Du pain sur la planche au chrono

Hugo Houle a fini 32e du contre-la-montre élite des Championnats du monde d’Innsbruck, hier. Satisfait de son effort, le Québécois admet qu’il n’est pas au sommet de sa forme. Son principal objectif en Autriche : aider son compatriote Michael Woods à monter sur le podium à la course sur route de dimanche.

Treizième chez les espoirs aux Mondiaux de 2013, Hugo Houle a toujours soigné son contre-la-montre. Sacré champion canadien sénior deux ans plus tard, il s’est maintenu entre le 20e et le 30e rang lors des grands rendez-vous suivants, se classant notamment 21e aux Jeux olympiques de Rio à l’été 2016.

Dans les circonstances, il serait facile de voir sa 32e place d’hier aux Championnats du monde d’Innsbruck comme une stagnation, voire un recul.

Sur un parcours exigeant, qui incluait une côte de 5 km dans la deuxième portion, le cycliste de Sainte-Perpétue a franchi les 52,1 km en 1 h 8 min 41,66 s, finissant à 5 min 39,52 s du gagnant, l’Australien Rohan Dennis.

« Ce n’est pas ma meilleure performance à vie, a froidement analysé Houle une heure après son effort. J’avais fait une meilleure performance aux Jeux olympiques en matière de puissance développée. » 

« Dans mon état de forme actuel, je suis content de ce que j’ai livré. J’ai vraiment donné le maximum. »

— Hugo Houle

Frôlant les 50 km/h de moyenne, Dennis a roulé comme un extraterrestre pour remporter un premier maillot irisé de champion mondial. Favori au départ, le tenant du titre Tom Dumoulin n’était plus dans le coup à la mi-course, et a terminé à 1 min 21,09 s pour sauver la médaille d’argent par une demi-seconde. Abonné aux deuxièmes places cette année (Giro et Tour de France), le Néerlandais semblait un peu sous le choc après l’arrivée. Le Belge Victor Campenaerts a gagné le bronze. À noter la quatrième position de Michael Kwiatkowksi, le polyvalent Polonais sacré sur route en 2014.

« Il faut être honnête, je n’ai pas la puissance d’un Rohan Dennis ou d’un Tom Dumoulin, qui sont quand même à un autre niveau, a indiqué Houle. Je pense que j’ai fait une belle performance. Il n’y a pas à rougir. Quand je regarde les gars autour de moi, ce sont quand même tous de bons cyclistes. »

Le seul représentant canadien au départ s’est notamment glissé entre les Britanniques Alex Dowsett (29e), quintuple champion national, et Tao Geoghegan Hart (35e), 13e du dernier Critérium du Dauphiné. Il a fait pratiquement jeu égal avec de gros rouleurs comme l’Italien Fabio Felline ou le jeune Russo-Français Pavel Sivakov, future pépite de la formation Sky.

« Je vais être franc, je suis arrivé ici avec aucun objectif particulier », a indiqué Houle, 10e avec Astana au contre-la-montre par équipes de marque dimanche. « La saison a été longue, je n’ai pas préparé ça du tout. Je voulais juste donner le meilleur de moi-même pour représenter mon pays. C’est important pour toute l’équipe qui travaille très fort pour nous mettre dans les meilleures dispositions. »

Jeux olympiques

À deux ans des Jeux de Tokyo, Houle veut se remettre sérieusement à la préparation de l’épreuve chronométrée.

À son retour au pays la semaine prochaine, il prendra d’ailleurs livraison d’un nouveau modèle de vélo de contre-la-montre avec frein à disque d’Argon 18. Des journées de tests sont prévues, dont une à la mi-octobre sur le vélodrome extérieur de Bromont. Il pourra aussi utiliser le Notio Konect, gadget dernier cri de l’entreprise de Gervais Rioux qui fournit le coefficient d’aérodynamisme en temps réel.

Houle collabore également avec le Laboratoire d’innovations et technologies pour le sport et la performance humaine de l’Université du Québec à Trois-Rivières, une initiative commune de Claude Lajoie et de Frédéric Domingue, professeurs aux départements des sciences de l’activité physique et de génie électrique et physique.

« Ils peuvent apporter des informations intéressantes. On a de belles ressources au Québec ; je vais essayer de les utiliser au maximum pour vraiment m’améliorer. »

D’ici là, Houle s’attaque à son projet principal dans le Tyrol autrichien, celui d’aider son compatriote Michael Woods à monter sur le podium à la course sur route de dimanche.

« J’y crois parce que Mike a été capable de gagner une étape à la Vuelta et sa préparation a été planifiée pour qu’il soit plus fort ici, a-t-il noté. De mon côté, je suis à 100 % derrière lui. Avec Antoine [Duchesne] – et on a aussi Rob Britton –, on va essayer d’aller le plus loin possible avec lui pour l’épauler et lui faire économiser de l’énergie. Ce n’est pas arrivé souvent avec l’équipe canadienne qu’on ait une chance de podium ou même de top 10, ce qui serait quand même respectable dans un Mondial aussi difficile. »

Les Mondiaux d’Innsbruck se poursuivent aujourd’hui avec les courses sur route juniors féminine et masculine. Huitième l’an dernier en Norvège et cinquième au contre-la-montre lundi, Simone Boilard peut légitimement viser un podium (arrivée prévue à 5 h 15 HNE). Magdeleine Vallières-Mill, victime d’une fracture à un pouce au CLM, devrait prendre le départ. Absent du CLM (contrairement à ce que nous avons écrit mardi), le Montréalais Robin Plamondon sera l’un des cinq partants canadiens.

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