Mon clin d’œil

L’ouragan Michaëlle aurait perdu beaucoup de force en s’approchant des côtes du Sommet de la Francophonie.

Opinion 

Ça suffit, l’essence !

Nous diminuerions fortement notre dépendance en nous tournant vers l’hydroélectricité pour faire rouler nos voitures

Le récent rapport du GIEC nous interpelle tous sur ce que nous pouvons faire pour éviter le dérèglement total du climat. Il nous oblige à nous questionner sur notre mode de vie, nos habitudes et notamment notre consommation d’essence pour nos transports.

À ceux qui s’en soucient peu, rappelons que brûler de l’essence ne produit pas seulement des gaz à effet de serre, dont les générations suivantes subiront les conséquences. Ça produit aussi, entre autres, du dioxyde de soufre, du benzène, des oxydes d’azote, des particules fines et des métaux lourds volatils.

Ces composantes toxiques que nous respirons irritent nos poumons, durcissent nos artères, altèrent notre ADN.

Les études ont prouvé que ceux d’entre nous qui vivent près des grands axes routiers souffrent plus d’asthme et meurent plus de crises cardiaques, d’accidents vasculaires cérébraux et de cancers.

Voilà des conséquences immédiates de notre consommation d’essence, qui devraient nous convaincre tous à agir. 

Nous pouvons diminuer considérablement notre consommation d’essence en nous tournant, massivement et collectivement, vers le transport électrique. Quels sont les obstacles ? 

Autonomie et prix d’achat

La première crainte des automobilistes concerne l’autonomie des véhicules électriques. Cette crainte est peu justifiée, puisque l’autonomie de ces véhicules s’améliore sans cesse, de même que le nombre de bornes de recharge, si bien que ceux qui conduisent ces véhicules en sont très satisfaits. 

Rappelons aussi que le problème d’autonomie n’existe pas avec les véhicules hybrides branchables. Ces véhicules peuvent être branchés à n’importe quelle prise électrique et permettent de rouler à l’électricité sur une certaine distance, environ 50 kilomètres en moyenne selon les modèles, avant de passer à une consommation mixte d’électricité et d’essence, pour une autonomie totale supérieure aux véhicules à essence. 

Le deuxième obstacle, c’est le prix d’achat de ces véhicules, bien qu’ici encore ce ne soit pas justifié. Si les véhicules électriques et hybrides branchables sont plus chers à l’achat, en revanche, sur la durée de vie totale du véhicule, lorsqu’on retranche les économies d’essence, on arrive à un coût similaire à un véhicule à essence Une voiture électrique compacte permet de sauver 2000 $ d’essence par an, soit 20 000 $ sur une durée de vie standard de 10 ans. Une voiture hybride branchable compacte fera économiser au moins 10 000 $ sur la même période. 

Pour le consommateur, le problème est de payer des mensualités plus élevées pour profiter des économies par la suite, lorsque le véhicule est payé, et qu’il continue à coûter beaucoup moins cher en essence. 

C’est sur cet aspect qu’il faut interpeller notre gouvernement et réclamer son implication.

Si le Québec veut atteindre ses cibles de réduction de gaz à effet de serre, il doit mieux soutenir financièrement les citoyens prêts à se procurer des véhicules électriques et hybrides branchables.

La situation est d’ailleurs particulièrement favorable au Québec, puisque nous produisons des surplus d’électricité propre chaque année et qu’Hydro-Québec cherche désespérément à les écouler. Pour le gouvernement du Québec, il ne s’agit donc pas d’une dépense ni d’un risque : l’argent versé en aide aux acheteurs de ces véhicules reviendra dans les coffres de l’État lorsque chaque citoyen, chaque soir, branchera son véhicule dans la prise électrique de son domicile. 

Il n’y a plus de justification pour acheter un véhicule à essence en 2018. Les technologies hybrides et électriques sont fiables. L’offre de modèles est vaste. Les coûts sont similaires. La plupart des pays européens ont déjà fixé une date à laquelle la vente de véhicules à essence sera interdite. 

Il ne s’agit pas seulement de combattre les changements climatiques ni même d’améliorer la santé publique. Dans le cas du Québec, c’est aussi une question d’économie. Nous dépensons chaque année des milliards en essence et cet argent part à l’étranger dans les pays producteurs de pétrole. Nous pourrions garder cet argent ici en achetant notre électricité. 

L’occasion est belle pour notre nouveau premier ministre de montrer qu’il comprend les chiffres et les affaires.

M. Legault, si vous envisagez de permettre le forage de pétrole sur le territoire québécois pour diminuer notre dépendance au pétrole étranger, vous conviendrez qu’à plus forte raison, nous diminuerions fortement cette dépendance en nous tournant, massivement et collectivement, vers notre richesse nationale, l’hydroélectricité, pour faire rouler nos voitures.

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