Démission du ministre Daoust

Une controverse de trop

Comment Jacques Daoust peut-il nier avoir donné son accord à la vente des actions de Rona alors que tout porte à croire le contraire ? Cette question lancinante aura finalement eu raison de la carrière politique de l’ex-banquier, qui a remis sa démission comme ministre des Transports et député de Verdun, hier en fin d’après-midi. C’est la goutte qui a fait déborder un vase déjà bien rempli.

« Force est de constater que […] le dossier concernant les actions de Rona est devenu une distraction », a reconnu Jacques Daoust dans une déclaration écrite.

Cette crise qui couvait depuis des mois a repris de la vigueur hier matin après la diffusion, par le réseau TVA, d’un échange de courriels montrant son ex-chef de cabinet relayer sa bénédiction à Investissement Québec. Apparemment, c’est la goutte qui a fait déborder le vase. Mais il faut dire que celui-ci était déjà bien plein.

Les auditions publiques prévues jeudi prochain pour tirer cette affaire au clair n’auguraient déjà rien de bon, ni pour M. Daoust ni pour ce gouvernement qui, jusque-là, l’avait soutenu contre vents et marées.

L’extrait d’un procès-verbal d’Investissement Québec rendu public en juin dernier laisse peu de place à l’interprétation. Le PDG par intérim de la société d’État « fait état de l’accord donné par le ministre responsable de la Société relativement à la vente de la totalité des actions de Rona », indique le document.

Le conseil d’administration a autorisé cette vente « sous réserve d’une consultation préalable auprès du ministre responsable », lit-on dans un compte rendu précédent.

Le témoignage du dirigeant d’Investissement Québec et des autres protagonistes de l’affaire risquait de porter le coup de grâce à la version, déjà peu crédible, de Jacques Daoust – enfin, comment le ministre responsable d’Investissement Québec peut-il trouver normal de ne pas être tenu au courant du sort d’une participation aussi stratégique ? Le déni de l’ex-ministre de l’Économie est d’autant plus incompréhensible que cette décision prise à la fin de l’année 2014 était alors tout à fait justifiable et que la vente subséquente de Rona, n’en déplaise aux partis d’opposition, était pratiquement inévitable.

Il est devenu clair, hier matin, que le premier ministre Philippe Couillard avait perdu confiance en Jacques Daoust. Mais celui-ci avait perdu la confiance du public bien avant. Sa piètre défense du soutien financier accordé à Bombardier Aéronautique de même que sa gestion louvoyante du dossier Uber et la fameuse « crise de la clé USB » au ministère des Transports auront fait froncer et hausser plus d’une paire de sourcils. Sa prestation récente comme ministre des Transports lors de la fermeture dramatique de l’autoroute Métropolitaine était en revanche tout à fait honorable. Malheureusement pour lui, ce fut trop peu, trop tard.

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