Chronique

Week-end gorgé de télé

Débutons avec samedi soir, où le premier épisode de Cette année-là a été mis en orbite par Télé-Québec.

J’ai bien aimé le grand plateau culturel chapeauté par Marc Labrèche. Les cotes d’écoute n’ont pas été catastrophiques, loin de là : 162 000 curieux l’ont visionné, par un beau samedi soir d’été. Pas mal. Et le produit livré en ondes a été à la fois divertissant et instructif.

Le quiz de culture pop, le duo sur Question de feeling, les chansons connues pour se rendre aux pauses publicitaires (et en revenir), les extraits d’archives comme aux Enfants de la télé, la chronique sur Bach et Bottine et le débat civilisé sur les sujets sensibles : Cette année-là a filé à la vitesse de l’éclair.

Côté look, le décor lumineux, qui ressemble à celui de Y’a du monde à messe, est superbe. Sur les fauteuils, la complicité entre les trois chroniqueurs Fred Savard, Émilie Perreault et Simon Boulerice paraissait sincère et non feinte.

Mention d’honneur à Simon Boulerice, qui a rendu la danse contemporaine accessible et amusante.

En règle générale, les émissions de Marc Labrèche à Radio-Canada, comme Info, sexe et mensonges ou 3600 secondes d’extase, mettent plusieurs semaines, voire des mois, avant d’atteindre leur pleine vitesse de croisière. Pas Cette année-là, qui a rapidement établi ses marques. Marc Labrèche a repris le ton hyperactif d’Info, sexe et mensonges, qui ne détonnait pas du tout à Télé-Québec.

Personnellement, je ne savais pas que Martine St-Clair avait refusé de chanter Question de feeling avec Richard Cocciante. La partition a finalement été confiée à Fabienne Thibeault.

Petit bémol : les contorsions déployées pour relier 1986 à l’actualité de 2018 n’ont pas toujours été heureuses. Mais, bon. Ça se corrige.

Surprenante Fugueuse

Dimanche soir, la défaite cuisante de Fugueuse aux Gémeaux a étonné toute l’industrie, y compris les organisateurs du gala. « Oui, ç’a été une surprise pour tout le monde. Mais le vote, c’est le vote », explique le président de l’Académie qui orchestre cette cérémonie, Mario Cecchini.

Dans l’attribution d’un prix Gémeaux, 70 % du poids de la note finale provient de grands jurys formés de professionnels de l’industrie de la télé. Une portion de 20 % est puisée dans le vote en ligne de tous les membres de l’Académie, qu’ils aient vu ou non les productions finalistes. Et une dernière part de 10 % s’ajuste avec les cotes d’écoute dans les catégories visant spécifiquement des émissions. Du genre : meilleure comédie ou meilleure série dramatique.

Les patrons de TVA auraient très mal digéré la déconfiture de Fugueuse, me dit-on.

Ça peut se comprendre. Leur émission a obtenu un tel rayonnement que l’on s’attendait tous à une razzia de Fanny, Damien et Natacha la pas fine.

« Ce n’est pas la première fois qu’il y a des surprises dans un gala. Il y en a toujours aux Oscars », rappelle Mario Cecchini, qui cédera son poste de président de l’Académie à Sophie Deschênes (productrice Mensonges, O’, Faits divers et Les pays d’en haut) à la fin du mois.

Aux audimètres, 1 291 000 téléphiles ont regardé ce gala court et punché. C’est une hausse par rapport aux 1 135 000 fidèles de l’an passé. Le temps superbe n’a pas gardé tout le monde à l’extérieur, finalement.

Courrier de la télécommande

D’abord, concernant l’utilisation du mot floss dans ma chronique d’hier, qui a déstabilisé plusieurs lecteurs. Voici les explications.

Le flossing, qui n’a pas d’équivalent en français, désolé, c’est une danse relativement nouvelle qui ressemble à un passage de soie dentaire, devant et derrière le corps. Après la victoire de Plan B, Louis Morissette l’a exécutée sur la scène. Les deux bras restent parfaitement tendus et se balancent, de gauche à droite, sans jamais se croiser.

Si des préados gravitent dans votre entourage, c’est impossible d’avoir été épargné par le phénomène du flossing. Fin de la parenthèse.

Maintenant, la qualité du son dans les téléséries. Ça ne finit plus de râler contre les répliques qui se perdent dans l’environnement sonore tonitruant.

La faute ne revient pas nécessairement aux producteurs et aux diffuseurs des émissions plombées par des problèmes de son. Selon un réalisateur talentueux, dont je préserve l’anonymat ici, la compression du signal par les distributeurs (Bell, Vidéotron, etc.) écrase le spectre de nuances sonores, pourtant bien claires sur les épisodes fraîchement usinés.

« On ne quitte jamais la salle de mix avec du son tout croche ou inaudible », plaide ce réalisateur.

Bref, en plus du marmonnage à proscrire, il faudra exercer des pressions sur les câblodistributeurs pour qu’ils s’assurent du degré acceptable de compression de leurs signaux. C’est loin d’être gagné, tout ça. Et ça commence à se compliquer pour rien, seigneur.

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