Société de transport de Montréal

Baisse de 4 millions de déplacements en 2015

L'opposition réclame la démission de Philippe Schnobb

L’opposition officielle au conseil municipal a réclamé hier la démission du président de la Société de transport de Montréal (STM), Philippe Schnobb, après que la société a affiché une baisse de presque 4 millions de déplacements sur ses réseaux, en 2015, par rapport à l’année précédente.

C’est la première fois en plus de 10 ans que la STM enregistre une baisse de clientèle. La société a assuré l’an dernier un total de 413,3 millions de déplacements dans le métro et sur son réseau d’autobus, en recul de 0,9 % par rapport à 2014. Il faut remonter à 2004 pour constater une situation semblable.

Selon un bilan annuel des activités de la STM, rendu public hier, les cibles de services fixées en début d’année par le transporteur public de la métropole n’ont pas été atteintes, ni dans le métro ni pour son réseau d’autobus. Le portait d’ensemble apparaît nettement plus sombre sur le réseau de surface, alors que le taux de ponctualité des autobus a chuté et que le taux de couverture des services planifiés par la STM a enregistré une baisse par rapport à 2014, qui n’était déjà pas une année faste pour la plus importante société de transports en commun de la province.

Le taux de satisfaction globale de la clientèle a aussi enregistré un recul, tombant de 87 à 85 %, selon les sondages menés par la STM. Dans le métro, les usagers se sont dits satisfaits dans une proportion de 79 %, alors que pour le réseau d’autobus, la satisfaction des utilisateurs atteint à peine 76 %. Ces taux étaient stables à 80 %, l’an dernier.

PAS DE PROJETS CONCRETS

Le chef de Projet Montréal, Luc Ferrandez, a reproché hier au président du conseil d’administration de la STM de n’avoir pas pris parti en faveur des usagers du transport collectif quand l’administration du maire Denis Coderre a réduit le budget de la société, en 2014, et de n’avoir aucun projet concret pour améliorer les services, alors que la clientèle s’entasse de plus en plus dans des autobus qui passent moins souvent, et dans des voitures de métro de moins en moins fiables.

M. Ferrandez a par ailleurs qualifié de « loufoque » l’affirmation de la STM voulant que les baisses de clientèle soient l’effet d’une tendance généralisée en Amérique du Nord. Il a souligné que la majorité des villes membres de l’American Public Transportation Association (APTA) ont connu des hausses de fréquentation, notamment Toronto, où la clientèle des transports en commun a grimpé de 0,5 %, l’an dernier.

Pour sa part, le président de l’association de défense des usagers Transports 2000 Québec, François Pépin, a qualifié hier le bilan de la STM de « très décevant », dirigeant toutefois ces critiques vers le gouvernement du Québec, « qui n’a aucun programme qui vise à améliorer les services ».

« Ça fait deux ans que la STM parle de l’“amélioration de l’expérience client”, mais il faudrait que la STM ait des moyens pour améliorer ses services. C’est bien beau de rendre le transport en commun plus confortable pour les clients, mais si on perd les clients, on n’est pas tellement plus avancé. »

— François Pépin, président de Transports 2000 Québec

DES AMÉLIORATIONS EN VUE

En entrevue avec La Presse, hier, le président du conseil d’administration de la STM a affirmé qu’on « constate une tendance régionale à la baisse » dans les réseaux de transport collectif de la métropole, qui s’est notamment traduite par une réduction de clientèle de 1 % dans les trains de banlieue de l’Agence métropolitaine de transport. Il a ajouté que lors d’un congrès récent réunissant des dirigeants d’autres sociétés de transport du pays, la plupart d’entre eux parlaient d’une « situation stagnante » dans leurs réseaux respectifs.

« Ce sont des phénomènes qu’on ne contrôle pas. L’hiver dernier [en 2014-2015], nous avons vécu un hiver très rigoureux qui a eu un impact important sur l’entretien de notre parc d’autobus, et qui pèse pour beaucoup dans le bilan de 2015. »

— Philippe Schobb, président du conseil d’administration de la STM

Selon lui, plusieurs mesures ont depuis été mises sur pied pour améliorer la fiabilité des bus. Certaines ont porté leurs fruits. Au cours des premiers mois de 2016, les services planifiés par la STM ont été couverts jusqu’à 99,5 % sur le réseau de surface, « l’une des meilleures performances de la STM depuis des années ».

Plus de 200 nouveaux chauffeurs d’autobus ont par ailleurs été embauchés, et la STM ajoutera 27 autobus à son parc de plus de 1700 véhicules d’ici la fin de l’année.

Quant à l’amélioration des services dans le métro, a ajouté M. Schnobb, elle est surtout liée à la mise en service des nouvelles voitures Azur qui seront de plus en plus nombreuses à rouler sur le réseau, au cours de la prochaine année.

M.  Schnobb a par ailleurs souligné que l’engouement pour de nouveaux services de mobilité tels que l’autopartage (Car2go, Communauto) et les vélos Bixi peut aussi expliquer en partie la réduction de la clientèle observée dans le métro et les autobus de la STM.

PONCTUALITÉ DU SERVICE DE LA STM

Cible 2015 : 97,6 %

Résultat 2015 : 97,7 %

Résultat 2014 : 97,5 %

SOURCE : SOCIÉTÉ DE TRANSPORT DE MONTRÉAL (STM)

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