Ça s’explique !

Les nids-de-poule

Chaque dimanche, l’équipe de Pause prend le temps d’expliquer aux jeunes une parcelle d’actualité. Cette semaine, un fléau qui fait rager les automobilistes : les nids-de-poule !

Tu as sans doute entendu parler des nids-de-poule ces dernières semaines. Surtout si tu voyages en voiture avec tes parents. Avant ou après « nid-de-poule », tu as peut-être même entendu des gros mots… Non, on ne va pas les répéter ici. On va plutôt t’expliquer pourquoi tes parents ragent quand ils prennent le volant.

Un nid-de-poule, c’est quoi ?

C’est un trou dans l’asphalte assez gros pour y loger une poule. Qui peut causer des dommages aux voitures qui roulent dedans. Ces trous peuvent être de taille si impressionnante qu’on les appelle parfois des « nids d’autruche ».

ingrédients

Il faut trois éléments pour créer un nid-de-poule : une fissure dans l’asphalte, de l’eau et de la glace. Leur apparition est en effet étroitement liée au cycle de gel et de dégel, comme on en a connu le mois dernier. Comme on en connaîtra aussi au printemps, saison par excellence des nids-de-poule.

préparation

L’eau s’infiltre sous l’asphalte par la ou les fissures en période de dégel et imbibe les couches inférieures de la rue ou de la route, une fondation faite de divers matériaux et granulats, dont du gravier.

Lorsque la température baisse, cette eau gèle. « L’eau qui gèle prend de l’expansion, elle augmente de 10 % de volume », rappelle Benoît Courcelles, professeur à Polytechnique Montréal. « Elle va soulever le niveau de la chaussée et créer des poches de glace, ajoute James Goulet, aussi professeur au même établissement. L’eau glacée prend la place du gravier et des roches sous la chaussée. »

Si le mercure remonte, l’eau fond. « Elle reprend son volume initial et laisse un petit vide sous la chaussée, qui s’en trouve fragilisée, explique encore Benoît Courcelles. On se retrouve avec un asphalte qui n’est plus vraiment attaché au reste de la route et, à ce moment-là, il peut être arraché par une voiture qui va passer ou par la déneigeuse. »

Problème de circulation

Une fois qu’il y a un trou dans la chaussée, la circulation fait le reste : chaque voiture, chaque camion contribue à l’érosion de l’asphalte, jusqu’à la formation d’un trou assez grand pour loger une poule.

Pire ici ?

Là où il y a des routes d’asphalte, il y a des nids-de-poule. Sauf qu’un climat comme le nôtre est plus favorable à leur formation. La faute à la température. Un grand froid qui dure gèle en profondeur la structure des routes. Un dégel de courte durée va favoriser l’infiltration d’eau sous l’asphalte fissuré. « On se retrouve alors avec une surface complètement dégelée sur une structure complètement gelée. L’eau est bloquée, elle ne peut pas être drainée », explique Benoît Courcelles. L’eau ainsi prise au piège gèle de nouveau et accentue le problème de fissure. C’est un cercle vicieux.

Y a-t-il des solutions ?

Revoir la composition de l’asphalte et s’assurer que les chaussées sont refaites lorsque la température est adéquate constituent deux pistes de solution. Benoît Courcelles étudie une autre option : améliorer la solidité des fondations de la route grâce à l’utilisation de bactéries… Ce procédé, appelé « biocalcification », vise à créer des liens entre les éléments dans les sous-couches de la route. L’épandage de cette solution calcifiante « va créer de petits ponts entre les grains et éviter qu’ils se détachent ». Ce procédé en est encore à une étape « très exploratoire », précise toutefois le professeur en génie civil.

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.