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Un incubateur lui-même parti de zéro

Diriger l’OBNL qu’est un incubateur n’est pas une mission de tout repos. Martin Lessard, directeur général du MT Lab, a dû lui-même partir de quasiment zéro pour construire une offre d’incubation… un peu comme les entrepreneurs qu’il aide à créer leur entreprise.

« Ma mère a toujours été incapable de dire ce que je faisais, affirme Martin Lessard. J’ai toujours pris des emplois avec des définitions de tâches peu claires, dont le point commun était de fonder quelque chose. »

Armé d’une maîtrise en multimédia, il a été successivement directeur de compte en agence de marketing (Cossette, BBDO), avant de se spécialiser dans les technologies numériques comme chargé de cours, consultant, formateur, blogueur et chroniqueur techno chez Radio-Canada.

Tout seul, sans bureau

Au début de l’année 2017, Martin Lessard devient directeur général du MT Lab, l’incubateur montréalais d’innovations en tourisme, culture et divertissement. « Je suis le relais entre le monde de l’innovation et celui du tourisme, résume-t-il. Je parle le langage des innovateurs aux experts en tourisme. »

Mais en mars 2017, quand il prend son poste, il est seul et tout est à construire. « Quand on m’a nommé, on m’a dit : c’est ton affaire, make it happen. »

Le défi est simple : construire à partir de rien. « Je ne savais pas de quels postes j’avais besoin, alors je validais au fur et à mesure : maintenant, il me faut quelqu’un aux communications… là, c’est une personne qui se consacre à la gestion de l’espace et de l’accueil… », illustre-t-il.

Quand il lance l’appel à candidatures de la première cohorte du MT Lab, l’incubateur n’a pas encore de locaux. « Les start-up sont entrées dans les locaux alors que la peinture n’était pas sèche ! », sourit-il.

Rester agile

La première cohorte est limitée à huit start-up « pour tester la formule », précise M. Lessard, dont la grande satisfaction a été de voir trois d’entre elles connaître un décollage en force au cours de leur année d’incubation. Cet été, 12 nouvelles start-up ont été accueillies pour 93 candidates.

Mais en 18 mois d’existence du MT Lab, le plus grand défi n’a pas été de choisir la couleur de la peinture… 

« Le plus difficile a été de faire le moins de promesses possible et de livrer davantage. L’important est de toujours être connecté aux besoins et d’être assez agile pour y répondre. » 

— Martin Lessard, directeur général du MT Lab

Et ce défi grandit avec la croissance de l’incubateur. « Quand on commence, on est agile, mais il est indispensable d’éviter que les choses se figent avec le temps, pour que le MT Lab évolue avec les besoins de l’écosystème. »

Quant aux lourdeurs administratives, Martin Lessard croit que le fonctionnement du MT Lab l’éloigne de ce genre de préoccupations. À la fondation de l’incubateur, Paul Arseneault, le titulaire de la Chaire de tourisme de l’UQAM, et Pierre Bellerose, vice-président Innovation à Tourisme Montréal et président du conseil de MT Lab, avaient un plan d’affaires basé sur des partenaires privés et semi-privés, explique M. Lessard.

« Les partenaires s’engagent pour trois ans, et ensuite nous allons voir le gouvernement sur des points précis, explique-t-il. C’est moins lourd ainsi, car nous demandons juste à huiler davantage, en montrant que ce que nous faisons fonctionne. »

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