So long, Suzanne !

Leonard Cohen avait sa Suzanne, les fans d’Unité 9 aussi. On se doutait depuis plusieurs semaines déjà que Suzanne Beauchemin (Céline Bonnier), la prisonnière la plus présente dans la série après Marie Lamontagne (Guylaine Tremblay), orchestrait son départ.

Son ticket pour la liberté, Sue l’a finalement obtenu mardi dans un épisode fort émouvant qui a fait verser des larmes à plusieurs des 1 575 000 personnes rivées à leur petit écran.

Le montage d’extraits de ses camarades disparues ou relâchées, dont Élise, Laurence et Michèle (Micheline Lanctôt, Sarah-Jeanne Labrosse, Catherine Proulx-Lemay), nous a rappelé à quel point ce personnage féminin – mon préféré de toute la population carcérale – a été au cœur des meilleures intrigues.

Céline Bonnier est une actrice formidable. Elle a rendu sa Suzanne, en apparence simplette, super attachante. Suzanne aurait pu être juste « nounoune » et ridicule avec ses tics nerveux et son regard fuyant. Mais non. Céline Bonnier lui a insufflé une humanité et une intelligence émotionnelle épatantes.

Quand les premiers accords de la chanson Je pars à l’autre bout du monde, interprétée par l’artiste montréalaise Beyries, ont résonné à Lietteville, j’ai eu les yeux dans l’eau. Déjà que les scènes d’adieu entre Suzanne et Jeanne (Ève Landry) avaient été chargées, la dernière sortie de l’ancienne responsable de la bibliothèque, et sa réconciliation muette avec Jessica (Geneviève Schmidt), m’ont achevé. Où sont les mouchoirs ?

Écrite par Paul Daraîche – les paroles sont d'Isabelle Fiset –, cette très belle pièce n’a pas été enregistrée au complet par Beyries, qui n’a fait que le bout requis par le réalisateur Jean-Philippe Duval. La chanson n’a donc pas été commercialisée en format électronique. C’est la version de Laurence Jalbert qui a grimpé à la deuxième place du palmarès iTunes hier.

C’est un gros morceau d’Unité 9 qui part, un personnage qui vibrait fort auprès du public.

Céline Bonnier traverse à TVA, où elle a décroché un des rôles principaux dans L’heure bleue, la nouvelle série d’Anne Boyer et Michel d’Astous (Yamaska) qui jouera les mercredis à 21 h dès janvier, directement contre Votre beau programme de Véronique Cloutier à Radio-Canada.

L’auteure d’Unité 9, Danielle Trottier, est arrivée à un carrefour dans son histoire. Suzanne a purgé sa peine. Marie Lamontagne a confié son lourd secret au psychologue Steven Picard (Luc Guérin). L’infirmière transgenre et l’aumônier ont été virés. Et l’IPL Caroline Laplante (Salomé Corbo) a été pincée pour ses magouilles.

Ça serait étonnant que Caroline Laplante soit incarcérée à Lietteville après son procès. La série australienne Wentworth, offerte sur Netflix et l’Extra de Tou.TV, a joué cette carte dans sa quatrième saison, avec des résultats plus ou moins crédibles.

Dans Wentworth, l’ancienne directrice de la prison, Joan « The Freak » Ferguson, une dame machiavélique à tendance psychopathe, a fini par être emprisonnée dans l’établissement qu’elle a dirigé d’une main de fer. Évidemment, Joan a tout de suite été prise en grippe par les détenues qu’elle avait malmenées. Mettons que c’était difficile à avaler pour le téléspectateur. Cela dit, Wentworth demeure une excellente production, avec des touches beaucoup plus sombres et violentes qu’Unité 9.

Le crescendo du lundi

C’est lundi à 20 h que décolle officiellement, après les auditions, la compétition de chant choral Crescendo de Gregory Charles à Radio-Canada. Honnêtement, après La voix junior, Virtuose et La relève, la perspective de rembarquer dans une compétition musicale d’enfants et d’ados ne m’enchantait guère. Pourtant, c’est très bien fait.

Six écoles secondaires de Montréal et sa grande couronne s’y affrontent toutes les semaines. Sally Folk et Louis-Jean Cormier leur accordent des notes sur 100 et l’établissement qui aura cumulé le plus de points, à la fin du tournoi, se sauvera avec le trophée, remis lors de la finale du 26 décembre.

La caméra de Crescendo suit les jeunes pendant les répétitions et recueillent leurs commentaires à chaud, ce qui donne un résultat à mi-chemin entre Degrassi et Glee, format téléréalité.

Les mash-up concoctés par Gregory Charles, qui entraîne toutes les chorales, sans avoir de chouchou, vous surprendront. Deux écoles sortent particulièrement du lot pendant la première heure. Beaucoup de talent à revendre dans ces ensembles vocaux. Beaucoup de diversité également. Bravo.

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.