Entrevue avec Patrick Leduc

« J’amène un regard différent »

Nommé directeur administratif des opérations de soccer le mois dernier, Patrick Leduc a déjà pris le temps de se familiariser avec quelques dossiers. Il est entré en scène ces derniers jours dans le cadre du repêchage à Chicago. « Je suis très content d’être avec l’Impact. Je sens que l’on veut travailler ensemble et amener l’équipe dans les meilleures conditions pour qu’elle ait une bonne saison », confie-t-il en entrevue.

Quels dossiers as-tu déjà commencé à explorer ?

J’ai tout d’abord rencontré les gens avec qui je vais travailler afin de comprendre ce qui a été fait avant. Par exemple, concernant la première équipe, je me suis assis avec le gérant Daniel Pozzi pour finaliser les derniers détails du camp d’entraînement. On a regardé ce qu’on a fait par le passé et comment on va faire cette année. Avec Philippe Eullaffroy, on a travaillé sur ce que l’Académie a fait dans les dernières années et on a déjà commencé à préparer l’année qui s’en vient. Finalement, j’ai discuté avec Pierre Robert à propos des changements qu’on apporte à l’intérieur du Centre Nutrilait. J’avais fait la visite guidée du Centre, mais je dois avouer que c’est encore plus grand que dans mon souvenir.

Ton travail n’est pas facile à résumer et comporte plusieurs volets importants. N’as-tu pas peur de t’éparpiller ?

Non, parce que les quatre gros chantiers sont quand même assez clairs. Il y a une personne qui est responsable de chacun des dossiers et je supervise un peu tout ça. Je veux faire le pont entre chacune de ces unités. Par exemple, il y a déjà une proximité entre la première équipe et l’Académie, […] mais ça prend un soutien au club pour faciliter la transition des joueurs et identifier un peu ce qui s’en vient. Je suis là pour m’assurer qu’il y ait une discussion constante entre la première équipe et l’Académie.

Je vais aussi suivre la progression des joueurs prêtés au Fury d’Ottawa. Quels sont ceux qui cadrent le mieux à Ottawa et quels sont ceux qui cadrent le mieux avec notre équipe ? Il faut que ce soit gagnant-gagnant parce qu’on ne peut pas imposer à Ottawa d’aligner nos joueurs.

Dans la conférence de presse annonçant ton arrivée, tu as abordé la relation entre l’Impact et les autres acteurs du soccer. Peux-tu nous en dire plus ?

Il y a des projets sur lesquels on travaille et j’espère qu’on pourra faire une annonce officielle dans les prochains mois. Ça pourrait être un partenariat sous une nouvelle forme qui permettrait à l’Académie d’élargir son réseau et d’être plus présente. C’est tout le Québec qui devrait bénéficier de l’expertise dans l’Académie du club. Nous, on y gagnerait un meilleur réseau et une base plus solide. 

J’aimerais qu’on tende la main à la Fédération et je ne pense pas qu’elle va dire : « L’Impact, vous pensez que vous êtes meilleurs que nous. » Il y a déjà eu dans le passé des réactions de froid entre les organisations. On doit passer par-dessus ça, car c’est pour le bien du soccer que l’Impact est là. Et nous, on a besoin de tout le monde. On a des idées, on est dans un échange et on a commencé des discussions.

Depuis son entrée en MLS, l’Impact n’a jamais été aussi suivi qu’en 2016 [l’Impact avait atteint la finale d’association]. Pour exister dans le paysage, l’Impact est-il encore condamné à gagner ou à recruter une grande vedette à la Didier Drogba ?

Ce n’est pas nécessaire d’avoir une vedette de ce style pour que l’Impact ait du succès ou une place plus importante. La victoire, par contre, est très importante. C’est un véhicule. Qu’on soit dans l’équipe ou derrière l’équipe, on veut tous que l’Impact gagne et il y a plus qu’une façon de le faire. Si tu regardes qui a eu du succès en MLS l’an dernier, il y a un seul demi-finaliste, Atlanta, qui a des joueurs désignés et un entraîneur sur lesquels on a investi de manière très importante.

Les autres possèdent des budgets plus modestes avec des joueurs formés dans leur Académie. C’est le cas des Red Bulls de New York. Leur modèle, même celui d’Atlanta d’ailleurs, n’est pas d’aller chercher une vedette en fin de carrière. L’Impact a son propre modèle avec un joueur désigné fantastique depuis son arrivée et un entraîneur qui a une vision beaucoup plus claire de ce qu’il veut sur le terrain. On a vu une progression en deuxième moitié de saison 2018 et on espère que ça va continuer en 2019.

Qu’as-tu appris de tes années dans le milieu médiatique et comment cette parenthèse t’aidera-t-elle dans ton travail ?

J’ai pu observer beaucoup de choses, écouter l’opinion de plein de gens différents et avoir une perception de l’extérieur. Ce n’est pas mauvais parce que j’amène un regard différent. C’est plutôt un atout pour moi. On a fait des petites blagues sur le fait que j’ai été critique durant cette période. Mais c’était parce que ce qui se passait à l’Impact était important pour moi. Je voulais essayer de provoquer une réflexion. Ce que j’ai intégré dans les sept dernières années, ça ne peut que m’aider à avoir des idées différentes. On va maintenant tenter de les harmoniser avec ce qui se fait déjà.

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