saguenay—LAC-Saint-Jean

Un ex-député nommé « chef de clan » d’un groupe d’extrême droite

La crédibilité de l’ex-député et syndicaliste Claude Patry est un atout pour le développement de La Meute, a affirmé le dirigeant du groupe d’extrême droite, qui milite contre l’« invasion de l’islam » que subirait le Québec.

M. Patry vient d’être nommé « chef de clan » du groupe dans le Saguenay—Lac-Saint-Jean, a révélé hier Le Quotidien. Son implication arrive à point nommé pour l’organisation, qui veut mettre en place une structure plus solide, avec adhésion formelle et cotisation, a indiqué Patrick Beaudry, vétéran des Forces canadiennes qui a cofondé La Meute.

« C’est quand même un homme très expérimenté. Est-ce qu’il devient un atout pour nous ? Oui », a affirmé M. Beaudry en entrevue téléphonique de son domicile en banlieue de Québec. « La visibilité en fait partie, mais ce n’est pas le critère principal. L’expérience et l’intégrité de l’homme y font pour beaucoup plus que tout le reste. »

« Pas raciste »

Le principal intéressé a refusé de discuter de la situation avec La Presse au téléphone. Jeudi soir, il avait ajouté une trace de pas de loup sur sa photo de profil Facebook, mettant la puce à l’oreille de plusieurs internautes.

« Il n’y a rien de radical là-dedans. Il n’y a pas de méchanceté. Ce sont des gens qui prennent de l’information et qui donnent de l’information [sur] l’islam radical et ces choses-là », avait-il dit jeudi soir au Quotidien. Je ne pense pas que je sois raciste, madame, parce que moi, dans ma famille, j’ai des Noirs, puis il n’y a pas de racisme [dans La Meute]. »

Claude Patry a été élu député du Nouveau Parti démocratique en 2011, avant de passer au Bloc québécois deux ans plus tard en plaidant que les troupes de Thomas Mulcair faisaient fi des « aspirations de la nation québécoise ».

Hier, le Bloc québécois a tenu à se dissocier de son ex-député.

« Les valeurs de La Meute sont très loin des valeurs du Bloc québécois. Comme ancien député, M. Patry devrait concentrer ses efforts à maintenir un débat serein. »

— Mathieu R. St-Amand, attaché de presse du chef intérimaire Rhéal Fortin

Structure « solide » à venir

La Meute se targue d’avoir 300 membres actifs aux Saguenay—Lac-Saint-Jean et 50 000 sympathisants au Québec. Ce second chiffre correspond au nombre d’abonnés de son groupe Facebook.

« Il y aura une conférence de presse au mois de mars, si tout va bien », afin d’annoncer la mise en place d’une structure plus solide, a révélé M. Beaudry. « La structure est autrement plus élaborée, construite et solide qu’une page Facebook. »

L’arrivée de M. Patry est une bonne nouvelle dans ce contexte, mais « nous ne sommes pas partis à la chasse à la publicité non plus », a indiqué M. Beaudry. « On n’a pas [d’autres] personnalités vedettes pour l’instant. »

« Un cancer »

Le chef de La Meute rejette l’étiquette d’« islamophobe » accolée à son groupe à de multiples reprises depuis 2015. « Le terme lui-même est un peu hystérique, construit par les islamistes pour fermer la gueule à ceux qui ne pensent pas comme eux », réplique-t-il.

Pour M. Beaudry, le Québec « ouvre les portes » à une invasion de l’islam. « Un cancer, ça commence par une cellule qui se multiplie à l’infini. À un moment, vous avez un organe qui est atteint ou une tumeur : il faut peut-être l’enlever si vous voulez sauver le reste », a-t-il continué en entrevue. « Se faire envahir par une culture qui tente de nous imposer des choses qui vont à l’encontre de ce que nous sommes […] qui pénètre en profondeur notre système politique pour faire pencher nos élus en demeurant une minorité, vous appelez ça comment ? »

Quant aux choix politiques effectués par Claude Patry avant de se joindre à La Meute, Patrick Beaudry a indiqué que l’ex-député était libre.

« M. Patry a ses propres idées, il les a toujours eues. Ses années de politique, il en a fait ce qu’il a voulu, il en a tiré l’expérience qu’il a », a dit le chef de La Meute. Par contre, « il n’y a aucun parti politique officiel qui a adéquatement protégé le Québec ou le Canada à l’heure où on se parle ».

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