement venir de l’intérieur, des musulmans eux-mêmes, et ce, pacifiquement. J’en ai marre que l’Islam soit associé à la violence !

Aujourd’hui, le véritable « jihad » est celui qui dénonce l’ignorance. Nos intellectuels et nos imams peuvent y jouer un rôle important.

Si nous sortons dans les rues de Montréal, de Londres et de New York et que nous dénonçons haut et fort, en tant que musulmans, la barbarie ignoble à laquelle nous ne voulons pas que notre religion soit associée, l’impact sera majeur. Tel un grain de sable, cela pourra enrayer le système.

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