Opinion  Grand Défi Pierre Lavoie

Une idée qui mène loin

La première fois que Pierre m’a parlé de l’idée de transposer son concept du Défi Pierre Lavoie à la province et d’en faire un grand défi durant un congrès sur l’acidose lactique, j’ai trouvé le concept génial. L’idée d’amasser des fonds pour la recherche sur les maladies génétiques en faisant le tour du Québec à vélo m’a séduit.

J’ai cru en son projet dès le départ et j’ai probablement été de la première équipe inscrite au 1000 km avec le CHU Sainte-Justine il y a huit ans.

Dernièrement, dans les médias, le Grand Défi Pierre Lavoie (GDPL) a été écorché. J’ai donc pensé qu’il serait intéressant de vous parler de l’impact que ce beau projet a eu sur moi. J’ai consacré une partie de ma vie, soit 10 ans, à la recherche sur les maladies génétiques durant ma maîtrise et mon doctorat.

Au début, peu de gens croyaient en mon projet. On me disait entre les lignes que ça ne touchait pas assez d’enfants et qu’il valait mieux cibler les maladies plus communes, car on avait plus de chances de financement. Ces enfants naissent avec une maladie. Dans la plupart des cas, peu d’options s’offrent aux parents. La recherche est parfois leur seul espoir. Je suis biochimiste clinique, et la Fondation du GDPL m’a appuyé financièrement durant trois ans. Elle a cru en mon projet. Elle m’a permis d’aller jusqu’au bout et même de tester un traitement qui a fonctionné.

Oui, au début, ce n’était que sur une seule maladie, mais mes travaux ont permis de comprendre pourquoi de nombreuses maladies génétiques différentes avaient des symptômes semblables. Finalement, mes travaux ont de l’impact sur de nombreux enfants. L’argent que j’ai reçu de la fondation provient de l’inscription des équipes du 1000 km. 

Des histoires comme la mienne, il y en a plein à la Fondation GDPL. Sans leur financement, plusieurs projets de recherche n’auraient jamais vu le jour.

MISER SUR LA PRÉVENTION

De nombreuses maladies, bien présentes dans notre société, sont directement liées à notre mode de vie. Mon passage à l’Institut de cardiologie de Montréal durant ma spécialisation en biochimie clinique m’a permis d’observer la triste réalité. Pratiquement 100 % des gens qui viennent se faire dilater une artère bouchée ont un ou plusieurs facteurs de risque (tabac, sédentarité, surpoids, etc.).

La prévention est la clé, mais ça implique un changement dans la mentalité collective. J’ai été de la première génération à faire du recyclage dans les écoles, alors je sais que ça fonctionne de commencer par les jeunes. Faisons en sorte qu’il soit aussi normal pour la prochaine génération d’aller courir que ça l’est pour moi de jeter ma boîte de céréales dans le recyclage.

Si les cubes énergie peuvent faire changer les habitudes de la prochaine génération, tant mieux ! Ce n’est quand même pas de la torture de passer un moment avec vos enfants à bouger…

DES FONDS BIEN INVESTIS

Le 1000 km, j’y ai participé lors des sept premières éditions. J’ai vu le GDPL grandir et évoluer. Comme encadreur, j’ai vu plein de gens dans des moments plus difficiles, pour qui le 1000 km représentait un défi de taille. Un petit coup de pouce et hop !, ils complétaient leur étape avec fierté. Parfois, je les revoyais l’année suivante avec une réelle transformation. Ils revenaient dire merci en racontant leur histoire de remise en forme !

J’ai aussi fait de belles rencontres, comme cette maman d’une petite fille avec une maladie génétique inconnue qui, grâce à des montants de la fondation, a accès à des tests coûteux afin d’identifier la maladie en question.

Le 1000 km, via les surplus des équipes, permet également de financer des infrastructures sportives pour des écoles primaires qui, avouons-le, en ont grandement besoin !

J’ai connu le GDPL de l’intérieur, j’ai vu des gens dans l’action et d’une efficacité incroyable pour une si petite équipe. Oui, ça dérange, et tant mieux !

Évidemment qu’il y a des frais d’exploitation, comme toute fondation. Au moins, avec le GDPL, je peux confirmer que les fonds sont dirigés vers la recherche et qu’ils font une différence. J’en suis la preuve vivante !

Cette fin de semaine, c’est le 1000 km. Le convoi fait le tour du Québec. S’il passe près de chez vous, allez faire un tour, amenez vos enfants.

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.