Congrès de l’ACFAS

Sciences sociales, biologie, génie, santé : toute la semaine, nos journalistes font le compte rendu des meilleures recherches dévoilées au 85congrès de l’ACFAS, la grand-messe de la science en français qui rassemble cette année plus de 5000 chercheurs et étudiants à l’Université McGill.

Congrès de l’ACFAS

De moins en moins de pauvreté chez les personnes âgées

Le taux de pauvreté chez les personnes âgées québécoises a reculé de façon importante depuis quelques décennies et le progrès continuera dans l’avenir, selon une chercheuse de l’Université Laval. Les progrès sont particulièrement importants pour les femmes, chez qui le taux de pauvreté est actuellement plus grand que celui des hommes.

« Grâce aux régimes publics de pension, le taux de faible revenu passe de 14 % chez les 55-64 ans à 6,7 % pour les plus de 65 ans », explique Laure Sébrier, qui présentait ses résultats mercredi au congrès de l’ACFAS. « Le taux est légèrement supérieur pour les femmes, particulièrement si elles vivent seules, parce qu’elles ont généralement moins travaillé que les hommes et ont donc moins accès aux régimes de retraite publics ou privés. »

Pourquoi ne pas utiliser le terme « taux de pauvreté » ? « On n’aime pas utiliser le terme pauvreté au Québec », dit Mme Sébrier.

Selon une étude de Statistique Canada publiée l’an dernier, le taux de pauvreté au Canada dépassait 30 % chez les personnes âgées dans les années 70. Les dernières données de Statistique Canada font état d’un revenu médian de 20 700 $ à l’âge d’or, contre 24 900 $ chez les adultes.

Selon les calculs de Mme Sébrier, le taux de faible revenu chez les personnes âgées diminuera de moitié d’ici 2050. Pour les femmes seules, il passera de 10 à 5 %. 

« Les femmes travaillent plus maintenant, ça réduit leur dépendance à la rente de leur conjoint. »

— Laure Sébrier, chercheuse à l’Université Laval

Ce seuil est basé sur un panier de consommation typique. Il est actuellement à 33 146 $ pour une famille de quatre personnes à Montréal et de 16 573 $ pour une personne seule. Le taux est légèrement inférieur ailleurs au Québec. La projection de Mme Sébrier a utilisé l’inflation prévue pour ajuster ces seuils.

Autre amélioration notable, la proportion de personnes âgées qui gagnent seulement un peu plus que le seuil de pauvreté, qui est actuellement très élevée, va beaucoup diminuer. Il y aura notamment en 2050 une proportion quatre fois plus faible de veuves gagnant 110 % du taux de faible revenu, 10 % plutôt que 43 %, a calculé Mme Sébrier.

En chiffres

45 % des veuves de plus de 65 ans ont des revenus inférieurs à 110 % du seuil de pauvreté

30 % des veuves de plus de 65 ans ont des revenus inférieurs à 105 % du seuil de pauvreté

13 % des veuves de plus de 65 ans ont des revenus inférieurs au seuil de pauvreté

Sources : Université Laval, Chaire de recherche Industrielle Alliance sur les enjeux économiques des changements démographiques

Aide à domicile en région

L’aide à domicile en région éloignée devrait parfois inclure de l’aide pour l’entretien de la maison, selon un sociologue du cégep de Gaspésie. « La plupart des personnes âgées dans les petits villages de Gaspésie vivent dans des unifamiliales », explique Pierre-Luc Lupien, dont la présentation était donnée mardi. « Traditionnellement, l’homme s’occupe de l’entretien de la maison. Quand il meurt, la veuve a souvent de la difficulté à le faire. Mais déménager dans un foyer dans une plus grosse ville est très déstabilisateur, parce que souvent, elle a vécu toute sa vie dans le même village et y a tous ses contacts sociaux. »

Accompagner les vieux locataires

Le tiers des évictions de locataires concernent des personnes âgées, selon un anthropologue de l’INRS. « Pour les personnes âgées, faire face à une éviction est très traumatisant », a expliqué mardi Julien Simard dans sa présentation. « Il est difficile d’avoir des données précises, mais ils sont souvent plus susceptibles d’être visés par les propriétaires à cause de leur fragilité et aussi parce qu’ils vivent depuis longtemps dans le même lieu, donc sont plus susceptibles d’avoir un loyer [réduit]. » Une nouvelle loi interdisant généralement les expulsions de locataires de plus de 70 ans ayant habité plus de dix ans au même endroit a amélioré les choses, selon M. Simard, qui note cependant que la présidente de l’Association de défense des droits des personnes retraitées (AQDR) a récemment fait état d’une augmentation de la discrimination envers les personnes âgées se cherchant un logement. L’AQDR était l’an dernier favorable à cette loi.

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