entente de principe avec québec

La rémunération des médecins spécialistes baissera d’un demi-milliard

Québec — La rémunération des médecins spécialistes baissera à terme d’un demi-milliard par année en vertu de l’entente de principe conclue vendredi. La loi spéciale évoquée en début de semaine par le gouvernement Legault est donc écartée.

Selon nos informations, l’entente conclue par le président du Conseil du trésor, Christian Dubé, et la présidente de la Fédération des médecins spécialistes du Québec (FMSQ) est d’une durée de quatre ans. Si elle est ratifiée telle quelle, l’enveloppe de rémunération des médecins baissera d’environ 500 millions, soit près de 10 %, ainsi que le rapportait La Presse jeudi.

C’est la présidente de la FMSQ, Diane Francoeur, qui a annoncé l’accord vendredi midi lors d’une allocution devant 1000 collègues. Elle a dit espérer tourner la page sur une période difficile pour ses membres, dont les salaires ont fait l’objet de nombreuses critiques sur la place publique.

« On a fait ce qu’on devait faire, a-t-elle déclaré. Nous sommes allés plus loin que nos obligations. On a prévenu des dérapages, on a voulu éviter la crise parce qu’on n’en veut plus, de ces chicanes. »

« Le temps est enfin venu de tourner la page. Fini le dénigrement des médecins spécialistes. »

— Diane Francoeur, présidente de la Fédération des médecins spécialistes du Québec

En campagne électorale, François Legault avait promis d’annuler les augmentations de salaire accordées par le gouvernement Couillard aux spécialistes et de réduire leur rémunération d’un milliard par année.

Sauf qu’au cours des derniers mois, le premier ministre a modéré les attentes. Il a plutôt visé à ce que les revenus des spécialistes soient inférieurs de 9 % à la moyenne de leurs homologues canadiens. C’est le même écart de rémunération qu’entre les autres professionnels québécois et ceux du reste du Canada.

Objectif atteint, selon Dubé

L’accord de vendredi permet d’atteindre cet objectif, a indiqué Christian Dubé en entrevue.

« On a réussi à trouver ce lieu commun […] qui permet de dire que moi j’ai atteint ce que je voulais faire, Mme Francoeur aussi, et en même temps, on va avoir de l’argent qu’on peut retourner dans la santé », a-t-il affirmé.

Il a convenu que le gouvernement avait « raffiné » sa position sur la rémunération des spécialistes. C’est pourquoi l’entente de principe ne vise pas qu’à réaliser des économies pour l’État, mais aussi à améliorer les soins de santé.

« Jugez-nous sur l’ensemble de l’entente », a résumé M. Dubé.

Ni la FMSQ ni le gouvernement n’ont accepté de dévoiler les termes de l’entente, se disant liés par une entente de confidentialité.

Ce n’est que dans « deux à trois semaines » que le public pourra en prendre connaissance, a indiqué Mme Francoeur, le temps que les textes soient finalisés.

Elle a cependant confirmé que les spécialistes avaient offert des « concessions » au gouvernement. Les sommes qui seront économisées par l’État serviront à financer un « institut de la pertinence » des soins qui veillera à éviter les dédoublements d’actes médicaux tout en réduisant les délais pour les patients.

« Les sommes que nous allons mettre dans l’entente vont être utilisées surtout pour travailler dans la pertinence des soins – le bon patient, au bon moment, par le bon professionnel de la santé », a dit Mme Francoeur.

En début de semaine, Christian Dubé a lancé un ultimatum à la FMSQ et laissé entendre qu’il déposerait une loi spéciale si une « perspective d’entente » n’était pas envisageable à la fin de la semaine. L’entente de principe est survenue le jour même de la date butoir.

En début de journée, le député de Québec solidaire Sol Zanetti n’a pas manqué de rappeler le premier ministre à ses engagements électoraux.

« On était partis à 1 milliard, après ça c’était 650 millions, cette semaine, c’est rendu 500 millions. Une chance que les négociations doivent se terminer aujourd’hui [vendredi] et pas la semaine prochaine parce qu’on serait peut-être rendus à leur donner de l’argent », a-t-il ironisé.

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