Gourmand

Du bon jus dans Rosemont

Une équipe de feu s’allie pour offrir, dès le début de l’été, une buvette de quartier aux résidants de Rosemont. C’est dans l’ancien Brutus, rue Beaubien Est, que ce projet à plusieurs têtes prend actuellement forme. Y réunissent leurs forces : Isle de Garde, Harricana et l’agence d’importation de vins Ward & Associés, ainsi que le sommelier Nikolas Da Fonseca (Petit Mousso), la chef Marina De Figueiredo (Candide) et Antonin Frenette-Laporte (Isle de Garde). Tout ce beau monde veut offrir au quartier un établissement convivial de 70 places où l’on pourra boire des vins « vivants », quelques bières et profiter d’une carte tout en simplicité, à prix d’ami. Qui a hâte à l’été ? — Iris Gagnon-Paradis, La Presse

GOURMAND

Boucheries, viandes et savons

Avez-vous remarqué de petits savons colorés entre les filets mignons et les rôtis de palette à la boucherie du coin ? Des bouchers se lancent en effet dans la confection de nettoyants pour le corps avec leurs surplus de gras de bœuf ou de porc.

À la boucherie Ça va barder, Charles Lefebvre reçoit des carcasses entières. Pour réduire le gaspillage au maximum, il essaie d’utiliser toutes les parties de l’animal. Avec les os, il mijote bien sûr des bouillons et avec le gras, il cuisine des rillettes, des pâtés et des cretons. Mais quand il lui reste encore de la graisse animale, il conçoit des savons.

Dans les recettes qu’il prépare, le charcutier privilégie toujours des ingrédients venant de producteurs locaux qui partagent ses valeurs. Il va de soi qu’il fait la même chose avec les savons à la menthe ou au romarin qu’il fabrique.

« Je connais la provenance de la viande que je sers à mes clients. Le gras dans les savons vient des mêmes animaux. Ils viennent du Québec et ils sont tous élevés sans hormone et sans antibiotique. »

— Charles Lefebvre, de la boucherie Ça va barder

Avec le gras de rognon ou de dos, Pascal Hudon, de la boucherie Pascal le boucher, dans Villeray, prépare lui aussi des gâteaux pour les oiseaux et des savons (pour les humains) !

Le nettoyant le plus populaire demeure celui sans fragrance, même si le boucher se sert parfois d’huiles essentielles locales comme celles au sapin ou au miel. Il parfume aussi un savon au cacao avec le grué de cacao d’Avanaa, une chocolaterie du même quartier.

Au départ, Pascal s’est lancé dans la confection de savon un peu pour s’amuser et pour faire comprendre à ses clients comment on fabrique un pain nettoyant.

« Mais on s’est fait prendre au jeu. La vente de savon demeure hyper marginale, mais on voit que les gens tripent. Ils achètent souvent le produit par curiosité et ils nous reviennent en disant qu’ils voient une différence sur leurs mains, sur leur peau. »

Compte tenu de la réaction de sa clientèle, Pascal n’a plus le choix. Il doit toujours tenir des savons non loin de la viande de volaille, de bœuf et de porc.

Un savon, trois ingrédients

Depuis un an, David Aghapekian, de la boucherie Dans la côte, n’achète plus du tout de savon pour se laver. Il utilise ceux qu’il fabrique avec les excédents de gras de bœuf ou de porc de son commerce. La composition des savons dits « commerciaux » le laisse d’ailleurs perplexe.

« Pourquoi les savons contiennent une trentaine d’ingrédients alors qu’on peut en fabriquer avec seulement trois ? »

— David Aghapekian, de la boucherie Dans la côte

Même si ce n’est pas écrit clairement sur les emballages de savon, ceux-ci sont conçus avec du gras parfois végétal, souvent animal, dit David.

« La plupart des savons commerciaux, bien sûr, ils ne sont pas véganes. Les grandes marques sont malignes. Elles n’écrivent pas “gras de bœuf” sur leur emballage, mais plutôt “tallowate de sodium”, qui est la molécule de gras de bœuf chimiquement transformé. »

David ne se considère pas du tout comme un savonnier. Il n’a rien inventé, dit-il. Il s’inspire simplement d’une recette de nos grands-mères, qui avaient l’habitude de récupérer tout ce qu’elles pouvaient. Pour ce faire, il mélange un acide (de l’hydroxyde de sodium) avec le gras. Il ajoute un peu d’huile de coco pour un effet moussant.

Depuis qu’il propose ses savonnettes, des clients se présentent la boucherie non pas pour acheter de la viande, mais pour s’approvisionner en savon ou même en gras. Ils veulent à leur tour essayer de produire des savons artisanaux à la maison.

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