Ora Sound

Un matériau révolutionnaire pour les haut-parleurs du futur ?

Découvert en 2004, ce qui a mené à l’octroi d’un prix Nobel de physique en 2010, le graphène est un matériau aux propriétés presque irréelles, mais aux applications concrètes encore peu visibles. Ora Sound, une jeune entreprise montréalaise, tente de révolutionner l’industrie du haut-parleur en s’appuyant sur lui.

Même s’il est 1000 fois plus léger que le papier tout en étant 200 fois plus rigide que l’acier, entre autres propriétés étonnantes, le graphène est encore très peu utilisé dans des produits commerciaux, notamment en raison de son coût et de la difficulté à le mouler.

En se fondant sur une technique mise au point à l’Université McGill, Ora Sound a conçu le GrapheneQ, un matériau constitué à 95 % de graphène, et tente de lui trouver un marché dans le domaine de l’audio.

Plus précisément, l’entreprise utilise son matériau pour fabriquer des membranes, soit la partie amovible en forme de cône qui crée les ondes sonores en se déplaçant.

« Le saint Graal d’un haut-parleur, c’est d’être à la fois très rigide et très léger. Le graphène nous donne ça. »

— Ari Pinkas, l’un des trois cofondateurs d’Ora Sound

La forte rigidité de la membrane l’empêche de se déformer lors des mouvements de va-et-vient. Il en résulte quelques avantages, a priori sur la qualité sonore. Placée dans un haut-parleur existant, cette membrane permet aussi de réduire de 70 % sa consommation d’énergie.

Consommateurs et entreprises

Ora Sound lance aujourd’hui une campagne de sociofinancement sur le site Kickstarter pour vendre des écouteurs intégrant cette technologie. Mais de l’avis même de M. Pinkas, ce n’est pas tellement là que l’avenir de l’entreprise, issue de l’incubateur montréalais TandemLaunch, va se jouer.

« Nous avons participé au dernier Consumer Electronics Show (CES) et nous avons été bombardés de requêtes de fabricants de téléphones intelligents, de tablettes, etc. »

En adoptant leur technologie, ces fabricants bénéficieraient de deux options : réduire la taille des haut-parleurs en conservant la même puissance ou multiplier leur puissance par quatre dans le même format. À l’heure où l’audio occupe de plus en plus d’attention dans les appareils mobiles, l’intérêt est palpable.

« Les concepteurs de casque d’écoute sont plus ou moins intéressés, parce que ça se joue plus sur le marketing dans ce domaine », indique M. Pinkas.

« La compétition est très féroce dans les appareils mobiles et tout le monde cherche une façon de se distinguer. »

— Ari Pinkas, l’un des trois cofondateurs d’Ora Sound

L’entreprise dit être courtisée de partout depuis le CES. Elle a signé quelques ententes permettant à de grands manufacturiers de tester son produit. Elle crée pour eux des échantillons de membranes destinées à remplacer celles de leurs produits actuels, à des fins d’essais. Outre les téléphones et les tablettes, on réclame des essais dans des assistants auditifs, des montres, des téléviseurs, des jouets ou des haut-parleurs intelligents.

« On se sent comme la nouvelle jolie fille du village, tout le monde veut un rendez-vous », décrit M. Pinkas.

Encore un peu de travail

Sur Kickstarter, Ora Sound promet une livraison de ses propres écouteurs en mars 2018. La technologie elle-même est prête, explique Robert-Eric Gaskell, un autre cofondateur de l’entreprise et inventeur de la technologie.

Les mois avant l’échéance promise serviront principalement à accomplir deux tâches. La première, assez simple, sera de peaufiner la conception du casque entourant les haut-parleurs eux-mêmes. La deuxième sera de développer le processus de fabrication afin qu’elle puisse se faire à grand volume.

Dans les deux cas, les travaux vont bon train, assure-t-on. Pour la fabrication, on cherche notamment à l’optimiser pour qu’elle puisse être réalisée dans les mêmes usines qui fabriquent déjà d’autres types de membranes pour haut-parleurs.

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