Politique municipale

De plus en plus de jeunes femmes sont élues

La proportion des jeunes élus municipaux de 18 à 34 ans est passée de 9 % à 8,30 % de 2009 à 2017. Toutefois, le pourcentage de jeunes femmes élues augmente élections après élections. Durant la même période, la proportion des élus municipaux de 65 ans et plus a fait un bond spectaculaire, passant de 12,90 % à 20,10 %. 

Premiers mandats

Les données statistiques dévoilées par le ministère des Affaires municipales du Québec révèlent que 656 personnes âgées de 18 à 34 ans ont intégré un conseil municipal au Québec à la suite des dernières élections municipales. Parmi ces gens, 21 sont élus comme maires ou mairesses. De ce nombre, plus de 70 % font leurs premiers pas en politique municipale. Le nombre de jeunes de 18 à 34 ans nouvellement élus, soit 477, est légèrement supérieur au nombre de personnes de 65 ans et plus élues pour la première fois, qui se situe à 451. 

Les jeunes femmes résistent 

Si la proportion de jeunes de 18 à 34 ans élus est en décroissance depuis plusieurs années, la logique est inversée quand on considère le cas des jeunes femmes. Parmi les jeunes de ce groupe d'âge, la proportion des jeunes femmes élues a augmenté légèrement au fil des élections. Elle est passée d’environ 41 % en 2009 à 42,50 % en 2017. Les statistiques montrent aussi que les jeunes femmes se font élire plus souvent que les jeunes hommes quand elles se présentent aux élections municipales. En 2017, parmi les jeunes candidatures, 39,70 % étaient des femmes – or, 42,50 % des jeunes personnes élues étaient des femmes. Ces chiffres nous montrent que la proportion des jeunes femmes élues est supérieure à la proportion des jeunes femmes candidates. Le même constat peut être fait en 2009, notre année de base. Durant cette année, si 36,20 % des candidatures étaient féminines, 41 % des jeunes personnes élues étaient des femmes. 

« Les jeunes veulent s’impliquer dans d’autres institutions » 

Selon Danielle Pilette, professeure associée au département de stratégie, responsabilité sociale et environnementale de l’Université du Québec à Montréal (UQAM), cette baisse de proportion peut s’expliquer par le fait que les jeunes « préfèrent s’impliquer dans d’autres institutions qu’ils associent plus à leurs valeurs ». « Les jeunes aspirent à changer leurs milieux locaux, mais ils ne sont pas convaincus que c’est l’institution municipale qui peut le faire, a dit Mme Pilette. La perception qu’ils ont, c’est que l’institution municipale est ce qu’il y a de plus conservateur. » Mme Pilette indique que l’engouement des jeunes pour le milieu local ne se traduit pas nécessairement par un intérêt pour le monde politique. « Ils ont un engouement pour le milieu local et s’intéressent plus aux enjeux de l’environnement et de la mobilité. Ils vont beaucoup plus s’intéresser à des institutions sectorielles comme les Conseils régionaux de l’environnement. » 

Des jeunes hommes très mobiles 

Par ailleurs, Danielle Pilette affirme que la baisse de la proportion des jeunes élus de 18-34 ans combinée à la hausse de la proportion des jeunes femmes élues s’explique surtout par « la mobilité des jeunes hommes des régions », ce qui laisse plus de place aux jeunes femmes. Chez eux, « les jeunes hommes perçoivent leurs municipalités [comme des milieux] en régression. Ils sont ainsi un petit peu plus mobiles que les jeunes femmes. Les jeunes hommes vont souvent partir vers Montréal. Les jeunes femmes sont souvent appelées à faire le sauvetage politique au cas où il n’y a pas assez de retraités », dit-elle. 

Des aînés qui veulent donner du temps 

Selon elle, le bond de sept points [12,90 % à 20,10 %] de pourcentage enregistré dans la proportion des élus de 65 ans et plus aux municipales s’explique par une volonté des retraités de donner de leur temps à leurs communautés. « On assiste à une vague d’implication des retraités dans leur milieu. Ils ont plus de temps et ont de l’expérience à offrir. »

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