Musique

Despacito bannie des ondes publiques en Malaisie

La Malaisie a banni le tube Despacito des ondes de la radio et de la télévision d’État. Le ministre des Communications a indiqué que la décision découlait de plaintes du public selon lesquelles ses paroles sont obscènes, mais que l’interdiction ne toucherait pas le remix de Justin Bieber. La version originale de Luis Fonsi et Daddy Yankee et son remix sont devenus cette semaine les morceaux les plus écoutés de tous les temps sur les services de diffusion en continu, totalisant plus de 4,6 milliards d’écoutes. — Agence France-Presse

HUmour Critique

Un spectacle amateur

Drôld’r
JiCi Lauzon
À la salle Claude-Léveillée jusqu’au 23 juillet
1 étoile

47,57 $. Voilà ce qu’il en coûte pour assister au nouveau spectacle de JiCi Lauzon à la salle Claude-Léveillée, soit 5 $ de plus que pour découvrir celui de Pierre Hébert et 2 $ de moins que pour s’offrir celui de Mariana Mazza. À ce prix-là, et surtout dans le cadre de la série Têtes d’affiche – 35 ans, 35 humoristes, on pourrait s’attendre à un minimum de professionnalisme. Drôld’r est plutôt un spectacle amateur à tous points de vue.

Bien qu’il s’agisse du quatrième one man show de JiCi Lauzon, cela faisait 20 ans qu’il n’avait pas organisé de première montréalaise. Dès notre entrée dans la salle d’une centaine de places, à la vue du décor (une toile représentant un mur de briques et une cime d’arbre en papier), on se dit que l’humoriste doit avoir un plan : l’aspect amateur de la chose doit forcément contribuer à l’effet comique du spectacle, d’une manière ou d’une autre.

Après quelques blagues sur son âge, sa carrière, sa campagne fédérale avec le Parti vert ou sa tournée des maisons de retraite, on est persuadé que l’humoriste va jouer la carte de l’autodérision. Mais il n’en sera rien. JiCi Lauzon nous présente un spectacle du calibre de ceux qui pourraient être donnés par de gentils bénévoles remplis de bonnes intentions, mais guère de talent.

Bien loin des années 100 limite, JiCi Lauzon a les deux pieds dans sa période G.O. du Club Med. L’humoriste relate son parcours à travers les époques, qui lui inspirent des chansons qu’il interprète sur scène avec sa guitare, sans même tenter de les parodier.

« Les vieilles chansons parlent de la nature, alors j’aime ça », lance-t-il avant de chanter L’eau vive. La trame narrative censée donner un sens à ce tour de chant ? JiCi Lauzon joue pour une dame de 90 ans dans une cour arrière, mais cette dernière s’est foulé la cheville. Il se retrouve à devoir s’exécuter devant des baby-boomers, puis un public d’enfants.

« On n’a pas juste fait la loi 101, on a aussi fait les 101 positions », lâche-t-il en parlant des baby-boomers, avant d’enchaîner : « On voulait fonder un pays, mais on avait du mal à fonder une famille. »

Sans transition et sans humour, il passe d’un public à l’autre, toujours avec une touche écolo dans son discours qui sonne parfois comme un dépliant du Parti vert du Canada.

L’humoriste peut d’ailleurs compter sur la présence de Corina Bastiani (son attachée politique durant sa campagne en 2015 et coordinatrice des Productions JiCi) à ses côtés pour interpréter l’organisatrice de la fête où il se produit. Leurs interactions sont dignes d’un mauvais théâtre d’été.

L’humoriste bafouille et semble très peu à l’aise sur scène. C’est seulement quand il interprète enfin des titres de son cru comme Juste un joint Justin (sur la légalisation de la marijuana et la politique de Justin Trudeau) que JiCi Lauzon s’en sort un peu mieux.

Alors que deux spectateurs (s’étaient-ils trompés de spectacle ?) quittent la salle après près d’une heure, l’humoriste leur lance, un brin désemparé : « Va-t’en pas, je vais m’améliorer ! »

Incapable d’effectuer le changement de décor (totalement inutile, d’ailleurs), JiCi Lauzon ne se donne même pas la peine d’improviser pour distraire le public.

À la sortie de cette soirée catastrophe, une question nous taraude : quelqu’un à Juste pour rire a-t-il vu ce spectacle avant de l’ajouter à la programmation officielle du festival et de demander au public 47,57 $ pour assister à un show amateur ?

« Puisque nous programmions 35 humoristes, l’idée était surtout de faire confiance à l’artiste. La majorité des spectacles qui ont été programmés sont tout frais pour les artistes, donc je n’ai pas pu les voir avant. Dans l’ère actuelle, les artistes sont très disciplinés, donc je savais que je pouvais leur faire confiance. Je crois que c’est réussi. Nous n’avons eu aucune plainte pour le moment », nous a répondu, sans grande surprise, Junior Girardeau, producteur à Juste pour rire.

Drôld’r est une insulte au travail des dizaines de talentueux humoristes de la relève qui, dans des salles pas mal moins glamour que Claude-Léveillée, devant un public bien souvent venu pour boire une bière plus que pour les entendre débiter leurs textes travaillés des heures durant, rêveraient de pouvoir apposer le logo de Juste pour rire sur leur CV.

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