Succès d’exportateurs 2/4

Quand le succès passe d’abord par l’étranger

On annonçait au début de juin que l’outil de dépistage automatisé de la rétinopathie diabétique grâce à l’intelligence artificielle, conçu par l’entreprise Diagnos, ferait l’objet d’une vitrine technologique au Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM). Ce qui est moins connu, c’est que son service existe depuis 2009, qu’il est déjà en vente dans 16 pays et qu’il a dépisté plus de 222 000 patients.

« Avec une photo du fond de l’œil, nos algorithmes détectent les anomalies sur la rétine causées par le diabète, classifient les cas par sévérité et font des recommandations de visite chez un médecin spécialiste en ophtalmologie en suivant les délais prescrits par l’American Academy of Ophthalmology », explique Yves-Stéphane Couture, vice-président des ventes de Diagnos.

La rétinopathie diabétique est une grave complication du diabète qui peut mener à une perte définitive de la vision.

Alors que les cas de diabète sont nombreux dans beaucoup de pays, que le suivi pour dépister la rétinopathie diabétique doit être régulier et que les ophtalmologues sont souvent une denrée rare, la solution automatisée proposée par Diagnos a rapidement suscité de l’intérêt.

« Notre service est souvent installé dans des hôpitaux, ou utilisé dans des cliniques mobiles pour faire du dépistage à grand volume, précise Yves-Stéphane Couture. Nous avons beaucoup travaillé avec des entreprises pharmaceutiques pour réaliser nos projets à l’étranger. »

— Yves-Stéphane Couture, vice-président des ventes chez Diagnos

Pour cibler des pays où concentrer son développement d’affaires, l’entreprise regarde le taux de prévalence du diabète dans les différentes régions du monde. Elle a aussi participé au dernier congrès, en décembre, de l’International Diabetes Federation, à Abou Dhabi, un événement qui réunit les grands acteurs dans le domaine de la lutte contre le diabète.

« Nos plus grands marchés actuellement sont le Mexique, où nous avons un bureau, puis le Moyen-Orient, l’Afrique du Nord et les États-Unis. » 

Les États-Unis dans la ligne de mire

Les États-Unis sont maintenant l’un des marchés qui se trouvent au cœur de la stratégie de croissance de Diagnos. En exportant un service infonuagique, l’entreprise a l’avantage de ne pas être touchée par les tarifs douaniers récemment imposés par le président américain.

« Nous nous déployons en Californie, où nous avons déjà trois cliniques qui utilisent notre technologie », indique Yves-Stéphane Couture.

L’entreprise commence aussi à travailler avec les délégations du Québec aux États-Unis, notamment à Boston et à Chicago.

Diagnos a obtenu en 2011 la certification de la Food and Drug Administration pour commercialiser sa technologie aux États-Unis.

Difficile percée au Québec

L’annonce de la vitrine technologique au CHUM, pour laquelle le ministère de l’Économie, de la Science et de l’Innovation attribue une aide financière de près de 160 000 $, est aussi une très bonne nouvelle pour l’entreprise qui souhaite également faire sa place dans le système de santé du Québec.

Plus de 880 000 Québécois vivent avec le diabète, soit plus de 10 % de la population, d’après Diabète Québec. Le diabète est la première cause de cécité chez les gens de 65 ans et moins.

Diagnos a obtenu en 2009 la certification de Santé Canada pour son outil.

« Percer le marché de la santé avec de nouvelles technologies n’est pas évident au Québec, mais nous croyons que c’est le bon moment maintenant, affirme Yves-Stéphane Couture. Après la vitrine, nous travaillerons avec la Régie de l’assurance maladie du Québec pour que notre service soit disponible. Nous sommes convaincus que l’expérience au CHUM amènera d’autres joueurs québécois à adopter notre technologie. »

Diagnos en bref

Année de fondation : 2001

Siège social : Brossard

Nombre d’employés : 23 employés à Brossard et au Mexique

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