Ça sent la fin pour Les invisibles

Cette rumeur galopante, même si elle déçoit, ne vous surprendra pas. TVA ne renouvellerait pas Les invisibles pour une deuxième saison.

Les décors de l’agence AMG ont été remisés, le bail du studio a été abandonné et les caméras ne rouleront pas cet été, contrairement à ce qui était prévu. Sans travail garanti, les comédiens se sont rendus disponibles pour d’autres projets télévisuels.

Selon mes espions à TVA, l’équipe de création des Invisibles est catastrophée par les faibles résultats d’écoute obtenus par la série, qui tournent autour de 580 000 téléspectateurs par épisode, enregistrements compris.

Il ne reste que deux épisodes des Invisibles à diffuser cet hiver. TVA présentera les 12 autres à l’automne dans une case horaire différente. Le but de ce déménagement ? Raviver l’intérêt pour Arlette, Alexandra, Jean-Frédéric et Gabriel.

C’est probablement le seul – et mince – espoir de survie pour cette comédie dérivée d’Appelez mon agent : un regain de popularité inespéré en septembre. TVA croit beaucoup aux Invisibles et espère encore sauver le projet, me dit-on, même si ça paraît impossible sur papier.

C’est dommage, car cette télésérie n’aura jamais trouvé son public. Les agents névrosés auraient-il été plus suivis à Radio-Canada, qui offre déjà la version française de leurs mésaventures sur ARTV ? Sûrement, oui.

Sans tomber dans le jugement gratuit, Les invisibles faisait beaucoup plus Radio-Canada que TVA. Cela dit, il faut saluer l’audace de TVA d’avoir acheté cette comédie plus intello, qui détonnait dans le reste de sa programmation plus conservatrice.

Passer de L’échappée aux Invisibles dans la même soirée du lundi, c’est se taper un décalage aussi gros que celui entre Tokyo et Montréal. Ces deux émissions visent des téléspectateurs complètement différents. L’échappée, c’est un soap-thriller très sombre, tandis que Les invisibles, c’est un truc plus léger et décalé, moins slapstick que Boomerang.

Autre point en faveur des Invisibles : celui d’avoir misé sur plusieurs nouveaux visages, qui n’apparaissent pas dans 12 téléromans différents. Bravo pour le vent de fraîcheur.

Il y a eu de très bons épisodes des Invisibles, dont ceux avec Guillaume Cyr et Marc-André Grondin, Laurence Leboeuf et Diane Lavallée, de même que Louise Marleau et France Castel. Il y en a eu de moins réussis, comme ceux avec Mariana Mazza et Rachel Graton, qui ont paru plus longs.

Par contre, les textes de Catherine Léger ont toujours été truffés de traits d’esprit et de références rigolotes au showbiz québécois. Peut-être que certains gags d’initiés ont passé cent pieds par-dessus la tête des téléspectateurs ? Peut-être que les tourments de nos vedettes, remplis d’autodérision, n’intéressent pas le grand public ?

Emballés dans une facture à la Woody Allen, les 24 épisodes des Invisibles ont été livrés à TVA à l’automne 2018. Des retouches ont même été apportées à la trame sonore pour répondre aux plaintes de téléspectateurs agacés par la musique omniprésente ou trop forte. Rien à faire. L’audience n’a jamais remonté.

Et n’oubliez pas ceci. Les épisodes québécois des Invisibles ont été fabriqués par le réalisateur Alexis Durand-Brault avec 370 000 $ l’heure, comparativement à 1,8 million l’heure pour les Français. C’est un budget cinq fois moins important. C’est certain que ça influence le produit final.

Les acteurs ne sont pas à blâmer pour la déconfiture des Invisibles. Je pense à Karine Gonthier-Hyndman (Alexandra), à Bruno Marcil (Jean-Frédéric) et à Benoît Mauffette (Gabriel), qui ont hérité d’une mission difficile, soit de nous faire oublier leurs équivalents de France.

Mieux exploités dans Appelez mon agent, les assistants ont été trop effacés dans l’adaptation québécoise. Ils auraient brillé davantage avec plus de scènes comiques ou de mordant dans leurs répliques.

ENTRE AGUA ET LIETTEVILLE

La compétition est serrée entre O’ et Unité 9, deux téléromans qui quitteront les ondes à jamais le 26 mars. Mardi soir, la famille O’Hara de TVA a réuni 871 000 personnes devant leur écran, contre 983 000 qui ont opté pour les détenues de Radio-Canada.

La lutte est également serrée entre L’heure bleue (712 000) et 5e rang (649 000). Sans surprise, District 31 (1 340 000) a dominé l’écoute du mardi soir. À RDS, le match opposant le Canadien de Montréal aux Red Wings de Detroit a attiré 555 000 fans. Du côté de Télé-Québec, Passe-Partout s’est maintenu à 253 000 poussinots et poussinettes.

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