Soccer féminin

« Des modèles pour nos jeunes joueuses »

Dans la foulée de l’année du soccer féminin, en 2015, la Fédération de soccer du Québec a inauguré un programme de développement des entraîneurs féminins (PDEF). La responsable du développement féminin à la FSQ, Jessica Silva, explique les bienfaits d’une telle initiative, ainsi que ses objectifs à long terme.

Comment est venue l’idée de créer un tel programme ?

2015 était l’année du soccer féminin au Québec et l’une des actions était d’engager une personne responsable du secteur. Lors de ma première année, on a fait beaucoup de réflexion, d’analyses et on a mis en place un groupe de travail féminin. On s’est informés auprès de l’ACS (Association canadienne de soccer) et de la FIFA, avec qui j’ai fait deux stages par la suite. La FIFA avait établi quatre axes de travail pour l’Amérique du Nord et le premier concernait le développement des entraîneurs. On l’a priorisé et on s’est dit que si on formait de meilleurs entraîneurs, chacun d’entre eux allait affecter positivement de 12 à 16 joueuses.

Comment se déroule le programme ?

Chacune des femmes qui entre dans le secteur compétitif, à partir de la Licence C jusqu’à la Licence B provinciale, va avoir un tuteur mandaté par la Fédération. On s’assure de leur offrir des séances de tutorat avec des groupes de travail allant de quatre à six femmes. Elles peuvent se créer un nouveau réseau avec d’autres femmes qui sont dans le milieu du sport et qui vivent la même situation. Le tuteur, qui donne les formations, est complètement formé par l’ACS. On donne également huit séminaires gratuits, à travers la province, avec l’objectif de couvrir tout le Québec. Ces séminaires, durant lesquels on fait des séances typiques de Licence C, sont ouverts à tout le monde.

Quel bilan tirez-vous de la première année d’existence du PDEF ?

On est très satisfaits avec 70 % des femmes qui ont réussi leur formation. C’est un chiffre très élevé par rapport au taux de réussite habituel. Mais on avait une bonne année avec de nombreuses anciennes joueuses qui avaient quand même beaucoup d’expérience.

Quelle est l’importance des entraîneuses au Québec ?

C’est comme au niveau des inscriptions féminines, on est en mode maintenance. Ça veut dire qu’on a le même nombre d’entraîneurs féminins, d’année en année, mais il y a un problème de rétention. Beaucoup de femmes vont et viennent à l’intérieur de nos programmes.

Comment peut-on expliquer cette situation ?

Une femme veut une famille et va prioriser sa vie familiale ou sociale, tandis qu’un homme a plus tendance à rester impliqué dans le sport. Cela étant dit, je pense que la tendance grandit. De plus en plus de femmes s’impliquent dans le sport de leurs enfants parce que notre société est de plus en plus sportive.

Où voyez-vous ce programme, dans quelques années, et comment voyez-vous l’évolution de la formation des entraîneurs féminins ?

Ayant fini ma formation en France et ayant eu l’expérience des deux dernières années avec les femmes, j’aimerais qu’on ait plus d’entraîneurs féminins. Mais il ne s’agit pas d’avoir seulement des femmes sur le terrain, il faut qu’elles soient qualifiées et qu’elles puissent animer de bonnes séances. Par la suite, il faut qu’elles soient des modèles pour nos jeunes joueuses. L’objectif est d’avoir des modèles pouvant démontrer qu’une femme peut être une leader dans son sport et d’avoir une présence, que ce soit en tant qu’entraîneur ou thérapeute. Il y a beaucoup de femmes qui jouent au soccer au Québec maintenant, il faut savoir comment on les garde impliquées et comment on leur démontre qu’une carrière est possible. Très peu de femmes ont des carrières à temps plein dans le soccer et je me trouve vraiment chanceuse d’en avoir une.

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