Hockey Repêchage 2016

Le jeu des comparaisons

PIERRE-LUC DUBOIS ET JULIEN GAUTHIER

Un peu comme ceux d’Éric Chouinard et de Simon Gagné en 1998, Nathan MacKinnon et Jonathan Drouin en 2013, les destins de Pierre-Luc Dubois et de Julien Gauthier pourraient être intimement liés au cours des prochaines décennies.

Dubois, des Screaming Eagles du Cap-Breton, et Gauthier, des Foreurs de Val-d’Or constituent de loin les deux meilleurs espoirs québécois du prochain repêchage. Les deux jouent à l’attaque, possèdent un gabarit impressionnant et pourraient être repêchés parmi les douze premiers.

Ils ne pourront éviter le jeu des comparaisons au cours des prochaines années.

Le Canadien étudiera sans doute à fond la candidature de ces deux jeunes hommes afin de ne pas louper une future vedette québécoise, ou encore pour choisir le meilleur des deux.

Gauthier, le marqueur-né, 6 pieds 4 pouces, 224 livres et beaucoup de fougue, est le neveu de l’ancien hockeyeur devenu analyste à RDS, Denis Gauthier. Son père, Martin, a terminé deuxième au concours Monsieur Univers en 1984.

Dubois, 6 pieds 3 pouces et 200 livres, est le fils d’Éric Dubois, ancien choix au repêchage des Nordiques de Québec devenu entraîneur dans la LHJMQ. Il était le coach des Drakkar de Baie-Comeau lors du tournage du documentaire Junior, diffusé en 2008. Dubois a 75 points, dont 32 buts, en 53 matchs à Cap-Breton.

Julien Gauthier, qui a 36 buts et 10 passes en 41 matchs à Val-d’Or, a reçu plus de publicité jusqu’ici en raison de sa participation au Championnat mondial junior. Mais il est né neuf mois avant Dubois et a raté le repêchage de 2015 par quelques semaines seulement, étant né en octobre. Un facteur qui sera sans doute soupesé par les recruteurs.

PIERRE-LUC DUBOIS

« Se tailler un poste au sein de l’équipe canadienne junior à seulement 17 ans aurait constitué tout un exploit pour Pierre-Luc, parce qu’ils ne les gardent pas à un si jeune âge, plaide son entraîneur chez les Screaming Eagles, Marc-André Dumont. Il a quand même été sérieusement envisagé après ses performances à la Coupe du monde des moins de 18 ans en août avec l’équipe du Canada, où il a été nommé joueur du match lors de la finale pour l’or. »

« Pierre-Luc peut jouer à toutes les positions, poursuit Dumont, au centre comme à l’aile droite ou à l’aile gauche. En jouant au centre, il va distribuer la rondelle davantage et il va être plus impliqué dans les situations défensives. Par contre, à l’aile, il est plus menaçant en entrée de zone. Il y a des avantages à toutes les positions. »

Marc-André Dumont affirme que la passion de son joueur pour le hockey dépasse les normes. « La passion de Pierre-Luc se rapproche beaucoup de celle de Claude Giroux à Gatineau. Il se met énormément de pression, parfois trop. De sorte qu’à l’occasion, comme il est très exigeant envers ses coéquipiers et lui-même, il peut devenir émotif. Mais c’est plus facile de diriger un cheval qui file à 100 milles à l’heure que de fouetter un cheval qui ne veut pas avancer. »

JULIEN GAUTHIER

Gauthier est plus unidimensionnel, mais il possède l’art, plutôt rare, de marquer des buts de toutes les façons.

« Julien a beaucoup de buts à sa fiche et pas beaucoup de passes, mais est-ce que je peux être insatisfait ? demande son entraîneur chez les Foreurs, Mario Durocher. Il est en pleine confiance, il fonce au filet et il la “met dedans”. Il excelle à se poster devant le filet en supériorité numérique pour voiler le gardien et prendre des retours. »

Mais il reste plusieurs détails à peaufiner, selon son coach. « C’est bon signe qu’il ait encore des choses à améliorer. C’est un bon élève qui veut apprendre et progresser.

« Sur le plan physique, c’est déjà un homme. Son coup de patin est fluide et son tir puissant. Il doit améliorer sa compréhension du jeu, les petits détails de la game, ses sorties de zone, son jeu en territoire défensif. Il protégeait bien la rondelle au Championnat du monde et ça me démontre qu’il est prêt à jouer “en haut”. »

Mario Durocher dresse un parallèle entre Gauthier et le choix de première ronde des Red Wings de Detroit en 2013, Anthony Mantha, qu’il a également dirigé. Mantha connaît une bonne saison à Grand Rapids, avec 33 points en 43 matchs.

« Anthony Mantha est revenu transformé de son premier camp à Detroit et il a commencé à foncer au filet, plutôt que de rester en périphérie comme il le faisait l’année d’avant. Julien fonce déjà au filet. Anthony avait une meilleure prise de décision, mais Julien va s’améliorer à ce chapitre. »

GAUTHIER C. DUBOIS

Quelle comparaison Mario Durocher fait-il entre Gauthier et Dubois ? « Julien est plus puissant, mais Pierre-Luc a une compréhension du jeu plus élevée que Julien. »

« Julien Gauthier, c’est ton gros compteur en supériorité numérique, renchérit Marc-André Dumont. Mais dans six ans, Pierre-Luc aura peut-être le même nombre de buts que lui dans la Ligue nationale et il peut aussi fabriquer des jeux avec aisance. C’est un joueur complet, assez explosif pour devenir un marqueur de premier plan dans la Ligue nationale. J’aime la comparaison avec Patrice Bergeron au chapitre de la compréhension de jeu et de l’efficacité. »

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