LA VIDÉO DE LA SEMAINE

Chez soi

Après deux décennies à chercher l’aventure et l’exotisme partout dans le monde, le pagayeur slovène Gregor Zadravec revient chez lui et explore la rivière locale. Très zen.

LE CHIFFRE DE LA SEMAINE

216

Nombre d’arbres qu’un seul castor peut abattre en une année.

Vélo de montagne

Pas plus d’impact sur la nature que la rando

La journée ne fait que commencer dans la forêt. On entend le chant des oiseaux, le bruissement des feuilles. Un groupe de joyeux cyclistes chevauchant des vélos de montagne défile rapidement avant de disparaître. Le calme revient, comme si personne n’était passé. Le sentier lui-même porte peu de traces du passage des cyclistes.

Des études réalisées au cours des années au Canada, aux États-Unis et ailleurs dans le monde montrent que les vélos de montagne et les randonneurs ont un impact similaire sur les sentiers et sur la faune, notamment la faune ailée.

« Ton vélo fait un peu plus de bruit quand tu passes près d’une paroi [où il y a des oiseaux], mais il passe plus rapidement, affirme Lucie Lanteigne, directrice générale de Vélo Québec Association. Il n’y a pas plus d’impact qu’un randonneur qui fait moins de bruit mais qui est là plus longtemps. »

De même, les vélos ne causent pas plus d’érosion que les randonneurs. En fait, l’érosion est davantage liée à la façon dont le sentier est aménagé et entretenu qu’au type d’usager.

« Tant qu’on parle d’usage non motorisé, qu’on soit en randonnée pédestre ou à vélo, l’impact est similaire si le sentier est bien conçu. »

— Éric Léonard, responsable de l’International Mountain Bike Association (IMBA) Canada pour le Québec

M. Léonard rappelle que lorsque le vélo de montagne avait fait son apparition, à la fin des années 80, on l’avait envoyé sur toutes sortes de sentiers qui n’étaient pas conçus pour cela, comme des sentiers de ski de fond, avec des résultats pour le moins mitigés. Bien des cyclistes se sont retrouvés dans des terrains peu propices, comme des marécages.

DU PROGRÈS, MAIS…

Il note qu’au cours des 25 dernières années, les concepteurs de sentiers ont réalisé beaucoup de progrès en matière d’aménagement durable. L’IMBA a notamment préparé un guide d’aménagement de sentiers de vélo de montagne qui permet de maximiser la satisfaction des cyclistes et de minimiser l’érosion et les conflits entre divers usagers.

« Il y a plus de science derrière les sentiers », soutient Éric Léonard.

Des municipalités et des responsables de fiducies foncières qui veulent aménager des espaces naturels sont toutefois encore hésitantes à l’idée de prévoir des sentiers pour le vélo de montagne, craignant un lourd impact sur la nature.

« Nous avons encore à sensibiliser les intervenants et les décideurs. Qu’on parle de sentiers de vélo ou de randonnée pédestre, on aura des problèmes d’érosion et de coûts si on n’a pas un aménagement qui est bien fait et durable. »

— Lucie Lanteigne, directrice générale de Vélo Québec Association

Il faut donc investir dans les sentiers : travailler sur la qualité de la surface, sur le drainage, etc.

« C’est notre cheval de bataille, lance Mme Lanteigne. Il y a une perception que les sentiers, ça demande très peu d’argent. Les gens trouvent que c’est normal de mettre 12 millions pour construire un centre nautique, mais si on demande 80 000 $ pour investir dans un sentier, les gens disent que c’est catastrophique. »

Elle explique que c’est une question de contexte. Historiquement, lorsqu’on faisait des sentiers de randonnée, on investissait peu dans l’aménagement.

« C’était aménagé tout croche, mais c’était correct parce qu’il y avait peu de gens, note Mme Lanteigne. Maintenant, il y a beaucoup plus de gens dans les bois. C’est un beau problème. »

NOUVEAUX USAGERS

Il y a d’ailleurs de nouveaux types d’usagers, comme les amateurs de course en sentier. Selon Éric Léonard, la cohabitation avec les vélos de montagne se fait plutôt bien.

« L’expérience que le coureur recherche est pas mal similaire à celle du cycliste, affirme-t-il. On aime courir de bonnes distances, on ne veut pas de pentes trop abruptes. Cette complémentarité favorise le partage. »

On trouve d’ailleurs de plus en plus de sentiers partagés. Selon M. Léonard et Mme Lanteigne, les conflits entre les divers usagers peuvent être minimisés par un aménagement, une signalisation et une réglementation qui sont adéquats.

« Quand ce n’est pas clair, quand on ne sait pas si on peut aller dans un sentier ou pas, quand on ne sait pas si c’est un sens unique, quand c’est mal aménagé, mal pensé, c’est à ce moment-là qu’on a des conflits », soutient Mme Lanteigne.

Évidemment, il y a encore des sentiers séparés qui cherchent à satisfaire les besoins spécifiques des usagers : de la fluidité pour les vélos de montagne, des accès sur des caps rocheux pour les randonneurs.

« Si on investit dans les sentiers, on va faire en sorte que les clientèles soient heureuses », résume Mme Lanteigne.

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