Incendies en Californie 

Les brasiers hors de contrôle

Même si les vents d’une violence digne d’un ouragan s’étaient quelque peu essoufflés hier, les gigantesques incendies qui malmènent intensément la Californie depuis lundi n’avaient toujours pas été maîtrisés. Le président américain Donald Trump a déclaré l’état d’urgence, alors que rien n’indique que la pluie tombera au cours des prochaines heures. Bilan.

— Avec l’Agence France-Presse

Plus de 200 000 évacués

De nouveaux foyers d’incendie se sont déclarés à San Diego et à Santa Barbara hier, alors qu’il était toujours difficile pour les 8700 pompiers de contenir les brasiers existants. Selon l’Agence de lutte contre les incendies, Calfire, les six principaux incendies dans le sud de la Californie ont réduit en cendres quelque 57 000 hectares et détruit plus de 500 bâtiments. Plus de 210 000 résidants des secteurs touchés étaient toujours évacués hier. Le brasier le plus dévastateur demeure Thomas, dans le nord-ouest de Los Angeles, qui a ravagé jusqu’à présent 53 000 hectares. Selon le plus récent bilan, ses flammes n’étaient maîtrisées qu’à 10 %. Thomas a aussi fait un mort et brûlé plus de 400 structures. Au sud, l’un des nouveaux foyers, Lilac, a consumé plus de 1600 hectares de terrain en 24 heures.

Déclaration d’urgence

Hier, le président des États-Unis Donald Trump a publié une déclaration d’urgence pour la Californie à la demande du gouverneur de l’État, Jerry Brown. Jeudi, le gouverneur réclamait de l’aide immédiate des ressources fédérales, dont les équipements aériens du département de la Défense, pour « atténuer les impacts de ces incendies sans précédent ». L’État a aussi demandé la fourniture additionnelle d’abris et de vivres pour les 25 000 résidants des comtés de Los Angeles, Riverside, San Diego, Santa Barbara et Ventura. L’aide du département de l’Agriculture est également nécessaire pour évacuer les animaux, notamment de nombreux chevaux. Au moins 25 sont morts brûlés dans le centre équestre de San Luis Rey, selon la presse locale.

Essayer « d’être fonctionnel »

Evelyne Ouellet vit à Los Angeles avec sa famille depuis 2011. Le brasier le plus près se trouve à quelque 20 kilomètres de sa résidence. « On nous a dit de fermer toutes nos fenêtres parce que la qualité de l’air n’était pas bonne […] C’est comme une odeur de feu de camp », a raconté la Québécoise à La Presse. Son secteur n’est pas visé par une ordonnance d’évacuation, Mme Ouellet explique se sentir « en confiance », mais dit faire preuve « de prudence » malgré tout. « On suit la situation. Les gens se téléphonent beaucoup, on suit la situation, on prend soin les uns des autres. » « C’est la puissance de la nature, on ne sait pas trop dans quelle direction ça va aller », poursuit-elle, assurant que son entourage « essaie d’être fonctionnel » même si le quotidien est perturbé.

Les hôpitaux sur le qui-vive

Les établissements de santé du sud de la Californie se préparent au pire, alors que le nombre de patients incommodés par la fumée ou souffrant de crises d’asthme continue de grandir, rapporte le Los Angeles Times. Les autorités de la santé des comtés de Ventura, de Los Angeles et de Santa Barbara ont, entre autres, alerté les populations du haut niveau de pollution de l’air. Certains hôpitaux offrent aussi des masques à leurs patients et aux visiteurs. La qualité de l’air est contrôlée de différentes façons, mais la plupart des hôpitaux ont restreint les entrées et les sorties et ont augmenté le nombre de purificateurs d’air. Un enfant de 5 ans a dû être soigné à Santa Monica parce qu’il avait du mal à respirer.

Résultat du réchauffement climatique ?

Il est « assez exceptionnel » que des incendies fassent rage à cette époque de l’année en Californie, explique le professeur du département de géographie de l’Université du Québec à Montréal, Philippe Gachon. En cette saison, le ciel est normalement plutôt pluvieux à partir de novembre. Selon lui, les conditions actuelles vécues en Californie ne sont pas étrangères aux changements climatiques et au réchauffement de la planète qui s’intensifie rapidement, dit-il. « Nous sommes dans un contexte de réchauffement qui est majeur, qui perdure et qui s’intensifie. […] Pour revenir à la Californie, des anomalies chaudes, cumulées aux séquences sèches et aux déficits de précipitations, sont les ingrédients pour générer non seulement des incendies de forêt, mais aussi des incendies avec des étendues et une sévérité comme on en a rarement observé. » L’Agence de lutte contre les incendies Calfire a confirmé que les conditions météo dans le sud de l’État restaient hier « extrêmement dangereuses », avec un sol sec et des températures anormalement élevées. La pluie n’était pas attendue au cours des prochains jours.

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