Commission des droits de la personne

En congé de maladie, la présidente sera temporairement remplacée

Québec — Le gouvernement Couillard nommera un président par intérim à la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse (CDPDJ) en raison du départ en congé de maladie de Tamara Thermitus, a appris La Presse de sources sûres.

Mme Thermitus sera absente au moins jusqu’au 14 novembre, soit environ trois semaines. Nommée en février dernier par l’Assemblée nationale, la présidente est au centre d’une crise interne depuis plusieurs mois.

La CDPDJ se retrouve maintenant encore plus fragilisée : sur les 15 postes de direction figurant sur l’organigramme, on compte huit chaises vides. Certains cadres sont en congé de maladie prolongé, tandis que d’autres dirigeants sont partis et n’ont jamais été remplacés.

« Depuis quelque temps, la Commission a connu des moments parfois difficiles », reconnaît Mme Thermitus dans la lettre envoyée aux employés de la Commission, hier.

Casse-tête

Le gouvernement fait face à un casse-tête pour remplacer temporairement Mme Thermitus. Normalement, l’un des deux vice-présidents hérite du poste. Or Camil Picard revient lui-même d’un congé de maladie. Québec se demande donc si M. Picard constitue le meilleur choix pour prendre la relève. Joint au téléphone, le principal intéressé s’est dit parfaitement apte et disposé à exercer l’intérim.

Le deuxième poste de vice-président est vacant depuis un an. Selon la loi, le gouvernement pourrait aussi nommer à la présidence l’un des neuf commissaires en exercice actuellement.

Québec fera la nomination par décret du Conseil des ministres. 

Enquête

Tamara Thermitus est visée par une enquête du Protecteur du citoyen à la suite de dépôt de plaintes pour abus d’autorité, mauvaise gestion et manque de respect envers le personnel. Une vingtaine d’employés ont témoigné pour appuyer ces plaintes, mais Mme Thermitus n’aurait pas encore rencontré les enquêteurs. On ignore ce qu’il adviendra de ce processus pendant son congé de maladie.

Sous le sceau de l’anonymat, trois commissaires qui siègent à la CDPDJ et qui sont nommés par l’Assemblée nationale se sont dits inquiets et mécontents de son style de gestion, dans des entrevues avec La Presse la semaine dernière.

Nomination

La ministre de la Justice, Stéphanie Vallée, a aussitôt réagi en annonçant qu’un vérificateur ou « expert » externe serait appelé à faire la lumière sur la crise qui secoue la Commission. Elle l’a nommé hier : il s’agit de Lise Verreault, ancienne sous-ministre. Elle a pour mandat d’« établir un diagnostic organisationnel au sein de la CDPDJ, plus précisément [d’]analyser les diverses composantes concernant la gouvernance, la gestion des délais, la mobilisation du personnel et la communication ». 

De son côté, le nouveau ministre de l’Immigration, David Heurtel, a retiré à la CDPDJ le mandat de mener une consultation sur la discrimination systémique et le racisme. 

Vendredi dernier, la Commission a toutefois fait savoir qu’elle poursuivrait malgré tout ses travaux, car « la discrimination systémique et le racisme […] demeurent présents au sein de la société québécoise et requièrent une recherche approfondie de solutions concrètes ». 

PROCÈS POUR TERRORISME

Djermane était « curieuse » par rapport à la Syrie et au djihad

Dans les mois qui ont précédé son arrestation, des amis et des sœurs de Sabrine Djermane s’inquiétaient de sa « curiosité » pour la situation en Syrie, le djihad et le groupe armé État islamique (EI), a raconté hier matin une connaissance de la jeune accusée au procès pour terrorisme de la Montréalaise et de son copain El Mahdi Jamali.

La témoin, dont l’identité est protégée par une ordonnance de non-publication, a relaté des conversations qu’elle a eues avec Sabrine Djermane.

À l’époque, une poignée d’élèves du collège de Maisonneuve, où étudiaient Djermane et Jamali, venaient de quitter le Canada pour aller faire le djihad. Le sujet de la Syrie était sur toutes les lèvres, dont celles de l’accusée.

« On a parlé ensemble. C’était comme une mode. Il y avait vraiment un mouvement », a relaté la connaissance.

« Elle n’avait pas la même opinion que moi. Elle disait qu’il fallait qu’on comprenne ce qui se passait là […] à propos du djihad. Moi, je lui disais que ça n’importait pas vraiment, parce que ce n’est pas en lien avec notre religion. »

— Une ex-proche de Sabrine Djermane

À ces propos, Sabrine se serait montrée « étonnée et sur la défensive ».

La jeune accusée a toutefois dit à son interlocutrice qu’elle n’était pas d’accord avec les gestes du groupe armé État islamique, a confirmé la témoin à l’avocat de Mme Djermane, Me Charles Benmouyal, dans le cadre du contre-interrogatoire.

Le sujet de la Syrie est revenu sur la table plusieurs fois, mais aucune des deux jeunes femmes n’a démordu de sa position.

Un avertissement

La témoin a raconté qu’elle s’inquiétait parce que l’EI est connu pour sa propagande sur l’internet et que des jeunes peuvent tomber dans le piège. Elle ne voulait pas que cela arrive à Sabrine.

Elle lui a d’ailleurs envoyé un avertissement par message texte. « Je lui ai dit de faire attention aux informations qu’elle prenait. Il y a n’importe quoi sur internet. Il y avait un mouvement et des jeunes se faisaient prendre. »

Elle l’a aussi enjoint à « faire attention à son entourage », notamment à El Mahdi Jamali.

Sabrine n’a pas apprécié. « Elle m’a dit que ce n’était pas du tout lui. Que c’est elle qui était curieuse. »

Les deux jeunes femmes ont eu une conversation subséquente lors de laquelle Sabrine paraissait « stressée ». « Elle m’a dit de prier pour elle. »

La témoin n’était pas la seule à s’inquiéter. Un soir où Sabrine n’est pas rentrée chez ses parents, deux sœurs de l’accusée sont débarquées chez elle « en état de panique ».

Ensemble, elles ont parlé de la curiosité démontrée par l’accusée pour la Syrie et de l’influence d’El Mahdi Jamali.

Sabrine n’a pas aimé : elle a mis fin à sa relation d’amitié avec la témoin.

La famille contre le mariage

Avant leur rupture amicale, l’accusée a eu le temps de confier à son amie qu’elle souhaitait se marier avec Jamali, mais que sa famille, son père surtout, s’y opposait. L’accusée aurait confié à la témoin vouloir aller de l’avant avec l’union coûte que coûte. Dans des échanges de textos avec la propriétaire de son logement, Sabrine Djermane affirme d’ailleurs qu’elle est mariée et qu’elle veut fuir ses parents.

Un long procès

Voilà plus de six semaines que le procès pour infractions terroristes de Sabrine Djermane et El Mahdi Jamali se déroule à Montréal. Mardi, un enseignant en soins infirmiers du collège de Maisonneuve est venu dire que Sabrine avait cessé de se présenter à ses cours et à ses examens lors de la session d’hiver 2015. Depuis hier, la propriétaire du logement loué par le couple regarde une à une des photos des objets saisis dans sa propriété pour confirmer qu’ils ne lui appartiennent pas.

Congrès de la Fédération des cégeps

Le réseau collégial subit encore les années de compressions

Québec — Les membres de la Fédération des cégeps ont beau être réunis en congrès sous le thème « 50 ans d’évolution », c’est plutôt l’immobilisme et les coupes budgétaires répétées que deux anciens directeurs de cette fédération ont dénoncés, hier.

« Une impossibilité de réfléchir à demain. » Pour Gaëtan Boucher, qui a été président-directeur général de la Fédération des cégeps de 1993 à 1999, c’est l’effet qu’ont eu les compressions successives sur le réseau collégial.

« Le gouvernement a décidé de réinvestir, mais la difficulté, c’est l’incertitude. Comment penser le futur ? On n’a pas de droits de scolarité, le financement fédéral est presque inexistant. Nos fondations ne sont pas significatives par rapport à celles des universités. Quand le gouvernement opère des compressions, ça fait véritablement mal », dit Gaëtan Boucher.

Le dirigeant de cette même Fédération de 2010 à 2015 fait un constat semblable. « Je n’étais plus capable d’entendre les ministres me dire : coupez dans la gestion, dans l’administratif, dit aujourd’hui Jean Beauchesne. Comme si ça ne servait pas au soutien à nos enseignants. Il y a eu des coupures draconiennes, ce n’est pas vrai que ça n’a pas affecté les services. »

« Je ne fais pas de politique en disant ça, poursuit-il. Tant le Parti québécois que le Parti libéral ont joué dans ce film, ils ont écrit ce scénario-là. »

L’actuel président-directeur général de la Fédération des cégeps estime lui aussi que les coupes ont eu des « effets dramatiques » sur les collèges de la province. « Je pense qu’on est passé très, très proche d’un éclatement du réseau, dit Bernard Tremblay. On nous a enlevé une capacité de développement. Notre ministère a été beaucoup affaibli, il faut qu’il soit fort pour accompagner son réseau, face aux autres ministères qui sont assez présents. »

un appel à plus de flexibilité

Puisque plus de 60 % des cégépiens concilient aujourd’hui travail et études, les collèges doivent s’adapter, notent par ailleurs les anciens présidents-directeurs de la Fédération.

« Les étudiants travaillent 20 heures par semaine. C’est beaucoup pour un étudiant à temps plein, dit Jean Beauchesne. Il faut que les cégeps soient aussi animés le soir que le jour pour permettre une formation plus éclatée que la formule traditionnelle. »

Il appelle à rouvrir les conventions collectives des enseignants pour pouvoir donner des prestations de service le soir ou la fin de semaine, par exemple.

Gaëtan Boucher croit non seulement qu’il faut adapter les conventions collectives et les cégeps à la réalité des élèves, mais il appelle également à discuter de la formation générale, sans pour autant remettre en doute son existence même.

« Il faut trouver moyen d’en parler, de débattre du contenu de la formation générale et de la manière dont nous enseignons dans nos établissements d’enseignement. Y’a pas un ministre qui veut aborder ça. Pourtant, le monde change, nos étudiants changent ! On peut-tu juste se poser quelques questions ? Est-ce que les cours que nous donnons, ce sont les bons, ou pas ? Toutes les fois où on a voulu en débattre, on a remis le couvercle sur la marmite. »

Santé

La maladie de Lyme gagne encore du terrain

La maladie de Lyme a encore gagné du terrain au Québec. Depuis janvier, le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) a recensé 259 cas, soit 80 cas de plus que l’année dernière. Et l’année 2017 n’est pas terminée. Parmi les 259 Québécois qui ont contracté la maladie cette année, 184 l’ont acquise ici même au Québec, selon le plus récent bilan partiel du MSSS, publié ce mois-ci sur son site internet.

EN PROGRESSION CONSTANTE

Cette maladie jadis considérée comme rare n’a pas fini de progresser, avertit la Dre Alejandra Irace-Cima, médecin-conseil à l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ). La maladie de Lyme se transmet à la suite de la morsure d’une tique porteuse de la bactérie Borrelia burgdorferi. « La tique avance lentement, mais sûrement sur le territoire québécois », précise la Dre Irace-Cima. En raison des changements climatiques, la tique a migré vers le nord. Elle parvient désormais à survivre et à se développer ici en raison des hivers doux qu’on a connus ces dernières années. L’installation de la tique dans quelques régions du sud de la province est sans doute responsable de l’augmentation du nombre de cas déclarés et d’une plus grande proportion de cas acquis localement, selon la médecin-conseil à l’INSPQ. D’ailleurs, un pic a été noté au mois de septembre au cours des dernières années.

PLUS DE RÉGIONS TOUCHÉES

La région de l’Estrie est toujours – et de loin – la plus touchée par la maladie (119 personnes l’ont contractée dans cette région), suivie par la Montérégie (80 personnes atteintes, dont 46 qui l’ont contractée dans la région). Or, le nombre de régions touchées a augmenté par rapport à l’an dernier, passant de cinq en 2016 à huit cette année. Alors que 31 Montréalais ont contracté la maladie de Lyme depuis le début de l’année, une seule personne l’a possiblement acquise dans la métropole. L’augmentation du nombre de cas s’explique aussi par le fait que la population est mieux informée des symptômes et les médecins, mieux outillés pour les reconnaître, affirme la Dre Irace-Cima.

DES SYMPTÔMES À NE PAS NÉGLIGER

Dans 70 à 80 % des cas, les gens présentent une rougeur de la peau qui dépasse 5 cm après quelques jours, généralement à l’endroit de la piqûre. D’autres symptômes comme de la fièvre, de la fatigue, des maux de tête, une raideur à la nuque et des douleurs musculaires et articulaires peuvent s’ajouter. Si la tique reste accrochée moins de 24 heures, le risque de transmission est faible. La maladie se soigne avec des antibiotiques. Non traitée, elle peut causer des lésions articulaires, cardiaques et neurologiques dans les semaines, voire les années qui suivent l’infection.

ENCORE DU CHEMIN À FAIRE

L’Association québécoise de la maladie de Lyme – qui regroupe des personnes malades, mais dont le diagnostic n’a pas nécessairement été reconnu au Québec – estime que la hausse du nombre de cas est une « bonne nouvelle dans un sens ». « J’ose espérer que les gens sont plus conscients des risques liés à la piqûre de la tique, vont consulter plus rapidement et que les médecins connaissent aussi mieux cette maladie », a indiqué sa présidente, Marguerite Glazer. Toutefois, des médecins qui travaillent dans certaines régions plus au nord de la province nient encore l’existence de la maladie dans leur région ou manquent de connaissances à ce sujet, déplore Mme Glazer.

Parc du Mont-Royal

Un « vélo fantôme » pour Clément Ouimet

Des cyclistes et des proches de Clément Ouimet se sont rassemblés tôt hier matin sur la voie Camillien-Houde pour commémorer la mort du jeune homme, survenue au début du mois d’octobre. Son vélo peint en blanc, le « vélo fantôme », a été accroché sur le lieu exact de l’accident. Clément Ouimet a été tué après qu’un automobiliste eut fait demi-tour, manœuvre pourtant interdite dans la côte. « Pour nous, c’était nécessaire. C’était extrêmement important de poser un geste en tant que cyclistes et amis », a affirmé Gabrielle Anctil, organisatrice de l’événement. Quelques dizaines de personnes ont assisté à la cérémonie. « Nous sommes ici au cœur du magnifique parc du Mont-Royal, a-t-elle continué. Il est impensable que l’on puisse y mourir. Comment se fait-il qu’on accepte qu’il soit traversé par une route aux allures d’autoroute ? » — Philippe Teisceira-Lessard, La Presse

Cour suprême

Rejet d’un projet de loi sur le bilinguisme des juges

Les futurs juges de la Cour suprême n’auront pas l’obligation d’être bilingues. Une majorité de libéraux a voté contre un projet de loi visant à ajouter ce critère à la nomination des juges. Ils avaient pourtant appuyé un projet de loi similaire lorsqu’ils étaient dans l’opposition. Le projet de loi C-203 du néo-démocrate François Choquette a été défait par 224 députés, alors que 65 ont voté pour, hier soir. Un groupe de députés libéraux d’arrière-ban a voté avec le Nouveau Parti démocratique (NPD) et contre leur gouvernement. Le projet de loi visait à rendre obligatoire la compréhension du français et de l’anglais sans l’aide d’un interprète comme condition pour les nominations de juges à la Cour suprême. Les libéraux qui ont voté contre estiment que l’ajout de ce critère nécessiterait un amendement constitutionnel. Le gouvernement Trudeau s’est déjà engagé à nommer des juges bilingues au plus haut tribunal du pays, mais il n’a pas l’obligation de le faire en vertu de la loi.

— La Presse canadienne

Procès pour meurtre d’Ahmad Nehme

Le jury entame les délibérations

Le jury a commencé ses délibérations hier après-midi au procès pour meurtre d’Ahmad Nehme, accusé d’avoir tué sa femme Catherine de Boucherville en juillet 2012 dans l’arrondissement de LaSalle, à Montréal. Le jury peut prononcer plusieurs verdicts, dont la non-responsabilité criminelle dans la mort de Catherine de Boucherville pour cause de troubles mentaux. Le jury doit juger que l’accusé souffrait probablement d’une maladie mentale au moment du drame, au point d’être incapable de juger du bien et du mal. Dans le cas contraire, les jurés devront déterminer si, au moment de poignarder sa femme à une quinzaine de reprises dans la salle de bains de la résidence familiale, Ahmad Nehme s’est rendu coupable de meurtre prémédité, de meurtre non prémédité ou d’homicide involontaire. L’intention de tuer et le degré de préméditation du geste permettront de trancher entre les trois verdicts. Ils doivent arriver à une décision unanime. — Louis-Samuel Perron, La Presse

Rapport du BST sur la mort de Bob Bissonnette

L’altitude et la vitesse de l’hélicoptère en cause

Un vol à basse altitude et la vitesse ont causé l’accident d’hélicoptère qui a coûté la vie à l’ex-hockeyeur et chanteur Roberto Bissonnette en septembre 2016, au Nouveau-Brunswick, selon le rapport d’enquête du Bureau de la sécurité des transports du Canada (BST) dévoilé hier. Les enquêteurs du BST ont déterminé que l’hélicoptère est entré en collision avec des lignes de transport d’électricité alors qu’il volait le long de la rivière Restigouche, près de Flatlands. L’aéronef aurait sectionné les lignes de transport et subi des dommages catastrophiques avant de s’écraser dans la rivière. Le pilote Frédérick Décoste a également perdu la vie dans l’accident survenu le 4 septembre 2016 en après-midi. Puisqu’il volait à basse altitude et à une certaine vitesse, tout porte à croire qu’il n’aurait pas eu le temps de voir les lignes électriques avant de les percuter. Le BST rappelle d’ailleurs que les vols à basse altitude sont très risqués, surtout lorsqu’aucun vol de reconnaissance n’est effectué et que la planification avant le vol n’est pas complète. — La Presse canadienne

Rectificatif 

Livraison du pont Champlain

La date de livraison prévue du nouveau pont Champlain est le 1er décembre 2018, et non le 1er septembre 2018, comme il était écrit en exergue d’un texte paru hier dans La Presse+. Nos excuses.

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.