Entrepreneuriat

Les leçons de l’immigration

Qu’est-ce que des entreprises comme Gildan, Saputo et Transat ont en commun ? Elles ont été fondées par des immigrants qui ont fait fructifier leurs habiletés à leur profit, mais aussi au profit de leur pays d’adoption. Le débat sur l’accueil des milliers de personnes qui frappent aux portes des pays riches est l’occasion de se rappeler que l’immigration a contribué à la prospérité de la société québécoise et continue de le faire.

DES ENTREPRENEURS

Les immigrants sont plus nombreux à se lancer en affaires que le reste de la population. Selon une étude récente de la Fondation de l’entrepreneurship, 32,3 % des immigrants au Québec ont l’intention de créer une entreprise, comparativement à 18,8 % pour la population générale.

« C’est normal, parce qu’ils n’ont pas d’autre choix, explique Rina Marchand, auteure de l’étude. C’est souvent une question de nécessité, mais ça s’explique aussi par le goût du risque. Quand on a tout quitté, on est prêt à prendre plus de risques. »

DES EXPORTATEURS

Les entreprises créées par les nouveaux arrivants exportent davantage, conclut une étude du Conference Board du Canada. Elles ouvrent aussi de nouveaux horizons, parce que leurs produits sont exportés dans des pays autres que les États-Unis, où est concentrée la plus grande partie des exportations canadiennes et québécoises.

Selon le Conference Board, 12 % des entreprises détenues par des immigrants exportent ailleurs qu’aux États-Unis, comparativement à 7 % pour les autres entreprises exportatrices.

Les entreprises qui exportent ailleurs qu’aux États-Unis ont aussi un taux de croissance supérieur, selon cette étude. Entre 2007 et 2011, leurs bénéfices ont crû de 21 % par année, contre 7 % par année pour les autres entreprises.

AU QUÉBEC ET EN ONTARIO 

C’est au Québec et en Ontario que se concentre la plus forte proportion d’entreprises exportatrices fondées par de nouveaux arrivants. Et ce sont les villes les plus importantes qui accueillent le plus grand nombre d’immigrants qui profitent le plus de leur esprit entrepreneurial. Les trois quarts des immigrants qui arrivent au Québec (74,6 %) s’installent à Montréal, Laval et Longueuil. Le Québec ne réussit toutefois pas à retenir tous les immigrants qu’il accueille.

Les États-Unis, un pays qui a toujours attiré les immigrants de tous les horizons, profitent beaucoup de leur présence. Pas moins de 60 % des plus importantes entreprises technologiques du pays ont été fondées par des immigrants de première génération, dont Apple (le père de Steve Jobs est venu de Syrie) et Google.

UNE NÉCESSITÉ

La croissance de la population a ralenti au Québec et certaines de ses régions connaîtront même un déclin démographique. La part de la population en âge de travailler diminuera. Dans ce contexte, l’augmentation des quotas d’immigration est une nécessité, estime Michel Leblanc, président de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain. « Avant d’investir, les entreprises se posent la question de la disponibilité de la main-d’œuvre à long terme », explique-t-il.

Le Québec accueille actuellement quelque 50 000 immigrants par année. Ce n’est pas suffisant pour maintenir son poids au sein du Canada, selon la Chambre, qui croit qu’il faudrait augmenter ce nombre à 60 000.

L’afflux de migrants en provenance de Syrie est une occasion à saisir, selon Michel Leblanc, qui rappelle que le Québec n’a jamais regretté d’avoir accueilli les migrants du Viêtnam, à la fin des années 70.

« On a accueilli non seulement des gens qui se sont bien intégrés, mais qui ont aussi démontré leur entrepreneuriat. »

12,6 %

Part des immigrants dans la population totale du Québec

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L’immigration au Québec en 2014

 Total : 50 275 personnes

Immigrants économiques : 66,6 %

Regroupement familial : 22,5 %

Réfugiés : 9,7 %

Autres (humanitaire) : 1,2 %

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Provenance

Asie : 33,5 %

Afrique : 31 %

Amérique : 20,5 %

Europe : 14,9 %

Océanie : 0,1 %

Source : Ministère de l’Immigration, de la Diversité et l’Inclusion du Québec

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