Personnalité de la semaine

Kim Boutin

La patineuse de vitesse québécoise a récolté trois médailles aux Jeux olympiques de PyeongChang. Elle est notre personnalité de la semaine.

Kim Boutin a commencé à patiner à 6 ans. La jeune femme originaire de Fleurimont, à Sherbrooke, voulait faire comme son frère : pas des pirouettes, de la course !

« Et j’étais assez forte, et j’adorais ça », confie-t-elle en entrevue.

Quelque 17 ans plus tard, aux Jeux olympiques de PyeongChang, l’athlète de 23 ans a gagné trois médailles en patinage de vitesse. La médaille de bronze au 500 m et au 1500 m en plus de l’argent au 1000 m. Un succès qui lui a valu d’être choisie personnalité de la semaine, mais surtout de porter le drapeau du Canada à la cérémonie de clôture.

L’exploit de la jeune femme n’est pas passé inaperçu en Corée du Sud. Durant l’une des courses qui l’ont portée vers le podium, une athlète vedette sud-coréenne, Choi Min-jeong, a été disqualifiée à la suite d’un accrochage et ses fans en ont tenu responsable la Canadienne.

Les Sud-Coréens, pour qui le patinage de vitesse est une passion nationale – c’est d’ailleurs un sport où ils ont l’habitude de dominer les classements –, n’ont pas aimé voir leur idole écartée. Leur colère s’est exprimée de façon très violente sur les réseaux sociaux. Menacée notamment de mort, la patineuse canadienne a fini par devoir être protégée par la GRC. Pas drôle.

Mais dans sa bulle sportive, elle n’a pas vu la situation comme on la voyait dans les gradins. « Je l’ai vécue à petite échelle », confie-t-elle. Son entourage l’a protégée. Il lui fallait rester concentrée pour les autres courses. Pour penser à la prochaine étape – comment donner le maximum, comment gagner en respectant sa marche à suivre, dans sa tête, pour aller au bout de son effort. « Oui, ça a été difficile. Mais je ne peux pas en vouloir à des gens qui aiment autant mon sport », dit la jeune femme, aujourd’hui philosophe au sujet de l’incident.

Aujourd’hui, elle voit cette mésaventure comme « un cas isolé », quelque chose qui ne dit rien sur le sport, sur la camaraderie entre les athlètes. La barrière linguistique, dit-elle, ne lui a pas permis de discuter aussi longuement qu’elle aurait voulu avec la patineuse sud-coréenne.

« Mais rapidement, ça a été mis au clair. Il fallait mettre ça derrière moi. Je n’avais pas envie de trouble avec personne. »

— Kim Boutin

Dans la famille de Kim Boutin, le sport fait partie de la vie, dit la jeune femme. Volleyball et soccer font aussi partie de son répertoire. Du patin à roues alignées l’été pour s’entraîner dehors ? « C’est sûrement une façon de faire du sport, mais pas la mienne. » Même en pleine période estivale, les patineurs sont sur la glace. Deux heures le matin. Deux heures encore l’après-midi. Un peu de gym entre tout ça. Cinq heures de sport par jour, une routine qui commence par deux bonnes « toasts au beurre de pinotte », avec du yaourt. « Oui, je mange ça tous les matins », dit la jeune femme en riant.

Suivre son instinct

Kim Boutin sera-t-elle le visage chouchou qu’on retiendra de ces Jeux ? Ceux qui ont envie de la voir à l’œuvre pourront aller à l’aréna Maurice-Richard où auront lieu les Championnats du monde de patinage de vitesse sur courte piste, les 17 et 18 mars. « C’est comme les Olympiques, mais en deux jours », dit-elle.

Cette glace, elle la connaît bien. C’est là qu’elle s’entraîne depuis cinq ans.

Parce que Kim, qui s’entraînait avec Karine Proteau au Club de patinage de vitesse de Sherbrooke, a quitté sa ville natale à 16 ans pour poursuivre son entraînement à Montréal. En arrivant, elle a travaillé pendant un an avec Marc Gagnon, autre grande figure du patinage de vitesse canadien, pour ensuite s’installer avec le Centre national de courte piste à Maurice-Richard.

S’attendait-elle à autant de succès en Corée du Sud ? « Je savais que je pouvais », dit-elle. Sa volonté de gagner, souligne-t-elle, est instinctive. Son travail, c’est de s’outiller pour y arriver.

Mais Kim ne pense pas toujours au patinage. Même si elle a suspendu ses études pendant un an pour s’investir à temps plein dans sa préparation pour les Jeux, elle est inscrite dans un programme d’éducation spécialisée au cégep Marie-Victorin. Travaillera-t-elle un jour avec les jeunes en difficulté, les personnes âgées ? Elle ne le sait pas. Mais ce qu’elle sait, c’est qu’elle trouve un équilibre dans ses études en parallèle avec le sport et qu’aider les gens vulnérables saura aussi la combler.

Kim Boutin en quelques choix

Un film 

Intouchables, un film français qui raconte l’amitié entre un tétraplégique et un jeune homme à la dérive qui devient son assistant. « Je trouve remarquables et touchants les gens dans cette situation. Aider les personnes dans le besoin est directement lié à mon champ d’études, alors je suis fascinée par le déroulement du film. »

un livre  

Sois ta meilleure amie ! de Josée Boudreault. « Il y a maintenant de ça un an et demi, j’avais comme objectif de me choisir et de faire les choses pour moi, et ce livre m’a beaucoup aidée. J’ai aussi beaucoup aimé lire le livre La liste de Siobhan Vivian. Encore une fois, une biographie super intéressante dans laquelle je me suis retrouvée à plusieurs reprises. »

Une phrase 

« J’apprends à me tenir debout. » « Il s’agit d’une citation extraite de la chanson de Fred Pellerin Tenir debout. J’adore cette phrase et elle fait partie de mon parcours d’athlète. Chaque jour, lorsque j’embarque sur la glace, j’ai avec moi un calendrier sur lequel est écrite cette citation afin de me rappeler de rester forte et d’affronter mes peurs et mes objectifs pour devenir une meilleure athlète et une meilleure personne. »

Une cause

« L’éducation dans les milieux plus difficiles. Il est important pour moi d’offrir des services nécessaires aux gens vulnérables de notre société. »

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