Mon clin d’œil

Houston a un problème.

Opinion : Industrie du taxi

M. Taillefer, cessez de dire que vous parlez en notre nom

Il y a quelques jours, au terme des rencontres du Comité de modernisation du taxi, Alexandre Taillefer s’est permis d’affirmer publiquement qu’il parle au nom de «  90 % de l’industrie du taxi  ». M. Taillefer, pourriez-vous, s’il vous plaît, cesser de dire que vous parlez en notre nom  ? Vos intérêts et les nôtres sont profondément divergents, pour ne pas dire opposés  !

Collectivement, les signataires de cette lettre représentent près de 2000 taxis, sur les 8000 taxis du Québec. Que vous vouliez faire des revendications en votre nom, soit, mais pourriez-vous ne pas prétendre être notre représentant  ? Aucun d’entre nous ne vous a choisi, encore moins élu.

Vous demandez au ministre des Transports qu’il change les règles du taxi pour créer deux catégories : des taxis professionnels et des taxis « amateurs ». Les vrais taxis auraient des privilèges que les « amateurs » n’auraient pas.

Pour nous, cette proposition est absolument mal avisée et ne fera qu’inviter le chaos et l’anarchie dans une industrie déjà passablement ébranlée par le projet pilote d’Uber. 

Qui s’assurera que les privilèges des vrais taxis seront respectés ? On est actuellement incapable de contrôler les 1500 voitures d’Uber et on va ajouter 8000 taxis amateurs ? Qui va empêcher un propriétaire de taxi de louer son permis à un amateur et de continuer de prendre des clients en ville ? Cette proposition sera totalement ingérable sur le terrain. Si vous nous aviez consultés, vous l’auriez su.

Vous êtes arrivé dans l’industrie du taxi en affirmant que vous alliez en rehausser les standards. Nous vous avons appuyé et applaudi. Aujourd’hui, vous nous proposez de miser sur l’amateurisme ? Nous luttons depuis deux ans contre l’amateurisme proposé par Uber, mais nous aurions appuyé votre amateurisme ? En plus, vous demandez qu’on diminue la formation des chauffeurs. Pour notre part, nous souhaitons l’améliorer, pas la diminuer.

Enfin, vos intérêts et les nôtres diffèrent sur un point crucial : vous ne possédez pratiquement pas de permis de propriétaire de taxi.

Si on exclut les permis que le ministre des Transports vous a très généreusement donnés, en plus des subventions abondantes, vous ne possédez que 23 permis de taxi. Vous possédez donc 0,27 % (un quart de 1 %) de tous les permis de taxi du Québec, bien que vous en louiez quelques centaines. Il est donc dans votre intérêt d’en faire diminuer la valeur, Téo Taxi payera ainsi moins cher ses permis loués.

Nous sommes capables de nous exprimer nous-mêmes. Cessez de prétendre être notre porte-étendard. Sauf votre respect, vous êtes un businessman tentant de faire changer les règles du taxi en sa faveur, c’est tout.

* Les signataires sont de 10 associations représentant près de 2000 taxis au Québec

Kamal Azimi, Atlas Taxi ; George Boussios, Taxi Champlain ; Yuong Cuong, Taxi Para Adapté ; Arezki Djema, Taxi Union ; Abdallah Homsy, Taxi Coop 525-5191 ; Kabalan Jebrin, Taxi Rosemont ; Richard Lynch, Taxi Angrignon ; Georges Malouf, Taxi Pontiac et Boisjoli ; Luc Selesse, Taxi Coop Charlesbourg et Mario Vézina, Taxi Coop Beauport

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