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Un pari annuel de 100 millions

Pour assurer sa croissance, Hydro-Québec ne veut plus compter uniquement sur la consommation d’électricité au Québec, qui stagne. La commercialisation des technologies conçues par ses chercheurs au fil des années est considérée par la société d’État comme une avenue intéressante pour aller chercher de nouveaux revenus.

L’Institut de recherche d’Hydro-Québec (IREQ) consacre bon an, mal an 100 millions de dollars à la recherche-développement. La nouvelle direction de la société d’État pense qu’il est possible de rentabiliser cette recherche.

Hydro a déjà été tentée par l’aventure commerciale dans le passé, avec bien peu de succès, il faut le dire. Son partenariat avec l’entreprise américaine Anadarko dans Avestor, pour fabriquer des batteries à Boucherville, a été un échec. L’entreprise a fait faillite et a été reprise par le groupe français Bolloré en 2007.

Depuis, Hydro-Québec est restée sur les lignes de touche et s’est contentée de vendre son savoir-faire à des fabricants qui pourraient commercialiser ses innovations. En 2015, l’Institut de recherche d’Hydro-Québec avait 30 licences actives et 848 brevets liés aux matériaux de batteries.

« UN BEAU DÉFI »

« Hydro-Québec est une entreprise gouvernementale, qui a un portefeuille prometteur d’innovations et qui essaie de s’insérer dans les réseaux internationaux. C’est un beau défi », résume Vincent Sabourin, professeur à l’École des sciences de la gestion de l’UQAM et directeur de l’Observatoire des stratégies de commercialisation de l’innovation.

Ce spécialiste souligne qu’il faut beaucoup d’investissements pour commercialiser une innovation sur le marché international. Hydro-Québec semble en avoir beaucoup, mais dans les faits, son actionnaire gouvernemental accapare tous ses profits.

Hydro-Québec est aussi un « outsider » dans le marché des transports, souligne Vincent Sabourin. 

« Le marché du transport terrestre est un marché très fermé et très conservateur. Il y a peut-être des ouvertures dans des marchés de niche, comme les autobus scolaires, où le gouvernement est prêt à payer plus cher. »

— Vincent Sabourin, professeur à l’École des sciences de la gestion de l’UQAM et directeur de l’Observatoire des stratégies de commercialisation de l’innovation

Pour Hydro, les avenues les plus prometteuses restent les innovations liées au secteur de l’énergie, comme le stockage. « Ça peut devenir un vecteur de croissance formidable, estime M. Sabourin. Et c’est le métier d’Hydro-Québec. C’est difficile pour un acteur majeur dans un secteur [l’énergie] de devenir un acteur important dans un autre secteur », ajoute-t-il.

L’autre réalité d’Hydro-Québec, c’est que les PME québécoises ne sont pas en mesure de commercialiser ses innovations. « Hydro a besoin de très grands partenaires, pas de PME », note le spécialiste.

Enfin, Hydro a des concurrents redoutables à affronter dans des pays aguerris à la compétition internationale. « Au Japon, par exemple, la concertation entre le gouvernement, les centres de recherche et les entreprises est établie depuis des années, ce qui n’est pas le cas ici. »

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